Quand le réchauffement climatique pèse sur la notation de la dette souveraine

Farming | Agriculture 24/05/2023

La crise de l’eau en Inde est encore exacerbée par le réchauffement climatique. Une situation qui pourrait devenir néfaste pour sa dette, selon Moody’s. Une mise en garde hautement symbolique, qui peut aussi faire écho en Europe.

Le réchauffement climatique menace l’humanité sous bien des égards. Un nouveau risque commence à apparaitre : les aléas climatiques, comme la sécheresse, peuvent peser sur la notation de la dette souveraine d’un pays. Il existait déjà des appels et initiatives scientifiques pour inclure les risques climatiques dans ces notations, mais c’est désormais Moody’s, une des trois grandes agences de notation, qui l’indique.

Crise de l’eau

Direction l’Inde où il y a une véritable crise de l’eau, avec des pénuries de l’or bleu. Et elle ne va qu’en s’intensifiant, car l’économie croît rapidement et de nombreuses entreprises sont gourmandes en eau. Les catastrophes naturelles ou climatiques, aggravées par le réchauffement climatique, n’aident pas – cette année par exemple, une importante vague de chaleur a déferlé sur le pays.

“Cette situation est préjudiciable à la santé du crédit de l’État souverain, ainsi qu’aux secteurs fortement consommateurs d’eau, tels que les producteurs d’électricité à partir du charbon et les sidérurgistes”, explique Moody’s dans une note, consultée par Reuters. “La diminution de l’approvisionnement en eau peut perturber la production agricole et les activités industrielles, entraînant une inflation des prix des denrées alimentaires et une baisse des revenus pour les entreprises et les communautés touchées, tout en provoquant des troubles sociaux.” Pour l’agence, cette situation devrait alors exacerber la volatilité de la croissance.

Elle ajoute que des investissements dans la gestion de l’eau peuvent aider à réduire les risques de pénuries. Les pouvoirs locaux et les entreprises peuvent également se tourner vers les marchés financiers durables pour lever des fonds.

Malgré sa mise en garde, Moody’s ne change pour l’instant ni sa note ni ses perspectives : elles restent à Baa3 et “stables”.

Ce que cela veut dire pour l’Europe

Mais même si elle ne change pas sa notation, cette mise en garde est hautement symbolique. Le réchauffement est de plus en plus un risque. Et tout en essayant de limiter le réchauffement climatique, il faut en tenir en compte, s’y préparer ou s’adapter sinon la note de crédit d’un pays pourrait être dégradée. Et cette dégradation pourrait être le début d’un cercle vicieux : avec une note moins bonne, les intérêts demandés sur le marché financier augmentent. Financer la lutte contre le dérèglement climatique et l’adaptation devient donc plus cher et les pays concernés pourrait être contraints de revoir les investissements… ce qui pourrait aggraver la situation climatique et amener une nouvelle dégradation de la note.

Cette mise en garde pourrait également résonner en Europe. Nous sommes encore loin de la situation que connaît l’Inde certes, mais ces dernières années, il y a eu de nombreux épisodes de sécheresse. Ils ont impacté l’économie, créant notamment des retards dans le transport fluvial, ou réduisant la production agricole. D’autres catastrophes naturelles et climatiques (comme trop de pluie et des inondations, ou encore des vagues de chaleur), sont aussi un risque. Avec le réchauffement climatique, les extrêmes devraient devenir plus extrêmes.

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