Une pilote de démonstration de l’US Air Force venue des États-Unis, la major Kristin Wolfe, a donné vendredi un avant-goût de l’avenir de l’aviation de combat belge, lors d’une présentation d’un F-35A Lightning II, la future monture des pilotes de chasse de la Force aérienne à partir de l’an prochain.
La major Wolfe – alias “Beo”, son “nickname” (surnom) – a effectué devant quelques journalistes, dans le ciel de Hechtel-Eksel (Limbourg), une répétition de la présentation qu’elle donnera samedi et dimanche lors de la 43e édition du meeting annuel organisé par l’aéro-club Sanicole. Elle est la première femme pilote de démonstration de l’US Air Force et présente le F-35A depuis 2019 lors de vingt à 25 “air shows” par an, pour la plupart aux Etats-Unis.
C’est la première fois en trois ans qu’elle se produit dans un meeting international, a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse. Elle appartient au 388th Fighter Wing basé à Hill Air Force Base, dans l’Etat américain d’Utah (ouest des Etats-Unis), mais a effectué sa présentation avec un F-35 provenant du 48th Fighter Wing basé à Lakenheath (Royaume-Uni).
Elle a, lors de la répétition d’une vingtaine de minutes, montré la puissance et la maniabilité du F-35, un avion de combat furtif de cinquième génération dont la Belgique a commandé 34 exemplaires fin 2018. “Certaines manoeuvres sont effectuées sous (un facteur de charge de) 9G” – ce qui signifie que le pilote pèse neuf fois son poids -, a indiqué la major Wolfe.
Durant les virages les plus serrés, le F-35 se retrouve entouré d’un nuage de vapeur, du à la condensation qui se forme autour du fuselage ou sur les ailes si l’air est humide, comme c’était le cas vendredi après-midi. La major Wolfe a terminé sa démonstration par quelques passages en formation avec un chasseur mythique de la Seconde Guerre mondiale, le P-51D Mustang du “Heritage Flight” de l’US Air Force, qui sera également de la partie samedi et dimanche à Sanicole.
Le directeur du programme F-35 au sein de l’état-major de la Défense, le colonel Nico “Nickel” Claessens, a pour sa part détaillé vendredi les prochaines échéances préalables à l’arrivée des premiers Lightning II à Florennes, en principe au printemps 2025. La construction des deux premiers F-35A belges a commencé par l’assemblage des premiers éléments au sein de l’usine de l’entreprise italienne Leonardo, un partenaire industriel du programme F-35, à Cameri (nord de l’Italie).
Une fois complets, ces éléments – l’aile centrale et les caissons externes de voilure – seront transportés à l’usine principale du groupe Lockheed Martin à Fort Worth, dans l’État américain du Texas, où tous les F-35A belges seront construits à un rythme d’environ quatre par an. Ils seront immatriculés de FL-01 à FL-34. Le premier vol de l’appareil tête de série devrait intervenir fin 2023, a indiqué le colonel Claessens.
Mais les huit premiers F-35 resteront stationnés aux États-Unis, à Luke Air Force Base, près de Phoenix, en Arizona, pour la formation initiale d‘une trentaine de pilotes et des mécaniciens à partir de début 2023. Ce ne sera qu’en 2025, en principe en avril, que les quatre premiers appareils sont attendus sur la base aérienne de Florennes, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Le gouvernement belge a acheté en octobre 2018, à l’issue d’une compétition à laquelle n’a participé que l’Eurofighter – construit par un consortium rassemblant le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie -, 34 F-35, pour un montant de 3,8 milliards d’euros. Il faudra ajouter à ce montant les 238 millions d’euros prévus dans le plan STAR approuvé en juin dernier par l’actuel gouvernement, pour la poursuite du développement des capacités du F-35 au cours de la période 2031-2035.
Les travaux de construction d’une infrastructure ultra-moderne et sécurisée dédiée au F-35 ont débuté à Florennes, a ajouté le colonel Claessens. Au total, les deux complexes à bâtir à Florennes et Kleine-Brogel coûteront quelque 600 millions d’euros. Le contrat a été attribué en avril dernier à un consortium belgo-néerlando-américain rassemblant l’entreprise belge Jan De Nul nv, en collaboration avec les agences de design néerlandaise – mais avec une branche belge – Arcadis et américaine Burns&McDonnell.