Zwijndrecht: cette pollution que personne n’a voulu voir

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En 2004, les concentrations en PFOS détectées dans le sang de mulots autour de l’usine 3M de Zwijndrecht constituaient déjà un record du monde. Mais à l’époque, cela n’avait troublé personne…

Il y a un mois, personne ne savait ce qu’étaient des PFOS, ces dérivés de l’acide perfluorooctanesulfonique utilisés comme agents imperméabilisants par de nombreuses entreprises. Aujourd’hui, ils risquent de provoquer une crise majeure en Flandre. Tout a commencé avec les travaux du contournement d’Anvers et la “découverte”, à Zwijndrecht, de sols pollués aux PFOS.

S’en est suivi un débat houleux au Parlement flamand au cours duquel Zuhal Demir, ministre régionale de l’Environnement, a surpris majorité et opposition en suggérant l’instauration d’une commission d’enquête parlementaire. Une proposition qui a suscité des remous, notamment au sein du CD&V puisque c’est ce parti qui, de 2004 à 2019, a détenu sans interruption ledit ministère. Or, les questions sans réponse s’accumulent.

Officiellement, l’abandon par 3M de la production de PFOS en 2000 n’avait “rien à voir avec la santé”. Puis est venue l’étude de 2004 et la proposition, rejetée alors par l’échevin de l’Environnement de Zwijndrecht, d’analyser non seulement le sang des mulots mais aussi celui des habitants. Ephémère ministre de l’Environnement, Jef Tavernier (Groen) estimait d’ailleurs lui aussi inutile d’investir dans pareilles études.

Pourtant, en 2008, des eaux souterraines de Zwijndrecht étaient déclarées impropres à la consommation et quatre ans plus tard, un doctorant anversois découvrait que les oeufs pondus dans la commune dépassaient de trois fois le taux de PFOS autorisé…

Cette cécité collective pose deux fois problème. D’abord parce qu’elle entame la crédibilité de l’Ovam, l’organisme régional qui étudie les sols en question depuis 2006, et qui tente de se défendre en expliquant que les normes de l’époque ne sont pas celles d’aujourd’hui. Mais cette cécité met aussi en péril la poursuite des travaux de l’Oosterweel, ce “chantier du siècle” qui doit permettre de contourner Anvers mais a déjà subi, dès avant son démarrage, d’immenses retards.

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