Yvan Verougstraete: “Le clivage MR-PS à Bruxelles? C’est con, il est minuit moins cinq”
Dans notre Trends Talk, le député européen et vice-président des Engagés lance un appel aux négociateurs du PS à Bruxelles et espère que Bart De Wever sera à la hauteur du projet fédéral. “Parfois, la fonction fait l’homme”.
Yvan Verougtraete, député européen, vice-président des Engagés et ancien CEO de Medi-Market, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. L’occasion d’évoquer une actualité dense, du changement de groupe de son parti au parlement européen aux difficiles négociations bruxelloises en passant par l’inquiétude sur la politique française et la perspective de voir Bart De Wever devenir Premier ministre.
Face à l’extrême droite, “un projet porteur pour tous”
Les élections françaises inquiètent l’Europe avec l’arrivée possible du Rassemblement National au pouvoir et le front républicain qui se met en place. Son sentiment? “Le réveil sonne, mais la réalité, c’est que cette problématique est là depuis longtemps, dit-il. Dans cinq des six pays fondateurs de l’Europe, un parti d’extrême droite est arrivée en tête aux dernières élections, que ce soit en Allemagne, en Hollande, en Flandre, en Italie ou en France. C’est le symptôme de quelque chose de plus profond et nous, en tant que responsables politiques, avons une responsabilité.”
L’enjeu? “Comment réussira-t-on à construire un discours qui n’est pas toujours en opposition ou en critique, mais où on essaie d’emmener tout le monde pour l’intérêt général. On doit arrêter d’opposer une partie de la population à une autre pour essayer d’amener tout le monde vers un projet où tout le monde fait sa partie d’effort. C’est la seule façon de sortir la maison Belgique et la maison Europe vers le haut.”
En Belgique, Bart De Wever est préformateur d’une coalition Arizona réunissant N-VA, CD&V, Vooruit, MR et Engagés. Peut-il être l’homme de la situation? “Parfois, la fonction fait l’homme. J’espère que Bart De Wever aura cette envie d’être à la hauteur d’un projet de société qui parle à l’ensemble des Belges et qui leur donne envie de se mouiller pour cela. C’est comme Ursula Von der Leyen à la Commission européenne, il faut juger les hommes et les femmes avec les projets qu’ils portent, pas avec le passé.”
Si on ne fait pas cela, les extrêmes continueront à croître, appuie-t-il.
“Le clivage à Bruxelles? C’est con!”
En Région bruxelloise, les négociations sont à l’arrêt entre MR et PS. Le vice-président des Engagés, troisième parti de la future coalition, lance un appel: “On sait que la situation budgétaire à Bruxelles est encore plus fragile que dans le reste du pays. Je ne peux que faire un appel aux femmes et aux hommes politiques d’Etat du PS pour porter un projet sur Bruxelles. Nous n’avons pas la volonté d’avoir un projet qui fait mal à une partie de la population, vraiment pas.” C’est urgent, clame-t-il.
“Si on ne porte pas un projet avec tous les démocrates, nous serons en danger”, insiste-t-il. Le clivage entre libéraux et socialistes? “C’est con! Ce dont on parle, c’est la façon dont on vit ensemble. Que l’on soit de droite ou de gauche, on s’en fout complètement. Il est minuit moins cinq.”
“Il faut plus d’Europe”
Pour le reste, Yvan Verougstraete est un homme heureux après la victoire des Engagés lors des élections du 9 juin dernier. “Certains n’y croyaient pas, mais nous avons fait le double du score auquel nous étions quand je suis arrivé, dit-il. C’est gagné le droit de jouer, mais j’ai surtout un grand sentiment de responsabilité. J’ai l’espoir de faire évoluer les choses.”
Son arrivée au parlement européen a déjà été marquée par le changement, puisque les Engagés sont passés du Parti populaire européen à Renew. “Nous sommes passés des très conservateurs aux centristes, résume-t-il. Le PPE est devenu de plus en plus conservateur et mes prédécesseurs s’étaient régulièrement démarqué dans leur façon de voter. Ma conviction était qu’il fallait nous réaligner au niveau programmatique.” Au sein de Renew, dit-il, il y a plus de cohérence au niveau de l’immigration, de l’environnement ou du fonds de soutien pour les entreprises.
Son credo: l’ Europe doit être un bouclier qui protège les citoyens, les entreprises, les agriculteurs, la planète. “Nous avons besoin de plus d’Europe, d’une Europe plus efficace et plus autonome.” Un entrepreneur peut mesurer mieux que quiconque la façon dont on appréhende la compétition avec le Etats-Unis ou la Chine, dit-il.
Un Trends Talk dense, à ne pas manquer.
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