Le patron français de Free a tenté d’élargir sa participation dans l’entreprise publique, mais le gouvernement De Wever freine. Trop tôt pour envisager remettre, il faut consolider d’abord. Le tout sur fond de grandes manoeuvres dans les télécoms français.
Xavier Niel, CEO de Free et milliardaire français à l’appétit dévorant, envisage bel et bien de reprendre Proximus. Ce week-end, il a retrouvé un tweet datant… d’août dernier pour confirmer sa prétention.
Un prénommé Hassan s’exclame: “Il nous faut un Xavier Niel en Belgique, marre de payer MINIMUM 35 euros/mois pour internet basique”. Réplique de Xavier Niel: “Moi, je suis chaud, c’est votre gouvernement qui veut pas“.
Voilà qui est sans équivoque.
Elargir sa participation
Xavier Niel est devenu actionnaire minoritaire de Proximus en novembre 2023 avec quelque 6% des parts. Une avancée qui était censée rester “dormante”.
Mais L’Echo a dévoilé samedi que le milliardaire avait fait voici peu de temps une proposition à l’Etat belge: il élargirait peu à peu sa participation et, surtout, proposait dans un document que la SFPIM, bras armé financier de l’Etat, lui accorde un droit de préemption si elle venait à vendre ses parts, aujourd’hui majoritaires avec 53,51%.
En outre, à terme donc, l’État conserverait la présidence du conseil d’administration, mais la gestion opérationnelle lui reviendrait. Réponse du gouvernement De Wever: pas question.
Le gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes, après avoir critiqué la gestion du CEO précédent Guillaume Boutin, en nommant Stijn Bijnens à la tête de l’entreprise. Il est en charge depuis la rentrée de septembre.
Mal en point en bourse, malmené par le coût important de l’installation de la fibre, l’apparition d’un quatrième opérateur low-cost (DIGI) et des participations audacieuses dans des entreprises en Inde et aux Etats-Unis, Proximus doit se refaire une santé. Que l’État se retire progressivement pourrait être dans l’ordre des choses, mais pas avant que Proximus ne retrouve des couleurs.
Au sein de l’Arizona, certains évoquent la fin de la législature.
Télécoms: les grandes manoeuvres
Xavier Niel est, au même moment, embarqué dans des grandes manœuvres en France, où le paysage des télécoms pourrait passer de quatre opérateurs à trois.
Orange, Bouygues et Free proposent en effet de racheter SFR, le deuxième opérateur en taille, pour 17 milliards d’euros. L’entreprise historique a souffert de la stratégie d’une autre milliardaire, Patrick Drahi, qui a voulu développer un modèle associant télécoms et contenus premium (dont la Ligue des champions), sans grand succès.
L’offre de rachat, loin d’être finalisée, ravive en France l’inquiétude d’une hausse des prix. En Belgique, l’enjeu des prix est central: ils sont plus élevés que dans les pays voisins.
Partout en Europe, les opérateurs télécoms doivent retrouver des marges de croissance après le boom de la téléphonie mobile et alors que l’intelligence artificielle risque de tout balayer.