Wallonie: bras de fer budgétaire entre le gouvernement MR-Engagés et les grandes villes PS

Adrien Dolimont (MR), BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les trois bourgmestres de Liège, Charleroi et Mons s’indignent des conditions posées par le gouvernement Dolimont pour prêter l’argent refusé par les banques. La question des finances communales devient un sujet d’affontement politique. C’est la “fin du Mister Cash”.

Le bras de fer budgétaires est entamé entre le gouvernement MR-Engagés d’Adrien Dolimont et les grandes villes wallonnes toujours dominées par le PS.

Liège et Charleroi vont mal, financièrement, davantage encore que le reste des villes et communes de Wallonie. Mons est également dans le collimateur, en raison de son passif, mais aussi de sa coalition entre le PS, le PTB et Ecolo. Les trois entités ont été écartées par les banques des prêts octroyés dans le cadre du plan Oxygène.

Une solution a été trouvée par le gouvernement wallon pour suppléer à ces montants via le Centre régional d’aides aux communes (Crac) pour un montant de 235 millions d’euros. Mais, révèle Le Soir ce lundi matin, l’alternative fait sortir de leurs gonds les bourgmestres concernés: Willy Demeyer (Liège), Thomas Dermine (Charleroi) et Nicolas Martin (Mons).

“Mettre ses poumons à genoux”

La Région wallonne veut mettre les grandes villes à genoux avec une politique d’austérité, s’indigne le Montois Nicolas Martin, interrogé par le quotidien. Elle veut tuer ses trois poumons économiques.”

Les prêts sont conditionnés à une remise en ordre du fonctionnement de ces pouvoirs locaux. Parmi la liste des “désirs” du gouvernement wallon, une série de mesures plus ou moins draconiennes: l’adaptation des redevances en fonction des coûts supportés par les communes, la réduction des cabinets scabinaux de 15 %, la limitation des remplacements de personnel à cinq équivalents temps plein pour dix départs, la réduction des dépenses de transferts de 15 % (hors police, pompiers et CPAS) ou la fin des services mis gratuitement à disposition de la population.

La raison pour laquelle ces grandes villes sont en déficit est liée à des facteurs exogènes“, souligne Thomas Dermine (PS), bourgmestre de Charleroi. La proportion du budget pris en charge pour la sécurité ou les reports sociaux sur les CPAS sont régulièrement dénoncés. Mais ce ne sont pas les seuls causes.

La”fin” des services gratuits”

Parmi les conditions émises, un fait grincer des dents plus que les autres: “la fin des services mis gratuitement à disposition de la population”. Il fait, il est vrai, sérieusement songer à un garde-fou anti-PTB, le parti d’extrême gauche étant connu pour sa volobté de raser gratis.

C’est quoi le périmètre concernant la fin des services gratuits?, demande Thomas Dermine. Quand la ville éclaire ses voiries, c’est gratuit. L’accès au parc, c’est gratuit. Le prêt dans les bibliothèques aussi. C’est l’essence du service public. L’accès gratuit dans les crèches, c’est une mesure pour l’emploi car cela aide les familles monoparentales.” 

La “fin du Mister Cash”

Voilà une nouvelle démonstration de la volonté du gouvernement wallon MR-Engagés de remettre de l’ordre dans ses dépenses. Pouvoir de tutelle des pouvoirs locaux, il s’alarme singulièrement d’un effet “boule de neige” qui pourrait provoquer des situations plus difficiles encore. Liège est la ville qui inquiète le plus.

C’est “la fin du Mister Cash”, version politique.

La décision revêt toutefois une dimension politique notable, dès lors que les grandes villes wallonnes sont restées entre les mains socialistes, à l’issue des élections communales d’octobre. Y’a-t-il de la revanche dans l’air?

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