Vendanges et année catastrophiques pour les vins wallons

Illustration © BELGAIMAGE

Le bilan des vendanges 2024 en Wallonie ne pousse guère à l’optimisme et les quantités de raisin récolté représentent tout au plus 50% de celles mises en cuves en 2023. En cause, le coup de gel nocturne du 22 avril et surtout les pluies abondantes qui sont tombées sur la Belgique durant tout l’été de cette année.

Pour la présidente des Vignerons de Wallonie, Vanessa Wyckmans-Vaxelaire, l’on peut même parler d’une année catastrophique, avec une récolte représentant bien souvent 30% par rapport à l’année précédente et atteignant au maximum 50%. Il faut toutefois remarquer que le millésime 2023 était exceptionnel tant en quantité qu’en qualité.
Quant à la qualité des raisins récoltés cette année, elle ne semble pas non plus au rendez-vous. Toutefois, tout comme pour les quantités, les résultats sont variables, selon l’implantation et l’exposition des vignobles et certains cépages ont mieux résisté que d’autres.

Vanessa Wyckmans-Vaxelaire


Ainsi, certaines vignes ont été épargnées par le gel d’avril, qui s’est attaqué aux premiers bourgeons précoces issus d’un hiver clément. Mais aucun vigneron n’a échappé aux pluies abondantes qui ont suivi, empêchant la pollinisation des fleurs et provoquant le mildiou (champignon parasite). Cela génère souvent des grappes moins fournies, avec certaines baies atrophiées, qui ne permettront pas d’obtenir un millésime de qualité.


Les témoignages de vignerons rapportés par la Newsletter des Vignerons Wallons confirment la diversité des situations. Dans le Hainaut, au Domaine du Chant d’Eole, réputé pour ses vins effervescents, on annonce un tiers de rendement en moins, alors que son voisin tout aussi réputé du Vignoble des Agaises (qui produit le Ruffus) prévoyait 50% de moins par rapport à une année “normale”. A Ere (Tournai), le Domaine de Longuesault recense 70% de moins, tout en annonçant une qualité acceptable.

Protégé par les nuages de vapeur de la centrale de Tihange

Seul témoignage positif, en province de Liège, le Clos des Prébendiers, affirme avoir pu protéger 85% du vignoble du gel et des pluies, grâce à des feux de feuillus disposés dans le vignoble… et aux nuages de vapeur de la centrale nucléaire (de Tihange) qui ont protégé les baies des brûlures quand le soleil brillait… Mais son voisin du Bois Marie Hautes Vignes avance un verdict bien plus pessimiste: 20% par rapport à l’an dernier. Le bilan le plus négatif est à mettre au compte du vignoble Bois des Dames à La Hulpe, dans le Brabant wallon: “rien de rien, pas un raisin…”.


Pour remédier à la situation, les vignerons wallons installés depuis plusieurs années pourront éponger en partie leurs pertes grâce aux stocks des années précédentes (2023 en particulier’). Mais ce sera plus compliqué pour ceux qui débutent. Certains auront aussi recours à la chaptalisation (ajout de sucre au jus de raisin pour augmenter la teneur en alcool lors de la fermentation). Mais ce procédé, tout à fait légal, n’est autorisé que dans une certaine limite.


D’autres producteurs ont préféré récolter leur raisin précocement, pour disposer d’un raisin convenant à la confection de vins effervescents. Et ceux qui ont, au contraire, décidé d’attendre le dernier moment pour vendanger, espérant pouvoir bénéficier d’une éventuelle météo ensoleillée, n’y ont rien gagné, affirme-t-on encore chez les Vignerons de Wallonie.

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