Un salaire minimum brut à 2800 euros: quand Paul Magnette rase gratis et inquiète au PS
Le président du PS mènera la campagne à gauche toute, en raison de la pression du PTB. Mais dans les rangs socialistes, les dents grincent au sujet de son positionnement sans guère de nuances.
Le PS affûte ses armes en vue des élections du 9 juin prochain. La semaine prochaine, il devrait adopter son programme et lancer la “mère des batailles”. Avec un objectif avoué: devenir la première famille politique du pays et permettre à son président, Paul Magnette, de viser le poste de Premier ministre.
Parmi les mesures relevées par L’Echo au coeur du programme, il y a la volonté d’augmenter le salaire minimum brut de 2070 à 2800 euros. Une façon de rattraper les effets inflationniste. Un scandale? La bataille des salaires pour les bas et les moyens revenus sera au coeur de la campagne du côté francophone. Tous les partis font des propositions dans ce domaine.
Le PS va toutefois plus loin que le PTB, précise L’Echo, en proposant “un mécanisme structurel d’augmentation automatique du salaire minimum, au-delà de l’indexation”, qui serait intégré à la loi de 96 sur la compétitivité. Cela provoquerait un “niet” tranché à droite et au sein des organisations patronales, qui réclament au contraire une réforme du mécanisme de l’indexation des salaires.
Et on ne parle même pas du sentiment en Flandre, où la N-VA nourrit son argumentation en vue d’une grande négociation au sein de laquelle de nouveaux transferts de compétences – réforme institutionnelle ou pas – seraient au menu… Chaque glissement à gauche du PS sert la cause de Bart De Wever qui a fait de la défense de la prospérité flamande son leitmotiv de campagne.
Grincements de dents internes
Au sein même du PS, même si cela ne se dit pas ouvertement et au-delà de cette simple proposition, certains regardent les yeux éberlués cette course à l’échalotte avec le PTB. La ligne ouvertement à gauche de Paul Magnette, avec son “écosocialisme” qu’il se réjouit de vanter dans les médias français, perturbe les adeptes d’un socialisme plus pragmatique, conscient de la nécessité de fonctionner avec le marché. En clair, le président serait trop académique et dogmatique.
Le contexte budgétaire de la Wallonie et de Bruxelles, et de façon plus large la compétitivité menacée de la Belgique et de l’Europe, n’autorisent pas une générosité sociale sans contrepartie visant à augmenter le taux d’activité. Le PS propose également une modulation du temps de travail en fonction de la situation personnelle avec une semaine de 32 heures pour les parents d’enfants en bas âge ou les travailleurs de plus de 55 ans.
L’inquiétude prévaut également en raison du départ d’Elio Di Rupo, qui sera tête de liste aux élections européennes, mais ne devrait plus peser sur la politique belge. L’air de rien, l’ancien Premier ministre maintenant l’église au milieu du village avec son souci de veiller aux équilibres.
Ce doute au sujet de la ligne, du moins telle qu’elle est exprimée, vaut particulièrement à Liège. Il est vrai que le PS liégeois n’a pratiquement plus voix au chapitre des hautes fonctions, à l’exception de Frédéric Daerden. Les partisans de Jean-Claude Marcourt, contraint de se retirer après les affaires du parlement wallon, se plaignent de leur mise à l’écart et de ce virage à gauche dans un contexte où la création d’activités sera indispensable pour sauver la Belgique francophone, davantage que les cadeaux sociaux. Marcourt, lui, veillait à l’économie wallonne.
Enfin, d’aucuns soulignent que Paul Magnette se positionne en héros de la gauche, mais risque de compliquer sa capacité à devenir Premier ministre avec de telles positions. On le sait, cette “radicalisation” est dictée par les règles de la campagne où chaque parti s’adresse à son opinion publique avant de penser aux compromis qui seront nécessaires – publiquement, du moins.
Au sein du PS, on se dit aussi que les résultats du 9 juin seront là pour évaluer la pertinence de la statégie (les sondages ne sont pas mauvais). Et de toute manière, Georges-Louis Bouchez est plus fort encore dans les positions tranchées. Cela finira bien par se tasser, quand il s’agira de se parler…
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