Uber débarque en Wallonie malgré une réglementation locale contraignante

Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Dix ans après son arrivée à Bruxelles, Uber annonce le lancement de son service classique de voitures avec chauffeur dans toute la Wallonie. Mais la plateforme devra composer avec des contraintes locales importantes.

Il aura fallu une décennie à Uber pour étendre ses activités de Bruxelles à la Wallonie. Depuis le lancement controversé d’UberPop à Bruxelles en 2014, l’entreprise américaine n’avait jamais pu s’implanter durablement en Wallonie en raison d’un cadre réglementaire inadapté, ne permettant pas l’exploitation de son service de véhicules avec chauffeur.

À partir du 1er décembre, Uber pourra cependant proposer son service UberX sur l’ensemble du territoire wallon. Jusqu’à présent, l’entreprise opérait uniquement dans les quatre principales villes wallonnes – Liège, Namur, Charleroi et Mons – via son service UberTaxi. Celui-ci fonctionnait sous l’ancienne réglementation, en collaboration avec des chauffeurs de taxis classiques, avec des courses facturées au compteur. L’entrée en vigueur imminente du nouveau décret wallon sur les taxis permet à Uber de déployer enfin UberX, son service emblématique offrant un tarif connu à l’avance.

Une réglementation locale contraignante

Cependant, Uber, qui a déjà dû batailler avec les autorités bruxelloises pour imposer son modèle, doit faire face à de nouveaux défis en Wallonie. Contrairement à la Flandre, où un système de licences régionales favorise la fluidité des trajets, la Wallonie a opté pour un modèle basé sur des licences communales. Ainsi, un chauffeur enregistré à Charleroi ne pourra transporter des passagers qu’en provenance de cette ville.

Laurent Slits, directeur d’Uber Belgique, n’a pas caché son mécontentement face à cette situation. « Si un chauffeur dépose un passager à Namur, il devra revenir à vide. Cela engendre un manque à gagner pour le chauffeur, congestionne inutilement nos routes et augmente l’empreinte carbone », a-t-il déclaré dans plusieurs médias.

Le défi d’attirer des chauffeurs

Le gros enjeu sera dès lors, dans ces conditions, de convaincre des chauffeurs de travailler avec Uber. Étant une place de marché « bi-face », c’est-à-dire avec d’un côté des clients et de l’autre des chauffeurs, Uber doit parvenir à disposer au même moment d’assez de demandes de clients pour attirer les chauffeurs et d’assez de chauffeurs pour répondre à la demande des clients. Et de l’avis d’un observateur, Uber dispose de moyens financiers suffisants pour convaincre les chauffeurs. Au moins au démarrage. Mais le travail à faire est réel : la firme ne pourrait pour l’instant s’appuyer que sur une centaine de chauffeurs, alors qu’ils sont 2500 sur Bruxelles.

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