“Le chasseur chassé”: en Wallonie, le permis de chasse français n’est plus reconnu
En Belgique, la chasse représente 24 millions d’euros de recettes chaque année pour les Régions, sans compter la TVA sur l’achat du matériel… Mais en raison d’une nouvelle loi, ces bénéfices pourraient baisser. Et pour cause: le Gouvernement wallon a décidé d’abandonner la reconnaissance du permis de chasse français en Wallonie.
De l’entretien des domaines à la TVA sur l’achat des armes et munitions en passant par les taxes… La chasse est un loisir qui rapporte gros aux pouvoirs publics. Les communes et CPAS sont en effet propriétaires de forêts ou autres territoires de chasse qu’ils peuvent louer aux chasseurs. Cela leur rapporte 17 millions par an, selon une récente étude du bureau PwC. Sans compter les nombreuses taxes que les autorités peuvent percevoir (octroi des permis, des licences, taxe provinciale ou TVA). Au total, les bénéfices s’élèveraient à 24 millions d’euros.
Un secteur économique auquel participe la France, en quelque sorte. Depuis 2007, beaucoup de Belges se rendent en effet sur le territoire voisin pour obtenir le permis de chasse. Ils reviennent ensuite en Belgique avec le précieux sésame pour acquérir une équivalence nationale et pouvoir ainsi chasser sur le territoire wallon ou flamand. Selon les chiffres des autorités, 33% des Wallons récupéreraient leur permis en présentant un permis de chasse français.
Mais pourquoi tant de chipotage pour obtenir son certificat? L’examen du permis de chasse français est réputé… plus facile! Il comporte moins de questions et moins d’exercices de tir et de sécurité que ses homologues luxembourgeois, néerlandais et belges (wallon et flamands). Pas étonnant donc que les Wallons préfèrent passer leur examen de chasse en France.
Lire aussi | Que pèse la chasse en Belgique?
Trop de laxisme en France
Oui mais voilà, à trop faciliter les choses, le risque de débordement est plus grand. Sous la pression de l’opinion publique, à la suite de plusieurs incidents de chasse, une convention Benelux a décidé que les épreuves de l’examen français ne pourraient plus être considérées comme équivalentes pour l’obtention du permis de chasse en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas.
Plusieurs arguments ont été avancés pour justifier cette décision:
- La rapidité avec laquelle l’examen peut être passé;
- Le manque de suivi et d’encadrement des candidats;
- La formation sommaire suivie par les candidats;
- L’absence de contrôle de l’adresse au tir, pourtant imposé par la réglementation du Benelux.
En Belgique, et en Wallonie plus particulièrement, obtenir son permis de chasse est loin d’être aussi simple. « La Wallonie a mis en place depuis 1978 un examen de chasse théorique robuste qui, 20 ans plus tard, fut complété avec un examen pratique », détaille le ministre en charge de la chasse, Willy Borsus. « Aujourd’hui, l’examen de chasse consiste en une épreuve théorique balayant diverses matières : les législations relatives à la chasse, la connaissance de la biologie des espèces, la connaissance des armes, etc., mais aussi en un examen pratique complet. Nos chasseurs sont donc extrêmement bien formés pour remplir leur rôle. Car, rappelons-le, la chasse est certes une activité sportive, mais elle a aussi la finalité d’intérêt général de réguler la faune sauvage. »
Plus de chasseurs français chez nous?
Et d’affirmer sa décision à l’aide d’une loi. Ainsi, depuis ce 31 août, le gouvernement wallon a définitivement abandonné la reconnaissance du permis de chasse français sur le territoire régional. Une disposition qui n’est néanmoins pas rétroactive. Ce qui signifie que tout chasseur qui est déjà en possession d’un permis de chasse wallon ou flamand sur base de la réussite de l’examen du permis de chasse français pourra le conserver.
Mais qu’en est-il des chasseurs français qui profitent du gibier wallon? Ne pourront-ils plus traverser la frontière pour venir chasser dans l’Ardenne belge? Petite subtilité: toute personne en possession d’un permis de chasse français, pourra toujours valider une licence de chasse temporaire pour une activité de chasse ponctuelle en Belgique. Les chasseurs français pourront donc bel et bien poursuivre leur loisir en Région wallonne. Il serait financièrement dommage de perdre la clientèle voisine…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici