La gare de Mons, joyau de 480 millions: un dérapage incontrôlé dans un univers public sans le sou

©PHOTOPQR/VOIX DU NORD/Sami Belloumi Belloumi
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La pépite de l’architecte Calatrava accueillera les voyageurs de la Cité du Doudou dès ce 18 décembre. Au-delà de la fête, c’est aussi l’aboutissement avec retard d’un gouffre financier, à l’heure où les services publics crient famine. “Un scandale sans nom.”

La nouvelle gare-passerelle de Mons a fière allure, avec son auvent en forme de casquette. Pour la Wallonie, voilà une nouvelle pépite signée par l’architecte Santiago Calatrava, après celle de Liège inaugurée en 2009. Dès ce mercredi 18 décembre, 4h21, elle accueillera ses premiers voyageurs.

Les citoyens retiendront toutefois une gabegie financière, fruit d’un chantier dont le montant est passé de 37 millions à… 480 millions, avec un retard de dix ans. Décrié dès le début comme étant le caprice de l’ancien bourgmestre Elio Di Rupo (PS), sa naissance officielle survient dans un contexte où les pouvoirs publics sont exsangues et où les pouvoirs locaux crient famine.

Credit : SNCB

“Irresponsabilité politique”

Faut-il se priver de gestes architecturaux forts, qui symbolisent l’ambition d’une Région? Le débat avait, à juste titre, été soulevé au moment du lancement des projets. Si l’on se souvient de l’emprise forte d’un François Mitterrand sur les villes françaises, avec tout l’impact qui en découle, force est de considérer que le jeu en vaut la chandelle.

Sauf que le coût du “geste” montois était initialement estimé à plus du dixième du prix final. La gare en question n’accueille qu’une moyenne de 9399 voyageurs par jour de semaine et… 4559 le dimanche. Cela fait cher le voyageur…

En 2022, un rapport de la Cour des comptes avait contesté la façon dont le concours d’architecture avait été mené, des budgets mal évalués, une absence de suivi clair, l’absence de certaines preuves de coûts. Le tout dans un contexte où les augmentations de coûts en tous genres ont fait flamber la facture.

Ce chantier est un scandale sans nom, avait scandé cet été le président du MR, Georges-Louis Bouchez. A un moment, il faut arrêter l’irresponsabilité politique.” Et d’ajouter: “Quand une caissière à un écart de cinq euros dans la caisse à la fin de sa journée, elle risque de se faire licencier. Ici, on a des mandataires publics qui brûlent des sommes considérables et tout le monde rentre à la maison tranquillement.”

Il appelait à une commission d’enquête parlementaire… qui risque de ne jamais voir le jour.

Credit : SNCB

“Une compétence fédérale”

Lorsqu’il était encore ministre-président wallon, Elio Di Rupo avait été soumis au feu des critiques des députés. “Je crains que la question ne soit pas adressée au destinataire adéquat, avait-il répondu. Le transport ferroviaire est une compétence fédérale et la Région wallonne ne revendique aucune compétence dans ce domaine. La SNCB a été chargée d’effectuer ces travaux.”

Circulez, il n’y a rien à voir, même si l’amour du socialiste pour les belles choses n’a pas été pour rien dans ce projet, supportant en outre le développement d’un nouveau pan de sa ville.

L’ouverture de la gare survient à un moment particulier: Mons fait partie de ces communes mises au ban d’un soutien financier par les banques. Le nouveau gouvernement wallon MR – Engagés va prendre le relais, mais pose des conditions jugées “inacceptables” par les bourgmestres PS, dont le Montois Nicolas Martin.

La nouvelle gare sera, aussi, accueillie par une nouvelle majorité communale décriée PS – Ecolo – PTB.

Credit : SNCB

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