Le représentant des entreprises délivre un message pour le gouvernement Dolimont, dans la dernière ligne droite du conclave budgétaire. Dans notre Trends Talk, il dresse aussi le bilan “nuancé” d’une année d’actions. La simplification administrative traîne beaucoup trop, selon lui.
Frédéric Panier, CEO d’AKT qui représente les entreprises wallonnes, suit de près les conclaves budgétaires en voie de conclusion, dans la douleur. Dans notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Trends Z, il envoie des messages. “Nous faisons face à une situation budgétaire qui n’est plus tenable, avec des déficits publics élevés, insiste-t-il. Si on continue comme ça, on va droit dans le mur. Nous, en tant que représentants de l’entreprise, tenons un discours de responsabilité. On doit faire des efforts budgétaires maintenant. Relever ce double défi de relancer notre Région de réaliser des économies, c’est possible, c’est possible.”
“Réformer, oui, mais sans réduire l’aide directe”
Il en veut pour preuve le rapport des experts indépendants réalisés à la demande du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. “Leur conclusion était que la situation n’est pas tenable, comme je viens de le dire, argumente Frédéric Panier. Mais si on cherche des moyens pour faire des économies sans œillères, on en trouve. En outre, ils précisent que cela peut se faire sans nuire à la qualité du service public. Le message que l’on porte, c’est que nous sommes prêts à réformer. Dès qu’il y a des inefficacités dans les budgets, il faut réformer. Et d’ailleurs, on tient parole. On a accompagné le gouvernement dans la réforme des aides à l’investissement. On est en train d’accompagner le gouvernement sur la réforme des aides à la recherche et des aides à l’emploi.”
“Cependant, on tient aussi un deuxième message important, ajoute-t-il. Un chiffre m’interpelle: il y a 21 emplois privés en Wallonie pour 100 habitants, contre 29 en Flandre. Il faut aller changer la situation. Or, nous n’y arriverons pas si l’on réduit maintenant l’investissement dans l’économie. Si l’on regarde le budget wallon total, c’est moins de 5 % qui est dépensé dans l’aide directe à l’activité économique. Réduire cette proportion, ce serait se tirer une balle dans le pied.”
“Cela traîne pour la simplification”
Akt travaille d’arrache-pied avec le gouvernement wallon d’Adrien Dolimont (MR) pour tenter d’y remédier. “On a fait le bilan il y a quelques jours avec notre conseil d’administration, nous dit-il. On a revu l’ensemble des grands dossiers sur lequel on l’attendait pour rendre l’entrepreneuriat plus facile en Wallonie. C’est un bilan nuancé. Le message des chefs d’entreprises consiste à dire: ‘Frédéric, je n’ai encore rien vu sur le terrain’. C’est vrai, ils n’ont pas tort. Mais le temps du politique n’est pas le temps de l’entreprise. C’est normal que ça prenne un peu de temps de faire passer des textes.”
“Il y a les dossiers sur lesquels cela a bien avancé et qui vont avoir des résultats rapidement sur le terrain, résume-t-il. Le principal, tout le monde est d’accord, c’est la question des politiques de l’emploi. Ces gouvernements, aussi bien au niveau régional qu’au niveau fédéral, sont en train de délivrer une révolution copernicienne. On parle beaucoup de la réforme des allocations de chômage au niveau fédéral, mais il va aussi y avoir une réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi par le Forem, une réforme des aides à l’emploi.”
“Il y a, ensuite, une série de dossiers, la majorité, sur lesquels cela avance en coulisse, poursuit-il. C’est le cas pour les terrains disponibles. Le gouvernement s’est engagé à développer 1500 hectares de terrain en plus. Il travaille sur un plan. Il nous a dit que dans quelques mois, il l’aurait. Donc là, on dirait que le jury attend la fin des délibérés et on jugera quand le plan sera sorti. C’est la même chose sur l’énergie. Le coût de l’énergie est un des gros problèmes pour les entreprises, comme pour les ménages. En Wallonie, l’accès à l’énergie devient un problème. On y travaille au niveau du gouvernement.”
Enfin, il y a les dossiers qui coincent. “Là, il faut que ça accélère parce qu’on ne voit pas, à l’heure actuelle, que cela va assez vite pour délivrer d’ici à la fin de la législature. Je pense en particulier à la simplification administrative et encore plus en particulier, aux permis. Nous avons applaudi la belle feuille de route du gouvernement. Maintenant, ce que l’on attend, ce sont des résultats.”