Aéroport de Liège: la menace d’un nouveau bras de fer politique

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le permis d’environnement de cette infrastructure wallonne stratégique est menacé par le Conseil d’Etat. Sans décision politique, le risque est grand de voir ses activités arrêtées. Mais à quoi joue-t-on?

Un nouveau bras de fer est en cours au sujet de l’aéroport de Liège. Les partenaires du gouvernement wallon se toisent, alors que le Conseil d’Etat pourrait casser le permis d’environnement qui avait été adopté de haute lutte, début 2023.

A l’époque, les écologistes voulaient limiter le potentiel de développement de cette infrastructure stratégique pour la Wallonie, pour en atténuer l’impact environnemental. Libéraux et socialistes avaient contre-attaqué. Un compromis était intervenu. Le fragile équilibre est à nouveau remis en question, révèle L’Echo ce mercredi matin.

Une décision du Conseil d’Etat pourrait tout simplement mettre l’aéroport à l’arrêt, prévient le conseil d’administration de l’aéroport. Si aucune décision politique n’intervient avant les élections.

Un recours qui tombe mal

Début 2023, Ecolo avait soumis un projet de permis d’environnement visant à limiter le nombre de mouvement à 50 000 par an. Pour l’aéroport, c’était là un frein intolérable à son développement potentiel: il en réclamait 70 000. Après intervention des socialistes et des libéraux, on tait tombé d’accord sur 55 000.

Le compromis en question a visiblement été ficelé de façon trop fragile sur le plan juridique: un recours déposé par les associations Canopea et Dryade a été reçu positivement par l’auditeur du Conseil d’Etat. Généralement, l’instance suit l’avis de son auditeur et le timing de la décision finale pourrait être problématique, à deux mois des élections.

Enjeu de campagne

“La seule solution afin d’éviter un arrêt des activités de l’aéroport en cas d’annulation du permis unique du 31 janvier 2023 est la rédaction, sans attendre, d’un nouveau permis par le gouvernement wallon“, alerte le conseil d’administration de l’aéroport.

Voilà de quoi remettre une pièce dans la machine à polémiquer entre libéraux et écologistes. Les premiers font feu de tout bois en exigeant que le compromis soit respecté. “Je ne transigerai pas”, clame Adrien Dolimont (MR), ministre en charge des Aéroports. Ecolo ne fait pas monter les enchères, mais joue la montre et minimise le risque d’arrêt des activités.

“Ineptie” ou choix stratégique

Symboliquement, le sujet fait un bel enjeu de campagne: Ecolo insiste sur l’importance de la qualité de vie des riverains et a, d’ailleurs, continué à se mobiliser avec la société civile après la signature du compromis. Economiquement, les verts dénoncent “l’ineptie économique, sociale et environnementale de miser sur le développement de la logistique aéroportuaire”, fustigeant notamment l’accord avec Alibaba.

Ce pôle logistique stratégique est toutefois à la source de 11 000 emplois directs et indirects. Avec l’aéroport de Charleroi pour les passagers, c’est une des belles réussites du redéploiement wallon. “Ni le PS, ni le MR ne veulent fragiliser ce fleuron“, entend-on.

Le gouvernement wallon peut-il se permettre de laisser planer la moindre incertitude? C’est peu probable. Mais la mise en avant du clivage est trop tentante en période de campagne.

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