Accord de gouvernement: “C’est le brouillard complet”, déclare Ecolo, “ça va saigner” affirme le PS

Christie Morreale

Ecolo a réagi de manière inquiète aux déclarations de politiques régionale et communautaire présentées plus tôt par le MR et les Engagés. “On ne sait pas qui va payer l’addition”, rétorquent les socialistes de leur côté.

Ecolo a réagi de manière inquiète jeudi soir aux déclarations de politiques régionale et communautaire présentées plus tôt dans la journée par le MR et les Engagés. Si quelques mesures “semblent a priori intéressantes”, les écologistes pointent qu’il s’agit surtout de “déclarations d’intention lacunaires” et dénoncent la perspective d’une austérité, qui renvoie la crise climatique aux périphéries de la politique gouvernementale.

Ecolo juge notamment intéressantes la volonté de simplification administrative, l’amélioration de la prévention en termes de santé ou encore la réorganisation de structures publiques ou des réseaux scolaires (avec une fusion des réseaux de l’officiel).  Les écologistes considèrent cependant qu’en matière budgétaire, “c’est le brouillard complet”, avec “des restrictions pour plus d’un milliard d’euros, auxquelles il faut ajouter des réductions de recettes”. Pour les Verts, il n’y a pas d’autres mots : “c’est manifestement l’austérité qui arrive”. Les politiques écologiques des gouvernements wallon et communautaire “sont devenues totalement périphériques (…) et ne sont pas à la hauteur des enjeux alors que l’urgence ne cesse de croître”, dénonce Ecolo.

Réduction du soutien aux énergies renouvelables

Pour le parti, des “éléments fondamentaux” permettant d’affronter la crise climatique sont remis en cause. Et de citer une réduction du soutien aux énergies renouvelables, l’extension du réseau routier, l’absence d’ambition pour le vélo ou encore un recul du déploiement des transports en commun. Du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, si Ecolo se réjouit de la volonté de créer des places supplémentaires dans la petite enfance, il dénonce par ailleurs une “déconstruction” du statut d’enseignant “en dehors d’un dialogue et sans avoir préalablement mené un travail de lutte efficace contre la pénurie et en faveur de conditions de travail sereines”. Les Verts craignent enfin que les mesures concernant l’enseignement supérieur n’entravent son accessibilité et déplorent le “silence” sur les moyens qui seront dégagés pour sortir du système de financement de l’enveloppe fermée.

“On ne sait pas qui va payer l’addition”

Le Parti socialiste, qui sera renvoyé dans l’opposition à la Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles, a réagi avec circonspection aux déclarations de politiques régionale et communautaire présentées jeudi par les présidents du MR et des Engagés. Christie Morreale, cheffe de groupe PS au parlement wallon, indique regretter “un message très flou”, un “catalogue d’intentions qui manque de clarté”. “On ne sait pas qui va payer l’addition”, tranche-t-elle.

“Ils annoncent 1,5 milliard (sur 10 ans) de baisse des impôts, et en même temps réduire l’endettement avec des économies drastiques. Clairement, ça veut dire que ça va saigner. Mais là-dessus, ils sont totalement flous”, estime la vice-présidente sortante du gouvernement wallon.

La socialiste note également quelques points “inquiétants” dans la déclaration régionale: “une volonté de toucher aux allocations familiales pour les 18-21 ans”, entre autres. Le gouvernement souhaite pour cette tranche d’âge “évoluer d’un droit semi-automatique aux prestations familiales vers un droit conditionnel”, peut-on lire dans la DPR.

“Et il n’a pas fallu attendre une heure pour entendre parler de gel (d’indexation) de salaires.” La ministre wallonne sortante évoque ici les subventions d’aide à l’emploi (APE) pour la fonction publique locale (l’indexation est maintenue pour le secteur associatif). “On parle ici de travailleuses dans les crèches, dans l’accueil de temps libre, etc.”, dont les subventions auxquelles leur salaire est lié n’évolueront pas. “Ce sont surtout des femmes, qui représentent quasi 70% des travailleurs APE”, pointe Christie Morreale.
Il manque aussi des choses dans ce qui a été mis en avant par le duo Georges-Louis Bouchez – Maxime Prévot, critique-t-elle: l’isolation des logements, les transports en commun. “On a très peu parlé de pistes concrètes pour mettre les personnes à l’emploi. Et il y a eu peut-être trois mots sur la lutte contre le réchauffement climatique, qui est pourtant le problème du siècle!”

PTB: “Économiser, déréguler et privatiser”

Austérité”, c’est le mot mis en avant par le PTB en réaction aux Déclarations de politique régionale et de politique communautaire présentées par les présidents du MR et des Engagés.

Les deux partis, qui formeront des gouvernements régional et communautaire plus à droite que les précédents, sont tombés d’accord sur une ligne à suivre dans ces deux entités. Il y est souvent question de “simplification” et “rationalisation”, a noté en fin de journée Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au parlement wallon. “Mais simplification et rationalisation semblent être les nouveaux mots code du gouvernement MR-Engagés pour économiser, déréguler et privatiser”, a-t-il balayé.

Le duo MR-Engagés promet un tournant budgétaire vers plus de rigueur dans les dépenses, pour un retour à l’équilibre de la Wallonie en 10 ans. Mais pour le parti marxiste, la crainte est que la promesse de “se recentrer sur l’essentiel” cache en réalité “une austérité menant à la privatisation”. Germain Mugemangango pointe ainsi “la multitude des références aux partenariats public-privé pour les maisons de repos, le logement ou les transports publics”, ce qui selon lui “annonce commercialisation et privatisation”, pour finalement “des hausses de prix et des baisses de qualité”.

Dans l’enseignement, une des volontés du duo MR-Engagés est d’arrêter la nomination des enseignants. “S’en prendre à la stabilité et aux conditions de travail des enseignants est-il ce qu’il faut faire pour améliorer la qualité dans les écoles?”, s’est interrogé l’élu PTB. 

Selon lui, les communes risquent par ailleurs de ne pas être soutenues, alors que nombre d’entre elles sont déjà très serrées financièrement. 

Accord de gouvernement en Wallonie et en FWB

Partner Content