Wallonie et Bruxelles: des constats sombres, un sursaut qui tarde, il est grand temps de se réveiller

Le ministre-président wallon Adrien Dolimont, ce mercredi 16 avril au parlement. BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le discours sur l’état de la Wallonie du ministre-président Adrien Dolimont (MR) invite à “oser”, mais dresse un tableau préoccupant. En Région bruxelloise, le blocage persiste: le MR dit non à Ecolo, DéFi éclate… Avant d’espérer la fin du nationalisme flamand, le  monde francophone doit balayer devant sa porte.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, rêve de réformes réussies, d’un nationalisme flamand qui n’a plus de raison d’être et entend porter un projet libéral agressif. Ce rêve, porté également en son temps par Charles Michel quand il était devenu Premier ministre, s’apparente à un fameux pari.

Si des réformes sont initiées au fédéral, le chemin à parcourir est long du côté francophone: en Wallonie, la situation reste préoccupante et en Région bruxelloise, le blocage est complet. La déclaration sur l’état de la Wallonie du ministre-président Adrien Dolimont (MR) et les dernières péripéties dans la capitale sont là pour en témoigner.

Un tableau wallon sombre

En Wallonie, il y aura du sang et des larmes, mais la conscience de l’effort à réaliser est-elle suffisamment présente? Pas partout. Le ministre-président wallon a dressé un constat simbre, tout en se voulant volontariste, ce mercredi 16 avril.

Il est essentiel d’être précis sur la photographie que nous souhaitons partager de l’état de notre Région, pour qu’elle soit la plus honnête et la plus lucide possible”, a souligné le ministre-président mercredi matin en rappelant la “situation compliquée de la Wallonie” qui, “à peine remise de crises successives, fait face à une inflation persistante qui fragilise les plus vulnérables” et “à un contexte international tendu”.

Les statistiques ne sont pas là pour inciter à la fête. 21,8 % de la population wallonne vit dans un ménage en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale; la Wallonie compte près de 250.000 demandeurs d’emploi inoccupés alors qu’on y compte quelque 40.000 emplois vacants; le PIB par habitant wallon est de 32.700 euros, ce qui place la région à la 52e place des régions européennes sur 110. La Flandre est 19e et Bruxelles, 3e. N’en jetez plus, il y en a pourtant encore.

“Les politiques ont une responsabilité dans la situation que nous vivons parce que nous n’avons pas osé changer les choses, les faire évoluer, martèle Adrien Dolimont. Plutôt que de subir, choisissons d’agir. Osons!” C’est l’énième appel à un sursaut des forces vives de la Wallonie, mais sera-t-il entendu?

D’autant que la polarisation inquiète. “Un autre défi de taille me préoccupe, et je suis certain qu’il inquiète plus d’un parmi vous: la montée des extrêmes. Qu’elles soient religieuses, politiques, idéologiques ou sociétales, ces idées extrêmes n’ont pas leur place en Wallonie. Elles doivent être combattues avec force et sans relâche. À tous les niveaux de pouvoir. Dans ce parlement et dans tous les parlements de Belgique. Osons les combattre! Osons la nuance et les débats apaisés plutôt que la division! Osons l’intelligence collective, le dialogue et l’action plutôt que la peur! Je suis convaincu d’une chose: la réponse à ces défis ne réside ni dans la peur, ni dans la division, mais dans le dialogue, dans l’écoute et dans l’action concrète.”

Il y a du travail.

Le chaos bruxellois

Au même moment, en Région bruxelloise, le blocage se poursuit et le chaos est manifeste.

La preuve par l’appel du pied d’Ecolo se disant prêt à participer à des négociations, rejeté aussitôt par le MR. Et pour cause. Ecolo, largement battu aux élections, réclamait une attention climatique à tous les étages, une préservation des zones de basse émission… et la présence du PS à ses côtés. “Sinon, on rentre à nouveau dans cette petite guerre, soulignait voici cinq jours la coprésidente d’Ecolo, Marie Lecoq. Au niveau communal, ils n’ont aucun problème à trouver des solutions. Mais, quand il s’agit d’en trouver pour les bruxelloises et les bruxellois. Nous voulons un gouvernement stable, il faut que tout le monde se mouille. Il nous faut un gouvernement d’union régionale.”

Réplique de Georges-Louis Bouchez, président du MR: “Ecolo pose des exclusives sans fondement démocratique pour une éventuelle entrée en négociations d’un Gouvernement à Bruxelles. C’est à dire former un pôle de gauche et composer une Vivaldi bis qui ne sera pas en mesure de réformer la région capitale. Par ailleurs, le MR s’est engagé à gouverner avec les Engagés afin de garantir une cohérence entre les niveaux de pouvoir. Le MR tiendra ses engagements comme il l’a toujours fait.”

Ecolo est, avec DéFi, un des parti qui pourrait pourtant contribuer à trouver une solution, de même que DéFi. Mais dans la petite formation de Sophie Rohonyi, rien ne va plus. Fabien Maingain, échevin à Bruxelles et fils d’Olivier Maingain, ex-président en rupture de ban, a lui aussi décidé de tirer sa révérence. Message: “Dans les discussions internes, il y a aujourd’hui de plus en plus de cadres qui ne voient plus le danger du nationalisme, voire qui accepteraient de gouverner avec eux. Il y a très clairement un renoncement progressif de cette valeur. La digue est en train de sauter.”

Député bruxellois, il annonce qu’il siègera comme indépendant. Son parti réclame son mandat. Voilà une sous-guérilla dans la grande guérilla.

Pendant ce temps, aucune réforme n’est menée à Bruxelles, le budget s’effondre, la sécurité défaille… Avant d’espèrer que le nationalisme flamand n’ait plus de raison d’exister, les francophones ont encore à balayer devant leur porte.

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