Wall Street sait-elle quelque chose qu’on ignore?
L’économie américaine semble reprendre du poil de la bête. Le taux de chômage est en baisse pour la première fois depuis plusieurs années et des emplois sont créés. Mais cette économie va-t-elle si bien que cela ?
S’il est vrai que la situation économique américaine semble s’améliorer suite à plusieurs mesures prises récemment, un voyant rouge clignote néanmoins.
Tout va bien sauf si on regarde dans la direction de Wall Street… Mercredi, le Standard & Poor’s 500, l’indice phare de la Bourse de New York, avait perdu 0,8% après avoir été malmené tout au long de la journée. Ce qui porte sa perte à 7,4%, depuis la mi-septembre. De plus, les taux d’intérêt à long terme ont dévissé sévèrement, ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir de l’économie des Etats-Unis.
Cette apparente contradiction amène une question: l’économie américaine est-elle réellement robuste? La récente volatilité des marchés est-elle sans conséquence, une simple correction, ou au contraire présage-t-elle des lendemains qui déchantent pour un pays qui essaye toujours de s’extraire de la crise économique ?
En d’autres mots, est-ce que Wall Street détiendrait des informations que le reste du monde ignore?
Si on exclut ces mouvements sur les marchés, il y a plusieurs raisons qui font que les Américains sont bien dans la situation actuelle. Oui les marchés ont dévissé mercredi mais certaines conséquences directes de cette baisse sont plutôt positives pour les Américains.
Le prix du pétrole a baissé de 20% depuis l’été, entraînant des baisses de prix à la pompe. Une diminution des prix dans l’agriculture rend le panier de la ménagère moins onéreux.
Et les obligations rapportant de l’argent, loin de placements plus risqués telles les actions, les taux d’intérêt à long terme ont fortement baissé eux aussi. Ces taux d’intérêt bas vont très vraisemblablement se répercuter sur les taux des emprunts hypothécaires, ce qui pourrait booster quelque peu le marché de l’immobilier résidentiel, un marché qui bataille encore actuellement pour se rétablir suite à la crise économique.
Alors que la croissance de l’emploi s’est solidement maintenue cette année, que la hausse des salaires croit à peine plus vite que l’inflation et que l’économie des Etats-Unis tourne bien en deçà de son potentiel réel selon la plupart des estimations officielles, le marché boursier et les investissements risqués n’ont plus la cote depuis la crise de 2009. La politique de la Fed d’imprimer des milliards de dollars et de les injecter dans l’économie américaine pour racheter des bons du trésor US en a été un facteur important. Le but de la manoeuvre étant de garder les taux d’intérêt relativement bas.
Ainsi cette correction pourrait bien ne pas être liée au fait que Wall Street ait en sa possession des informations ignorées encore par le reste du monde mais plutôt être un simple “ajustement” afin que les marchés soient plus le reflet de la réalité économique actuelle. En effet, la perte de 7,4% du S&P500 a été comparée à une perte similaire fin 2012.
Oui les choses se sont améliorées mais peut-être pas encore assez au point de justifier les prix d’achats des actions qui sont bien trop élevés comparées aux bénéfices des entreprises.
“A cause d’un excès de confiance dans les banques centrales, des investisseurs impatients plus une valorisation trop élevée des marchés, tout cela a donné des fondamentaux atones” explique Mohamed A. El-Erian, chief economic adviser d’Allianz.
Ce décalage, souligne-t-il ensuite, a encore été ébranlée au cours des dernières semaines par des signes que les fondamentaux de l’économie mondiale sont plus faibles que ce qu’ils paraissaient et par le fait que la Banque centrale européenne ne se combattra pas de manière adéquate cette dérive économique.
Le dilemme, pour la Fed et pour tous ceux qui s’intéressent aux gros titres quelques peu effrayants concernant les derniers mouvements des marchés, est le suivant: ces fluctuations sont-elles des fluctuations de routine pour Wall Street et donc celles-ci peuvent être ignorées en toute sécurité? Ou sont-elles un signal que les choses vont mal et que la Fed doit absolument réévaluer le parcours à prendre.
(Source: New York Times)
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