L’Europe peut-elle vraiment faire face à la concurrence chinoise sur le marché de la voiture électrique ? Selon Arthur Corbin, conseiller à la Commission européenne, la réponse est oui, et les deux tiers des véhicules vendus en 2030 pourraient bien avoir des batteries “made in Europe”.

L’Union européenne peut rattraper le terrain perdu avec les constructeurs chinois, en matière de voiture électrique, estime Arthur Corbin, conseiller du vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné. Il s’exprimait lors de l’Electric Lunch, une conférence organisée par le réseau de charge rapide Electra, numéro un du marché belge.
« On entend souvent que l’Europe ne fait rien, mais c’est faux » avance-t-il. « À la fin de l’année, on publiera un package de mesures. En 2030, les deux tiers des voitures électriques vendues en Europe auront des batteries européennes » estime Arthur Corbin. « On peut accélérer cela. Ne soyons pas toujours pessimistes. »
L’Europe face à un nouveau monde
« Nous sommes dans un nouveau monde. En 9 mois tout a changé, avec les changements de la politique commerciale des États-Unis, de la nouvelle dynamique chinoise. Nous sommes au sommet d’une falaise pour l’industrie européenne » indique-t-il. « Nous avons ouvert les frontières, nous importons davantage de voitures chinoises, une réflexion est en cours pour voir comment restructurer la chaîne de valeur, comment protéger nos industries. »
De nouvelles règles pour les autos chinoises
« De plus en plus de pays exigent un contenu local dans les automobiles, la Chine, le Brésil, et les États-Unis, plus que jamais ». Ce type de mesure devrait être pris notamment vis-à-vis des constructeurs de voitures et des fabricants de batteries chinois.
« Nous continuerons à importer des voitures chinoises, mais à des conditions spécifiques. On peut leur dire : ‘Vous voulez venir, d’accord, mais à telle ou telle condition, via une joint-venture, avec telle part de contenu local’. La Commission regarde cela. » Cela vaut pour les constructeurs d’autos comme pour les fabricants de batteries, tel CATL, numéro un mondial, très actif sur le marché européen.
Ces propos ont plutôt réjoui Yvan Verougstraete, président des Engagés, député européen, qui participait à l’Electric Lunch. Il y avait dit que « l’Europe est en train de mourir sur le plan économique. Nous devons changer de stratégie, de mindset. Nous devons protéger notre autonomie, notre industrie. »
Un coup de pouce pour les batteries made in Europe
Par ailleurs, la Commission européenne veut mettre en place des mesures pour accompagner l’industrie européenne des batteries, qui connaît des difficultés, avec la faillite de Northvolt. Plusieurs fabricants, comme les Français Verkor ou ACC, arrivent dans la phase délicate de démarrage de la production, la « vallée de la mort », où un financement est nécessaire pour parvenir à un niveau de qualité suffisant. La Commission devrait annoncer aussi des mesures de soutien. « Si on ne gère pas le développement de ce secteur en Europe, nous avons un risque de dépendance ».
La majorité des autos électriques vendues en Europe rouleront avec des batteries européennes en 2030, estime Arthur Corbin, fabriquées par des entreprises à capitaux européens, ou des entreprises à capitaux extra européens, avec un contenu local substantiel.

Signes encourageants
Arthur Corbin estime que l’industrie européenne montre des signes encourageants. « La Neue Klasse de BMW est un excellent exemple, nous avons aussi besoin de voitures électriques accessibles, des Volkswagen, des voitures pour le peuple. »
Pour l’heure, la Commission européenne applique une surtaxe sur l’importation de voitures électriques made in China.