Vieillissement: la hausse des dépenses sociales diminue grâce aux réformes, le montant des pensions se dégrade 

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le dernier rapport du Comité d’étude sur le vieillissement témoigne d’une situation contrastée: les mesures gouvernementales font leur effet sur le plan budgétaire, mais ont un impact social clair. Les fonctionnaires sont les plus touchés. Mais le risque de pauvreté diminue également. 

C’est une montagne qui se dresse devant nous. Le vieillissement de la population est un des enjeux majeurs de notre pays, et l’ascension a bel et bien débuté. Le Comité d’étude sur le vieillissement, installé en 2001 au sein du Comité supérieur des finances, publie ce jeudi 10 juillet son dernier rapport dressant l’état des lieux. Il est contrasté. 

L’impact des réformes sera réel  

Premier constat: les mesures prises par le gouvernement fédéral, notamment la réforme des pensions, produisent leurs effets. La hausse des dépenses sociales ralentit, même si elle se poursuit. “Entre 2024 et 2070, ces dépenses augmenteront de 25,8% du PIB à 27,5% du PIB”, précise le rapport. Soit une augmentation substantielle de 1,7% du PIB. C’est même 1,8% entre 2024 et 2050: “cela est dû à un pic du vieillissement d’ici 2050”, précise Greet T’Jonck, présidente du Comité d’étude. 

Mais à titre de comparaison, le rapport annuel précédent de 2024 estimait ce coût à 3,6% du PIB pour la même période. La différence est donc substantielle. 

Le Comité d’étude salue donc les impacts budgétaires et sociaux de la réforme des pensions portée par le gouvernement fédéral. “Cette réforme permet de réduire le coût des pensions de 1,8% du PIB entre 2024 et 2070, une baisse concentrée principalement sur les régimes de pension des salariés (- 0,9% du PIB) et des fonctionnaires (- 0,8% du PIB)”, souligne le rapport. 

Les mesures ayant l’impact budgétaire le plus important sont la suppression des tantièmes préférentiels et le relèvement de l’âge de la retraite dans les régimes spéciaux (- 0,6% du PIB), l’introduction du bonus-malus (-0,4%) et la suppression temporaire des adaptations au bien-être des pensions (- 0,3%). Sans surprise, ce sont aussi celles qui suscitent le plus de protestations, singulièrement la première, et la négociation politique à ce sujet n’est pas totalement terminée. 

Une diminution des pensions 

Deuxième constat: forcément, ces réformes ont également un impact sur le plan social, avec une dégradation des montants reçus sur base du benefit ratio – qui reflète le rapport entre la pension moyenne et le revenu professionnel moyen. “En raison des mesures adoptées, la pension moyenne est inférieure à ce qu’elle aurait été en l’absence de réformes”, souligne le Comité. 

Cet impact, sans surprise là encore, est “particulièrement marqué dans le régime des fonctionnaires, où le benefit ratio recule de 11,9% en 2070”. Pour le régime des travailleurs salariés, la chute est de 9,2%. Il se confirme aussi que le rattrapage des pensions pour les indépendants se poursuit: la chute est limitée, dans leur cas, à 3,1%. 

Le risque social de pauvreté est toutefois limité. L’augmentation de la pension minimum entre 2021 et 2023, sous le gouvernement De Croo, induit une diminution, seuls 10,7% des pensionnés étant désormais confronté à ce risque, contre 11,5% de la population totale et 12,2% des 65 ans et plus. C’est une évolution qui va dans le bon sens”, souligne Baudouin Regout, vice-président du Comité et commissaire au Plan. 

Mais ces données sociales, précise-t-on, doivent être prises avec des réserves.

“L’Arizona diminue l’impact de moitié”

Voilà qui a de quoi réjouir le ministre des Pensions, Jan Jambon (N-VA): il bénéfice des mesures sociales de celle qui l’a précédé, Karine Lalieux (PS), tout en entamant une remise du budget sur les rails. 

“Ce rapport confirme que les dépenses sociales augmenteront fortement, souligne Jan Jambon. Notre projet de loi est en bonne voie. Cette étude sera un élément essentiel dans la discussion. C’est une aubaine pour le débat.”

Mais l’Arizona diminue cet impact de moitié, selon le rapport, se félicite le ministre. “Si l’on en croit ces projections, nous obtenons le résultat prévu, se réjouit-il. Maîtriser le coût des pensions est un objectif majeur de notre réforme. Le coût des pensions va continuer à augmenter, c’est normal, mais il ne peut pas exploser.”

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