L’Arizona entend stimuler l’emploi en limitant les allocations de chômage dans le temps et en renforçant le suivi, et la remise au travail, des malades de longue durée. Mais les chances de réintégrer ces personnes, actuellement sans emploi, varient fortement d’un groupe à l’autre. Plus de 95 % des femmes et hommes « au foyer » inactifs, par exemple, ne manifestent aucun souhait de retrouver le chemin du travail.
Il y a quelques semaines à peine, le gouvernement fédéral est parvenu à un accord sur les modalités de la limitation dans le temps des allocations de chômage. Peu de temps avant, on apprenait que le gouvernement De Wever responsabiliserait à la fois les travailleurs, les employeurs, les médecins et les mutualités afin de réduire le nombre de malades de longue durée.
Ces mesures doivent bien évidemment permettre de relever le taux d’emploi : l’objectif des 80% à l’horizon 2030 est toujours d’actualité. C’est précisément dans ce contexte que le Centre flamand d’aide au travail (Steunpunt Werk – KU Leuven) vient de lancer un tableau de bord en ligne de la réserve de main-d’œuvre que compte notre pays parmi les travailleurs, les chômeurs et les personnes sans activité professionnelle (inactifs) en Belgique en général et dans les différentes Régions.
Ce baromètre cartographie également les transitions professionnelles au sein de ces groupes. Elle permet dès lors d’évaluer les publics les plus aisément réinsérables… et ceux pour lesquels un retour à l’emploi s’avère bien plus difficile.
La politique du gouvernement De Wever aura probablement un effet positif sur le taux d’emploi, mais cela ne se fera pas de manière uniforme. Selon les données les plus récentes, le taux d’emploi en Flandre s’élève à 77 %, dont plus de 74 % d’emplois à temps plein (soit 2,876 millions de personnes) et un peu moins de 3 % de ce que l’on appelle le sous-emploi lié au temps de travail (environ 100 000 personnes). Ce dernier groupe regroupe des personnes temporairement sans emploi — comme c’est souvent le cas dans la construction par exemple — ou des travailleurs à temps partiel qui souhaiteraient effectuer davantage d’heures.
Les chômeurs “classiques” en recherche d’emploi ne représentent que 3 % de la population active. Il s’agit de l’un des segments les « plus faciles » à réintégrer sur le marché du travail. Près de quatre chômeurs sur dix retrouvent un emploi dans l’année, contre un sur huit seulement (12,2 %) parmi les inactifs.
Découragés mais disponibles
Les inactifs constituent le plus grand groupe au sein de cette réserve de main-d’œuvre non employée. La limitation des allocations de chômage n’incitera pas directement ces personnes à rejoindre le marché du travail. En revanche, un renforcement du suivi des malades de longue durée pourrait, lui, avoir un effet incitatif.
Cela peut paraître paradoxal, mais une partie de ce groupe est déjà à la recherche d’un emploi ou disponibles pour travailler. Il s’agit de personnes prêtes à accepter un emploi si on leur en propose un, mais qui sont souvent trop découragées pour postuler par elles-mêmes : elles estiment ne pas posséder les compétences requises, ne disposent pas d’alternative pour la garde d’enfants ou font face à des lacunes en langues.
Selon Sarah Vansteenkiste, directrice du Centre flamand d’aide au travail, c’est dans ce segment que réside le plus grand potentiel d’amélioration du taux d’emploi. « Avec un accompagnement ciblé, ces personnes pourraient être mobilisées sur le marché du travail à l’avenir. »
Quelles perspectives de réintégration pour les inactifs?
On peut s’interroger sur les perspectives de réintégration pour les inactifs qui ne recherchent pas d’emploi et ne sont pas disponibles pour le marché du travail ? Avec 234 000 personnes, les malades de longue durée représentent le plus grand groupe d’inactifs en Flandre. Leur nombre a augmenté de 22 % en dix ans.
D’après les calculs du Centre flamand d’aide au travail, seulement 10 % des inactifs en incapacité de travail retrouvent un emploi au bout d’un an. Or, si ce taux augmentait légèrement, pour atteindre 15 %, cela pourrait, selon Sarah Vansteenkiste, contribuer de manière significative à l’objectif d’un taux d’emploi de 80 % ou plus.
Peu d’expérience professionnelle
Chez les femmes et hommes « au foyer », il existe des possibilités d’augmenter le taux d’entrée vers le marché du travail, qui s’élève actuellement à 5 % à peine. Une augmentation jusqu’à 10 % est envisageable, mais il n’est pas réaliste d’espérer une intégration complète de ce groupe sur le marché du travail. Des études antérieures montrent que 97 % des femmes et hommes au foyer n’ont aucune intention de travailler. 95,9 % ne sont même pas enregistrés auprès du VDAB (le service flamand de l’emploi). Seuls 16,5 % ont eu une expérience professionnelle au cours des huit dernières années.
Cela dit, ce groupe représente une très petite part de la population en âge de travailler : 3 % en Flandre, 4 % en Wallonie, et 5 % à Bruxelles.
Des données utiles pour la Wallonie et Bruxelles
Le tableau de bord fournit également des informations pertinentes sur la Wallonie et Bruxelles.
Le taux d’emploi wallon s’élève à 67 %. Les chômeurs en recherche active représentent 5 % de la population en âge de travailler, et les inactifs en recherche ou disponibles 3 %. L’objectif des 80 % semble encore lointain, mais la moyenne actuelle belge de 73 % reste atteignable.
À Bruxelles, où le taux d’emploi est de 64 %, une marge de progression subsiste également, avec 9 % de chômeurs disponibles et 5 % d’inactifs disponibles.
Cependant, l’augmentation du taux d’emploi ne dépendra pas uniquement des mesures du gouvernement De Wever, mais aussi de la mise en œuvre d’une politique d’activation renforcée par les services régionaux de l’emploi.
Le taux d’emploi des non-Européens reste trop faible
Le groupe reprenant les personnes nées hors de l’Union européenne affiche un taux d’emploi bien inférieur aux moyenne spar Régions (Flandre : 77 %, Wallonie : 67 % et Bruxelles : 64 %)
Or, leur surreprésentation dans la réserve de main-d’œuvre potentielle ouvre des perspectives d’amélioration considérables. Le taux d’emploi des personnes nées en dehors de l’UE-27 pourrait ainsi grimper jusqu’à 72,7 %.
Il existe également une marge de progression pour les personnes peu diplômées, les personnes en situation de handicap, et les jeunes de moins de 24 ans.