Une TVA réduite pour Pairi Daiza ? Symptôme d’une fiscalité déglinguée…

Pand à Pairi Daiza
Panda à Pairi Daiza © Belga
Sébastien Buron
Sébastien Buron Journaliste Trends-Tendances

A l’heure où Saint-Nicolas approche à grands pas, Pairi Daiza et ses pandas vont-ils bénéficier d’un joli cadeau en forme d’un taux de TVA avantageux ? À peine le budget 2026 présenté, le gouvernement se retrouve déjà confronté à de nouvelles tensions fiscales. Entre hausses de TVA ciblées et exceptions multiples, la fiscalité belge devient si complexe qu’elle en perd toute cohérence, au point d’en devenir totalement illisible.

Une semaine après avoir présenté son budget pour 2026, voilà que le gouvernement se retrouve déjà confronté à de nouvelles discussions fiscales. Selon une information révélée par De Standaard, le parc animalier hennuyer Pairi Daiza pourrait être concerné par la hausse de TVA que le gouvernement prévoit pour les parcs d’attractions et de loisirs. Dans le cadre de l’ajustement du budget 2026, l’Arizona souhaite en effet faire passer le taux réduit de 6 % à 12 % afin d’augmenter les recettes publiques.

Cette mesure ne fait toutefois pas l’unanimité. Le MR plaiderait pour une exception en faveur de Pairi Daiza. À ses yeux, le parc dirigé par Éric Domb ne serait pas un parc d’attractions classique, mais un site à vocation éducative et culturelle, ce qui justifierait un traitement fiscal particulier.

Relan communautaire

Le ministre des Finances Jan Jambon (N-VA) ne l’entend pourtant pas ainsi. Il a répété dimanche, sur le plateau de De Zevende Dag, qu’il ne voulait “aucune exception”. “Nous pourrions remplir toute une émission avec les e-mails de gens qui nous disent : “Réformez, économisez, mais pas chez nous.” Une manière de rappeler que toute dérogation – même pour un parc emblématique – minerait la cohérence de la réforme. 

Sauf que plusieurs établissements bénéficient déjà d’un régime dérogatoire : à commencer par le zoo d’Anvers et le parc de Planckendael, par exemple, qui bénéficient depuis des années d’une exemption de TVA sur leurs billets. Une situation qui, côté francophone, relance le débat sur l’équité fiscale entre Régions. Chassez le communautaire, et il revient au galop…

Festival d’ajustements

Si elle se confirme, une TVA réduite Pairi Daiza s’ajoutera à malheureusement une série de reclassifications qui transforment de plus en plus notre fiscalité en véritable gruyère : les exceptions, c’est-à-dire les trous, sont désormais plus visibles que la structure elle-même, le fromage.

Signe de cet enchevêtrement de dérogations et particularismes, la Fédération de la Culture Indépendante réclame “un régime de TVA cohérent, stable et non discriminatoire, garantissant qu’aucune forme de culture indépendante ne soit requalifiée arbitrairement”, soulignant au passage que la distinction entre “culture” et “divertissement”.

Ce flou et cette complexité en matière de TVA se sont en effet encore accentués suite à l’accord budgétaire. D’un côté, celui-ci relève plusieurs taux : l’hébergement touristique, la restauration à emporter, les activités sportives ou encore des tickets d’entrée, eux, passent de 6 % à 12 %. Mais de l’autre, le gouvernement abaisse la TVA sur plusieurs boissons non alcoolisées – eaux, softs, jus, thés glacés – qui passent de 21 % à 12 %. Quant aux pesticides, ils bondissent de 12 % à 21 %, la hausse la plus marquée du paquet.  

De plus en plus illisible

Bref : entre hausses d’un côté, baisses de l’autre et exceptions partout, on finit par ne plus rien y comprendre. Qu’en sera-t-il en effet des autres parcs animaliers et sites touristiques du pays ? À quelle sauce seront mangées, par exemple, les Grottes de Han-sur-Lesse, un autre site emblématique qui allie tourisme et patrimoine naturel ? Ce dernier bénéficiera-t-il aussi d’une exemption, d’un taux intermédiaire, ou devra-t-il, comme d’autres, subir la hausse ?  Quel taux s’applique à quel secteur, à quelle activité, à quelle entreprise… ?

En réalité, cette nouvelle réforme de la TVA n’est qu’un symptôme de plus : derrière chaque cas particulier, c’est toute la logique d’ensemble qui se délite.  

Pour Grégory Homans, avocat fiscaliste chez Dekeyser & Associés, le constat est sans appel : entre TVA modifiée, niches rabotées, avantages annoncés puis supprimés, la réforme de l’Arizona est “incohérente et illisible”. 

Et notre système fiscal de plus en plus déglingué… 

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