Une “fragmentation” de l’économie ne peut pas devenir une nouvelle Guerre froide

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. © BELGAIMAGE

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a insisté sur le risque de voir une fragmentation de l’économie mondiale se transformer en “seconde Guerre froide” qui représenterait une “perte de talents et de contribution pour le monde”.

“La question est de savoir si l’on peut en faire plus en termes de sécurisation des approvisionnements sans pousser trop loin au risque de nous retrouver dans une seconde Guerre froide”, a souligné Mme Georgieva. “Je fais partie de ceux qui connaissent les conséquences d’une Guerre froide, c’est une perte de talents et de contributions pour le monde et je ne veux pas voir cela se répéter”, a-t-elle ajouté.

Originaire de Bulgarie, Mme Georgieva a grandi de l’autre côté du Rideau de fer avant de terminer ses études à Londres à la fin des années 1980.

La fragmentation est le fait de privilégier le commerce à l’intérieur de régions du monde ou de blocs de pays alignés plutôt que le commerce mondial.

Pour la patronne du FMI, une “fragmentation du commerce mondial nous coûterait entre 0,2% et 7%” du PIB mondial sur le long terme, selon le degré de séparation des différents blocs.

En ce sens, l’invasion russe de l’Ukraine “n’est pas seulement une tragédie pour le peuple ukrainien mais pour la communauté internationale également car cela envoie comme message qu’il faut augmenter les dépenses militaires et que les dividendes de la paix sont terminés”.

“Nous pouvons rationnellement accepter un certain degré de fragmentation et les coûts qui vont avec pour l’économie mondiale mais il importe de les contenir. Si nous ne parvenons pas à rester rationnels, les peuples un peu partout en payeront le prix, il faut donc garder la tête froide”, a souligné Mme Georgieva.

Les pays du G7 se sont prononcés mercredi en faveur d’une approche favorisant le “friendshoring”, qui consiste à privilégier et intensifier les échanges entre pays proches ou alliés afin de moins dépendre de ceux considérés comme de potentiels rivaux systémiques.

Si la Chine n’est pas citée, elle est clairement visée, alors que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière la dépendance des pays industrialisés concernant l’approvisionnement en différents produits considérés comme essentiels, poussant ces derniers, en particulier les Etats-Unis et l’Union européenne, à chercher à ramener la production dans les industries considérées comme critiques.

Lors d’une conférence de presse mercredi, le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, dont le pays préside le G7 cette année, a cependant assuré que cette approche “n’était pas contre un pays en particulier, c’est une position purement liée à la sécurité des approvisionnements”.

“Un trop haut degré de concentration en termes de chaîne d’approvisionnement n’est pas désirable, c’est une position simple et une réalité. Mais cela ne signifie pas que certains pays étaient dans notre esprit lorsque nous avons travaillé” sur cette nouvelle approche, a assuré M. Suzuki.

Partner Content