Un “revenu de participation” de 600 euros par mois pour tous
Les Engagés est un mouvement politique, initié par l’ex-cdH pour “régénérer la démocratie”. Il revisite notamment l’idée d’une allocation universelle pour tous les citoyens de plus de 18 ans
C’est l’un des serpents de mer de la politique belge : serait-il utile, et financièrement réaliste, d’offrir à chacun un montant forfaitaire plutôt que de multiplier les aides sociales ? L’idée d’une allocation universelle a été développée dans les années 80. Elle est longtemps restée cantonnée à quelques cénacles alternatifs dans la mouvance d’Ecolo. Elle a récemment été brandie, avec des modalités très diverses, par les présidents du MR et du PS, Paul Magnette affirmant carrément que ce concept allait “dans le sens de l’histoire”.
Aujourd’hui, cette idée revient dans le manifeste des Engagés, le mouvement qui prend le relais du cdH avec l’ambition de “régénérer la politique”. Il s’agit ici d’un “revenu de participation” de 600 euros par mois, accordé à tous les citoyens de plus de 18 ans. Le montant n’est pas totalement inconditionnel : les bénéficiaires devront, en contrepartie, réaliser “une activité socialement utile”, que ce soit à travers un emploi, une formation, un engagement associatif ou des soins à une personne dépendante. “La société investit en vous, il est logique vous participiez d’une manière ou d’une autre, explique Laurent de Briey, coordinateur de l’opération de transformation de l’ex-cdH. Le but n’est pas d’exclure mais de garder la dimension d’accompagnement social, de repérer les personnes en décrochage et de les aider à définir un projet personnel.”
Ce revenu de participation n’a rien d’un jackpot. D’une part, il sera déduit du montant des allocations sociales et, d’autre part, il sera fiscalisé. Les plus riches, celles et ceux qui n’en ont pas vraiment besoin, en reverseront ainsi la moitié à l’Etat via leur feuille d’impôts. Rien que cela financerait un tiers de la mesure, calculent les Engagés. Ils sont convaincus que cela aiderait à lever les pièges à l’emploi puisque, pour les petits salaires, ces 600 euros s’ajouteront quasiment en net alors qu’ils sont déduits des allocations de chômage ou d’incapacité de travail.
En matière d’impôts justement, ce nouveau mouvement politique prône la globalisation des revenus, afin de taxer les revenus du travail et du capital d’une manière similaire. Cet élargissement de l’assiette devrait permettre de réduire les taux de taxation et de renforcer la progressivité de l’impôt. Précision importante : les revenus du capital étant taxés comme les autres, il n’y a plus lieu, estiment les Engagés, de les ponctionner à nouveau lors des héritages. Les droits de succession seraient dès lors purement et simplement supprimés.
Dans le même esprit de globalisation, les cotisations sociales seraient remplacées par une “Contribution Santé Environnement“, prélevées sur l’ensemble des revenus des particuliers et des sociétés et non plus sur les seuls salaires. Cela permet de réduire proportionnellement les charges sur le travail et, par là, de ne plus favoriser fiscalement l’entreprise qui robotise pour réduire son personnel.
Les Engagés préconisent par ailleurs de remplacer la Taxe sur la Valeur Ajoutée par une Taxe sur la Valeur Environnementale, établie en fonction de l’impact du bien concerné. Moins un bien sera polluant et moins il sera donc taxé. Cette TVE aidera notamment à financer le revenu de participation et les investissements économiseurs d’énergie.
Enfin, ce nouveau mouvement politique veut faciliter l’accès à la propriété pour les jeunes ménages. L’un des freins essentiels est l’ampleur des fonds propres nécessaires. Pour y répondre, les Engagés avancent une idée inédite : l’exonération totale des 100.000 premiers euros gagnés par le travail, pour permettre de se constituer un bas de laine pour des projets immobiliers ou autres. Par ailleurs, ils suggèrent la suppression des droits d’enregistrement sur l’acquisition d’une première habitation
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