Truss, vent debout, campe sur ses positions

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Malgré la tempête sur les marchés, la Première ministre britannique Liz Truss, déjà très impopulaire, a campé sur ses positions mercredi lors de sa deuxième séance devant les députés à Westminster.

Elle s’est fait étriller par l’opposition travailliste, au plus haut dans les sondages. La Première ministre qui a succédé début septembre à Boris Johnson n’avait eu, avant mercredi, qu’une seule séance pour défendre sa politique face aux députés, en raison du décès de la reine Elizabeth II et du deuil qui a suivi. C’était sa première séance de questions hebdomadaires depuis l’annonce le 23 septembre de son “mini-budget” très controversé, prévoyant notamment des baisses massives d’impôts financées par de la dette. “Qui a voté pour cela? Pas les propriétaires qui se retrouvent à rembourser leurs prêts 500 livres de plus. (…) Même pas la majorité des députés qui se trouvent derrière elle”, a proclamé le leader travailliste Keir Starmer. Liz Truss a été élue par les militants du parti conservateur, soit moins de 200.000 personnes.

Elle a défendu mercredi ses mesures, martelant sans cesse les mêmes arguments. “Nous protégeons notre économie”, a-t-elle dit, déclenchant les rires dans l’opposition. “En conséquence de notre action (…), nous verrons une croissance plus forte et une inflation plus basse”.

Très forte instabilité financière

Le Royaume-Uni connaît une inflation proche de 10%, au plus haut parmi les pays du G7. Depuis les annonces budgétaires du 23 septembre, massives et au financement flou, Londres affronte une période de très forte instabilité financière. Liz Truss a affirmé mercredi qu’elle ne couperait pas dans les dépenses publiques pour financer ses baisses d’impôts controversées, ce qui devrait encore davantage inquiéter les marchés. C’était une de ses promesses de campagne.

Cette séance à Westminster s’est tenue alors que les marchés connaissaient une nouvelle journée de fièvre. Le taux d’emprunt à 30 ans de l’Etat britannique, dont la flambée à un sommet depuis 1998 à 5,14% avait provoqué une action de la Banque d’Angleterre fin septembre, est monté mercredi à 5,06%. “A moyen terme, la dette va baisser”, a cependant promis la Première ministre.

“Sept jours en contrôle”

“Nous avons pris des mesures décisives pour que les gens ne soient pas face à des factures énergétiques de 6.000 livres (6.830 euros)” par an, a répété Liz Truss. Le gouvernement a gelé les prix de l’énergie pour les particuliers, à 2.500 livres (plus de 2.800 euros) en moyenne pour un foyer. Mais la hausse rapide du coût de financement des emprunts immobiliers inquiète des millions de Britanniques. Liz Truss, critiquée au sein même de son parti, a écarté des élections anticipées. “La dernière chose dont nous avons besoin, ce sont des élections générales”, a-t-elle affirmé.

Les élections sont prévues dans deux ans. La semaine dernière, à la conférence du parti conservateur, elle a dû affronter l’opposition de son propre camp. Sous la pression de sa majorité, le gouvernement a dû renoncer à supprimer la tranche d’imposition la plus élevée, une volte-face qui a encore affaibli Mme Truss. Depuis, au moins quatre ministres ont exhorté les conservateurs à s’unir derrière elle pour ne pas faire le jeu de l’opposition.

Une chronique publiée dans The Economist, “The iceberg lady” (“La dame iceberg”), est devenu virale mercredi. “Quelle que soit la longévité de Liz Truss à son poste, on se souviendra d’elle comme de la Première ministre dont l’emprise sur le pouvoir a été la plus courte de l’histoire politique britannique”, a écrit l’hebdomadaire. Il a calculé qu’entre son arrivée au pouvoir le 6 septembre et l’annonce le 23 de son mini-budget qui a déclenché l’affolement, si l’on déduit les 10 jours de deuil après le décès de la reine, “elle a gardé le contrôle pendant sept jours. C’est la durée de vie d’une laitue”, a écrit l’hebdomadaire.

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