Trump voulait réduire le déficit commercial… il l’a précipité à des niveaux records

Donald Trump, président des États-Unis, à la Maison Blanche. REUTERS/Kent Nishimura © REUTERS

Le déficit commercial des États-Unis a augmenté de 14% en mars, pour atteindre un niveau record. Les droits de douane produisent, pour l’instant, l’effet inverse de ce que veut Donald Trump. Tout un symbole.

“Donald Trump se tire une balle dans le pied” : l’expression revient régulièrement à propos des décisions économiques et commerciales du président des États-Unis. Les chiffres de la balance commerciale américaine pour le mois de mars donnent en effet l’impression d’un nouvel épisode dans cette saga.

Les États-Unis sont un pays qui importe plus qu’il n’exporte, ce qui se traduit par un déficit commercial structurel. Donald Trump s’est donné pour objectif de renverser cette tendance, en visant un excédent commercial — autrement dit, faire en sorte que le pays exporte davantage qu’il n’importe. Pour y parvenir, il a imposé de nouveaux droits de douane sur certaines importations, modulés selon l’état de la balance commerciale bilatérale avec chaque pays.

Déficit record

Mais pour l’instant, c’est l’exact opposé qui se produit. L’annonce des droits de douane a poussé les entreprises à accélérer leurs importations et à remplir leurs stocks, en prévision de l’entrée en vigueur des nouvelles taxes. Résultat : en mars, le déficit commercial a atteint un niveau sans précédent, selon les chiffres publiés ce mardi par le département du Commerce.

Le déficit a bondi de 14 %, pour atteindre 140,5 milliards de dollars – un record absolu.

Les importations totales ont progressé de 4,4 %, atteignant 419 milliards de dollars, là aussi un plus haut historique.

Dans le détail, les importations de biens ont grimpé à 346,8 milliards de dollars, soit une hausse de 5,4 %, du jamais vu. Les biens de consommation – notamment les médicaments – enregistrent une hausse de 22,5 milliards de dollars, établissant également un nouveau record.

Les importations en provenance de dix pays, dont le Mexique, le Vietnam, mais aussi la Belgique, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et l’Italie, ont également atteint des sommets individuels.

Et cela malgré une forte baisse des importations depuis la Chine, tombées à leur niveau le plus bas en cinq ans – soit depuis mars 2020, en pleine pandémie. Le déficit commercial avec la Chine s’est ainsi réduit, pour atteindre 24,8 milliards de dollars.

Côté exportations, la hausse reste modeste : +0,2 %, à 278,5 milliards de dollars – un niveau néanmoins record. Les exportations de biens progressent de 0,7 %, à 183,2 milliards, leur plus haut niveau en près de trois ans.

Tout un symbole

C’est bien sûr la crainte des nouveaux droits de douane, annoncés début avril, qui a dopé les importations et creusé le déficit en mars. Une semaine après les avoir décrétés, Donald Trump a suspendu leur application pour 90 jours. Les entreprises ont profité de ce répit pour continuer à importer massivement en avril, selon des économistes cités par Reuters.

Ce phénomène d’anticipation des hausses tarifaires fausse les données de la balance commerciale. Si les droits de douane entrent effectivement en vigueur, les importations pourraient chuter… mais des mesures de rétorsion sont également à prévoir de la part des pays visés, ce qui rend l’équation particulièrement instable.

Mais toujours est-il que ce nouveau record du déficit commercial est un échec symbolique pour Donald Trump, qui voulait justement rééquilibrer la balance. Ce déficit pèse d’ailleurs sur l’économie entière : il a fortement contribué à la contraction du PIB (-0,3%) des USA au premier trimestre, la première en trois ans.

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