Trump-Trudeau, le protectionniste reçoit le chantre du libre-échange
Donald Trump reçoit lundi Justin Trudeau, une rencontre délicate pour le Premier ministre canadien qui espère esquisser un compromis sur le libre-échange mais aussi faire entendre sa différence, immigration en tête.
Troisième dirigeant étranger reçu par le nouveau président républicain – après la Britannique Theresa May et le Japonais Shinzo Abe -, M. Trudeau a promis de parler à la fois avec “franchise et respect” au locataire de la Maison Blanche.
“Le Canada restera toujours fidèle à ses valeurs qui ont fait de nous un pays extraordinaire, un lieu d’ouverture et de respect”, a-t-il souligné vendredi à Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest.
Les liens économiques entre les deux immenses pays, qui partagent la plus longue frontière au monde entre deux Etats, sont extrêmement denses: trois quarts des exportations canadiennes sont destinées au voisin du sud et le Canada est la première destination à l’export d’une trentaine d’Etats américains.
La renégociation, souhaitée par M. Trump, de l’accord de libre-échange Aléna, qui groupe Canada, Etats-Unis et Mexique, s’annonce délicate.
Fervent partisan du libre-échange, M. Trudeau avait, pendant la campagne électorale américaine, mis en garde contre la tentation du “repli” et du “protectionnisme”.
Et il a rappelé vendredi avec force que “des millions de bons emplois des deux côtés de la frontière” dépendaient d’une circulation sans heurts des biens et des personnes.
L’exécutif américain est resté évasif sur la direction qu’il entendait donner aux négociations.
Jugeant que l’Aléna, accord vieux de 23 ans, était une “catastrophe” pour les Etats-Unis et “très injuste” pour le travailleur américain, Donald Trump a jusqu’ici été nettement plus virulent sur le Mexique que sur le Canada.
Opposition de style et de fond
Le parcours, les orientations politiques, le style: tout sépare Donald Trump de Justin Trudeau, de 25 ans son cadet, qui ne cachait pas sa complicité et ses réelles convergences de vue avec Barack Obama.
M. Trudeau est arrivé au pouvoir en promettant de gouverner “avec optimisme vers l’avenir” et de redorer l’image du Canada à l’étranger.
M. Trump l’a emporté le 8 novembre en dressant un tableau sombre des menaces qui pèsent sur les Etats-Unis et en brandissant un slogan: “l’Amérique d’abord”.
Accueilli en grande pompe il y a près d’un an à Washington par le président démocrate, Justin Trudeau avait salué le “leadership” de son hôte sur le climat.
Nul doute qu’il se heurtera à une autre tonalité sur ce thème, tant Donald Trump, qui s’est entouré de plusieurs figures climatosceptiques, semble déterminé à détricoter le bilan de son prédécesseur.
Si le Premier ministre canadien n’a pas commenté directement le décret Trump sur l’immigration, actuellement suspendu par la justice, il a clairement fait entendre sa différence.
Au lendemain de la signature du texte très controversé, il soulignait que le Canada accueillerait “ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre” indépendamment de leur foi.
“La diversité fait notre force #BienvenueAuCanada”, ajoutait-il dans un tweet.
Les deux hommes sont en revanche à l’unisson sur le projet de gigantesque oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux Etats-Unis, qui avait été bloqué par Barack Obama et auquel Donald Trump vient de donner une nouvelle impulsion.
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