Férocement anti-TikTok ou bitcoin pendant sa présidence, Donald Trump en campagne a fait un virage à 180 degrés sur nombre de sujets chers à la Silicon Valley, au point de rallier nombre de personnalités de la tech.
Véhicules électriques
“J’adore Elon Musk, je l’adore”, a lancé Donald Trump à la foule lors de son meeting dans le Michigan, terre de constructeurs automobiles. Le candidat républicain à la présidentielle a passé des années à tourner en ridicule les voitures électriques, trop chères et trop peu pratiques à son goût. “Je parle tout le temps des véhicules électriques mais ce n’est pas parce que je suis contre. Je suis complètement pour”, a-t-il affirmé, précisant qu’ils ne sont “pas pour tout le monde”.
Il veut néanmoins mettre fin aux subventions fédérales pour inciter les consommateurs à acheter ces voitures plus écologiques. Cela ne gêne pas Elon Musk, car plusieurs modèles de Tesla ne sont de toute façon pas éligibles aux remises. La mesure pourrait, en revanche, causer du tort à ses concurrents, comme General Motors et Ford.
TikTok
A l’été 2020 – deux mois avant l’élection qu’il a perdue – Donald Trump avait tenté, en vain, de bannir TikTok des Etats-Unis, accusant la populaire plateforme de siphonner les données des utilisateurs américains au profit de Pékin. Il avait même exigé qu’en cas de vente à une société américaine, une partie du prix revienne au Trésor américain. En avril dernier, une loi soutenue par le gouvernement de Joe Biden a donné à ByteDance 270 jours pour vendre TikTok, sous peine d’être interdit, pour les mêmes raisons de “sécurité nationale”.
Donald Trump, lui, a changé d’avis. “Maintenant que j’y pense, je suis pour TikTok, parce qu’il faut de la concurrence“, a-t-il déclaré à Bloomberg récemment. “Si vous n’avez pas TikTok, vous avez Facebook et Instagram – et ça, vous savez, c’est Zuckerberg”. Facebook et les autres principales plateformes ont banni l’ancien chef d’Etat après les émeutes du 6 janvier 2021, pendant plusieurs années. “J’étais numéro un et tout d’un coup, je n’avais plus personne”.
Crypto
Sur les cryptomonnaies en revanche, le protectionnisme anti-Chine l’emporte. Il a longtemps considéré le bitcoin comme une arnaque, mais estime désormais que “si nous ne le faisons pas, la Chine va s’en charger, et gagner la partie”, a-t-il indiqué à Bloomberg.
Ce revirement, et la nomination du pro-crypto J.D. Vance comme colistier, lui vaut les faveurs de l’industrie, écœurée par quatre années “d’hostilité sans précédent” de la part du gouvernement démocrate, selon Michelle Bond, fondatrice de Digital Future. “Une présidence Trump est la seule voie à suivre pour changer la régulation américaine en faveur des crypto”, a-t-elle ajouté, se félicitant du “véritable intérêt” personnel du républicain pour la technologie. Les professionnels espèrent notamment que le milliardaire nommerait des personnalités ouvertes aux cryptomonnaies à la SEC, le gendarme américain des marchés financiers.
Immigration, tarifs douaniers
Lors de son mandat à la Maison Blanche, Donald Trump a pris de nombreuses mesures qui ont handicapé la Silicon Valley, dont des décrets limitant les visas pour les salariés étrangers diplômés, prisés par les grands groupes technologiques. Et la guerre technologique et commerciale contre Pékin s’est traduite par des tarifs douaniers élevés, pénalisant des sociétés qui dépendent de la Chine pour leur chaîne d’approvisionnement, telles que Nvidia ou Apple.
Cette politique, qui a largement continué sous Joe Biden, devrait se poursuivre si Donald Trump reprend le pouvoir. Le projet de construction d’une usine Tesla géante au Mexique a ainsi été suspendu jusqu’à l’élection, car Donald Trump “a dit qu’il alourdirait les tarifs douaniers sur les véhicules fabriqués au Mexique”, a relevé Elon Musk cette semaine.
Impôts, concurrence
Les réductions d’impôts de Trump avaient largement bénéficié aux plus riches, y compris ceux de la tech, où les grandes sociétés génèrent des profits mirobolants. Les démocrates aimeraient mieux imposer ces bénéfices, mais le candidat républicain veut baisser les taxes sur les entreprises.
Du côté du droit de la concurrence, le gouvernement de Trump avait lancé des poursuites contre Google et des enquêtes sur Amazon, Apple et Facebook. Ses actions en justice ont suivi leur cours ensuite, mais “Trump ne serait probablement pas aussi vigoureux dans l’application des lois antitrust que Biden et Harris l’ont été”, commentent des experts de la Brookings Institution. Ils s’attendent à plus de “feux verts aux fusions et acquisitions” dans la tech.
