Sans gaz russe en 2023, la crise en Europe sera plus grave encore car la reconstitution des réserves sera un problème

Terminal flottant Un "FSRU" regazéifie le GNL apporté par un méthanier. © Getty images

Si l’Europe cessait de recevoir du gaz russe l’année prochaine, la crise énergétique deviendrait encore plus grave que cette année. C’est ce qu’affirme le ministre qatari de l’Energie, Saad al-Kaabi, dans le journal économique britannique Financial Times. “Parce que les stockages sont pleins maintenant, l’hiver prochain se passera bien. La reconstitution des réserves l’année prochaine sera par contre un problème.” Le responsable prévoit que ces problèmes pourraient perdurer jusqu’en 2025.

De nombreux pays européens discutent avec le Qatar de la fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL), dont ce pays du Moyen-Orient est le premier exportateur mondial. Une grande partie est cependant destinée à l’Asie par le biais de contrats à long terme. L’année dernière, quelque 155 milliards de mètres cubes de gaz ont circulé de la Russie vers les pays européens. Pour les remplacer, il faudrait 112 millions de tonnes de GNL par an, soit près d’un tiers de ce qui est disponible annuellement.

Le Qatar n’est toutefois pas en mesure d’augmenter sa production dans les années à venir. Ce n’est qu’en 2025 que davantage de gaz sera à nouveau disponible, lorsqu’un nouveau projet commencera à produire. Une quantité encore plus importante de gaz sera ensuite disponible en 2027.

Pour M. Al-Kaabi, les commentaires actuels concernant l’élimination totale du gaz et l’utilisation d’énergies renouvelables à sa place ne sont d’aucune utilité. “Les investisseurs dans le secteur du gaz envisagent des périodes de 25, 30, 40 ans pour récupérer leur argent. Si les gouvernements ne soutiennent pas cela, il sera difficile pour les investisseurs d’intervenir.

L’Europe a dépensé beaucoup d’argent pour remplir ses réserves de gaz ces derniers mois. Pour ce faire, elle a acheté du GNL sur le marché libre, ce qui a entraîné une forte hausse des prix. En conséquence, l’Europe est devenue une région recherchée par les vendeurs de GNL pour y envoyer leurs navires citernes.

Comme les stocks sont à présent pleins, ces navires ne peuvent cependant plus décharger leurs cargaisons, rapporte le journal économique allemand Handelsblatt. Plus de 35 navires attendent au large de la côte méditerranéenne espagnole. Le risque est que ces navires décident de se déplacer vers une autre région comme l’Asie.

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