Nous aurions le 4e exportateur mondial, une richesse par habitant comparable à l’Allemagne et une économie dont la taille dépasserait celle de l’Espagne. Au niveau culturel et institutionnel, nous aurions un joli bazar.
Après Bart De Wever, c’est une autre pointure de la N-VA, le ministre-président flamand Matthias Diependaele, qui se prend à rêver à la reconstitution des Pays-Bas d’antan, et d‘unir la Belgique aux actuels Pays-Bas. Un rêve, puisque ni en Wallonie, ni à Bruxelles, ni aux Pays-Bas, on ne bondit de joie à cette idée.
Imaginons quand même ce scénario de politique-fiction et fusionnons la Belgique et les Pays-Bas en un seul État. À première vue, cela ressemble à un rêve d’économistes : deux économies ouvertes, riches, densément peuplées, avec des infrastructures portuaires parmi les plus stratégiques du monde.
Un hub commercial géant
Avec un PIB cumulé de 1.750 milliards d’euros environ, les Pays-Bas reconstitués présentent un bloc qui dépasserait l’Espagne et talonnerait l’Australie. En termes de population, le pays aurait 30 millions d’habitants : une taille moyenne, comparable au Canada, mais sans ses ressources naturelles. Le PIB par habitant serait d’environ 58.000 euros, supérieur à la France et proche de l’Allemagne.
Mais là où l’union entrerait dans la cour des très grands, ce serait au niveau commercial. Avec 1.050 milliards d’euros d’exportations (soit 1.200 milliards de dollars), ce nouvel État deviendrait l’un des plus grands hubs commerciaux du monde, grâce à Rotterdam et Anvers. Les Pays-Bas unifiés seraient le quatrième exportateur mondial, derrière l’Allemagne (1.600 milliards) de dollars mais devant le Japon (710 milliards). Une position stratégique dans les chaînes de valeur mondiales, renforcée par une balance courante largement excédentaire, ce qui lui donnerait une stabilité macroéconomique enviable.
Un cauchemar administratif
Côté innovation, la fusion propulserait le nouvel ensemble dans le top 10 mondial, combinant la puissance technologique néerlandaise (Eindhoven, ASML) et les pôles belges (IMEC, biotech).
Mais évidemment, une union belgo-néerlandaise devrait gérer des fractures linguistiques, même entre Néerlandais et Flamands, dont les langues ne sont pas totalement similaires, puisque certains feuilletons flamands ont été diffusés aux Pays-Bas avec sous-titres. Mais ce sont les différences culturelles et institutionnelles qui sont les plus importantes. Les Pays-Bas sont habitués à une gouvernance pragmatique et décentralisée ; la Belgique, à des compromis communautaires complexes. Fusionner les deux systèmes serait un cauchemar administratif.
Catholiques et protestants
La responsabilisation de la population est aussi très différente, reflétant un grand écart culturel : aux Pays-Bas, par exemple, ce sont les ménages qui ont pris de plein fouet la hausse des prix de l’énergie. En Belgique, l’État est intervenu massivement. Le rôle très différent de l’État se traduit d’ailleurs dans les chiffres des finances publiques, avec une Belgique courbant sous le poids d’une dette publique représentant 107% du PIB, alors qu’avec une dette représentant 47% de son PIB, les Pays-Bas sont parmi les plus frugaux des pays frugaux d’Europe, traduisant toujours cet écart entre le catholicisme ostentatoire du Sud et l’austérité protestante du Nord.
Pour cette seule raison, on voit mal les Pays-Bas accepter de reprendre l’endettement massif des Belges !
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