Quand bpost devient la métaphore des blocages qui handicapent la Wallonie
La crise au sein de l’entreprise publique, autour de la distribution de la presse, met le doigt sur un fossé nord-sud préjudiciable: grèves plus importantes, difficultés francophones à trouver un accord… Il y a des raisons objectives, peut-être, mais les syndicats ne provoquent-ils pas ce qu’ils prétendent vouloir éviter?.
Cela fait près de deux semaines que le quotidien Le Monde n’est plus distribué en version papier à ses abonnés dans l’est du Brabant wallon. Le reste, colis et courrier, arrive au compte-goutte. C’est l’effet, toujours, de ces quatre jours de grève décidés par les syndicats pour mettre en garde au sujet de l’avenir de bpost, en raison du litige sur la distribution de la presse, et de potentielles pertes de milliers d’emplois.
La grève, bien sûr, est un droit garanti. Mais on est tout de même en droit de s’interroger: pourquoi ce mouvement syndical fut-il beaucoup plus virulent au sud du pays? Dans son éditorial de lundi, Le Soir évoquait le rôle des syndicats dans ces bâtons francophones que l’on donne pour se faire battre au nord du pays, en donnant des arguments que l’on donne aux partisans du confédéralisme. Ce n’est pas faux.
Peut-être faut-il chercher une partie de la réponse à cette virulence dans cette surenchère à gauche à laquelle on assiste en Belgique francophone. PS et Ecolo rivalisent de slogans pour freiner un PTB qui, lui, a tranquillement infiltré des pans entiers de la société wallonne, à commencer par les milieux étudiants et les syndicats, précisément. En attendant, c’est un fait: cela a bloqué davantage au sud…
Un accord qui se fait attendre au sud
Après la grève, les solutions. Là encore, la Flandre avance tandis que la Wallonie se fait attendre. Après quatre mois de discussions, les éditeurs flamands et bpost on trouvé un accord: à partir du 1er juillet, cette distribution des journaux quotidiens sera progressivement transférée ves les AMP (Agence et messageries de la presse), déjà en charge de l’acheminement vers les libraires. En Wallonie, toujours pas de fumée blanche.
Un transfert “progressif”: c’est ce que les syndicats flamands ont accepté pour “lisser” l’effet de cette évolution, les conditions de travail étant meilleures au sein de bpost que chez AMP. Du côté des syndicats francophones, pas question d’envisager ce saut. La piste AMP est balayée.
Si l’accord sur la distribution de la presse est plus difficile à trouver du côté francophone, c’est aussi pour deux raisons objectives. Premièrement, le territoire est plus grand et moins bien desservi, et ce alors que ce sont surtout les zones reculées qui pose problème pour le modèle économique. Deuxièmement, la masse des journaux à distribuer est moins importante au sud qu’au nord, reflet d’une tradition de lecture et… d’un niveau économique différents.
Mais tout de même…
Provoquer ce que l’on prétend vouloir éviter
Il reste deux mois pour trouver un accord entre éditeurs francophones et bpost. La piste AMP étant écartée, on attend les premiers attendent une nouvelle offre de bpost. Mais celle-ci risque bien d’être plus onéreuse et forcer les éditeurs à trouver, à terme, une solution propre en écartant l’entreprise publique.
Les blocages, alors, auront provoqué ce qu’ils prétendent éviter: une difficulté supplémentaire pour bpost. Comme une métaphore, c’est vrai, de ce confédéralisme que l’on prétend vouloir éviter en faisant tout pour le provoquer. Une histoire belge francophone.
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