Le secteur est vital pour la Belgique: l’industrie pharma représente environ 50 % des exportations belges totales vers les États-Unis, pour environ 16,4 milliards d’euros.
Nouvelle offensive protectionniste de Donald Trump. Le président américain a annoncé ce mardi, sur la chaîne CNBC, son intention d’imposer des droits de douane massifs — jusqu’à 250 % — sur les produits pharmaceutiques importés aux États-Unis. Objectif affiché : forcer les grands groupes à relocaliser leur production sur le sol américain, un secteur stratégique que Washington estime désormais lié à la sécurité nationale.
Une montée en puissance tarifaire programmée
Trump prévoit d’introduire dans un premier temps une “petite taxe” sur les médicaments importés. Mais dans un délai d’un an à un an et demi, ce taux pourrait grimper progressivement à 150 %, puis à 250 %. “Nous allons, d’abord, mettre un droit de douane bas sur les produits pharmaceutiques, mais, dans un an, un an et demi maximum, cela sera 150% et ensuite ce sera 250% parce qu’on veut des médicaments fabriqués dans notre pays”, a déclaré le chef de l’État dans une interview à la chaîne de télévision CNBC.
Ce serait alors le tarif le plus élevé jamais envisagé par son administration dans ce domaine.
Une pression directe sur les big pharma
Cette pression tarifaire vise à modifier les chaînes de valeur mondiales de l’industrie pharmaceutique, dont la production s’est massivement déplacée en Asie depuis 30 ans. Ces derniers mois, plusieurs groupes comme Eli Lilly ou Johnson & Johnson ont annoncé de nouveaux investissements aux États-Unis, sans doute pour éviter de futures sanctions et gagner du capital politique.
Trump justifie cette approche en affirmant vouloir “des médicaments fabriqués dans notre pays”, insistant sur la nécessité de renforcer la souveraineté industrielle dans le domaine de la santé.
Un coup de semonce qui inquiète l’industrie, car cela pourrait faire grimper les coûts pour les patients, décourager l’investissement local et perturber les chaînes d’approvisionnement, déjà fragilisées par la pandémie et les tensions géopolitiques.
À cela s’ajoutent les initiatives de Trump en matière de régulation des prix, comme le décret sur la “nation la plus favorisée”. Celui-ci propose d’indexer le prix des médicaments américains sur les tarifs les plus bas pratiqués dans les pays développés — une mesure que l’industrie juge impraticable.
Des exigences claires, une échéance proche
La semaine dernière, Trump a également envoyé une lettre à 17 laboratoires, leur demandant de s’engager à baisser les prix des médicaments aux États-Unis d’ici le 29 septembre. Il exige, entre autres, que tous les médicaments disponibles soient proposés aux patients de Medicaid au tarif le plus bas constaté à l’international.
Certaines entreprises ont déclaré être en train d’analyser ces demandes. Mais l’industrie, déjà sous tension face aux incertitudes électorales, sait qu’elle pourrait être au centre du jeu économique et diplomatique dans les mois à venir. En avril, la Maison-Blanche avait déjà lancé une enquête au titre de la Section 232, qui permet de restreindre des importations jugées dangereuses pour la sécurité nationale, notamment en cas de dépendance excessive à l’étranger.
En Europe, depuis la signature de l’accord entre les États-Unis et l’Europe, le secteur du Pharma ne sait toujours pas à quel saint se vouer. Car les interprétations de l’accord divergent. Dès l’annonce faite, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, et le président américain, Donald Trump, ont envoyé des signaux contradictoires. C’est donc l’incertitude, encore et toujours, comme une arme de chaos et de pouvoir. Or l‘incertitude n’est jamais une bonne chose, surtout pour l’”investissement”, commente Caroline Ven, la CEO de pharma.be, l’association belge de l’industrie du médicament.
L’exemple d’AstraZeneca
Suite à la conclusion de l’accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni, le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca avait annoncé le 22 juillet qu’il prévoit d’investir 50 milliards de dollars pour la fabrication de médicaments et la recherche et développement d’ici 2030 aux États-Unis, où plane la menace de droits de douane de Donald Trump sur le secteur.
Cet investissement “renforce notre confiance dans l’innovation américaine sur les produits biopharmaceutiques et notre engagement envers les millions de patients qui ont besoin de nos médicaments en Amérique et dans le monde”, a assuré lors de cette annonce le directeur général d’AstraZeneca, Pascal Soriot.
“Depuis des décennies, les Américains dépendent de l’approvisionnement étranger en produits pharmaceutiques essentiels, soulignait alors le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick. Le président Trump et les nouvelles politiques tarifaires de notre pays visent à remédier à cette faiblesse structurelle”.