Produire des drones tueurs “comme des meubles Ikea”, à l’heure d’un salon de la défense et d’un inacceptable plan de paix

Un drone russe de type Shahed en Ulraine: cetet technologie est devenue cruciale sur le champ de bataille. BELGA
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La tension est immense autour du front ukrainien. Un entrepreneur belge vient de lever des fonds au Slush, à Helsinki, en vue d’une production massive de drones tueurs, pour protéger l’Europe et l’Ukraine. Entretemps, un salon de la défense va être créé à Bruxelles. Le plan russo-américain, lui, indispose les Européens. Un engrenage?

La phrase tombe, déterminée: “Nous avons la technologie pour produire massivement des drones de dix centimètres équipés d’une charge explosive qui vont reconnaître, sur base de la reconnaissance faciale, la personne à exploser”. C’est froid, cinglant et motivé par une situation internationale alarmante.

Le Belge Geoffrey Mormal, CEO d’ALX Systems, était présent cette semaine au Slush, l’incroyable salon des nouvelles technologies à Helsinki, avec le soutien de l’Agence wallonne à l’exportation (Awex). Il y a reçu plusieurs promesses d’investissements.

Sa conviction est claire: il faut développer des moyens pour arrêter l’offensive russe en Ukraine, voire pour nous défendre nous-mêmes, car les armées européennes ne sont pas prêtes. Et la Russie, avec des alliés, pourrait être tentée par l’aventure…

“Des drones façon Ikea”

“Nous proposons des drones chasseurs de drones, des drones kamikazes et nous voulons lever des fonds pour entamer cette production de masse, explique-t-il. Non seulement des drones sont prêts, mais on peut les assembler pour une bouchée de pain en moins d’une heure. C’est comme un meuble Ikea, on peut le faire dans jamais avoir fait ça de sa vie.”

Geoffrey Mormal proposait avant cela des drones pour aider l’agriculture, mais le succès ne fut pas au rendez-vous. Ici, les marques d’intérêt témoignent de l’urgence. Des contacts ont également été noués avec des producteurs ukrainiens pour gagner du temps et intégrer rapidement l’intelligence contenue sur ces drones dans les combats. “Ils sont très bons en production, mois en pointe sur la technologie.”

“La situation géopolitique est très préoccupante, insiste-t-il. Dans notre production, tous les composants sont européens et nous ne livrerons qu’à l’Europe. Nous devons même éviter tous les matériaux américains.” À Helsinki, les intérêts de fonds d’investissements étaient importants pour cette solution qui permettrait de développer des drones à moindre coût, y compris dans des caves ou des remarques si l’Europe était elle-même attaquée.

Il y a de quoi être inquiet, soutient le droniste, tant les armées européennes ne sont pas prêtes, surtout en raison de leur incapacité à développer une interopérabilité rapide.

Un salon et un plan inacceptable

L’écho de ces entretiens inquiétants menés à Helsinki revient lorsque l’on entend l’ambition défendue par deux hommes, Joan Condijts (Deficaom) et Yassine Rafik (entrepreneur et, par ailleurs, conseiller proche du MR) d’organiser un salon européen de la défense à Bruxelles. Objectif? “Positionner Bruxelles sur la carte mondiale de la défense”, disent-ils à L’Echo. Le Bedex (Brussels European Defense Exhibition) devrait avoir lieu en mars au Heysel.

Les industries européennes répondent aux investissements annoncés par les gouvernements européens, même si les contrats tardent. Aux yeux de Geoffrey Mormal, le problème est précisément que l’Europe raisonne en termes de revenus financiers, pas assez en termes stratégiques pour se préparer au combat.

En toile de fond de ces préparatifs, le nouveau plan russo-américain proposé à l’Ukraine laisse songeur. Il est question de cessations de la Crimée, du Donbass et des territoires occupés dans les deux autres oblasts, mais aussi d’une armée ukrainienne réduite à 400 000 hommes ou d’une adhésion impossible à l’OTAN. “Pas question d’accepter une capitulation”, ont déjà réagi les Européens.

En attendant, les drones de Geoffrey Mormal vont accélérer leur cadence.

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