Proclamé roi, Charles III endosse les “lourdes responsabilités” de la couronne
Lors d’une cérémonie historique alliant trompettes, prestation de serment et salves de canons, Charles III a été proclamé roi samedi à Londres, endossant les “lourdes responsabilités” de la couronne avec l’exemple “inspirant” de sa mère Elizabeth II.
Dans la plus grande solennité et dans le respect au millimètre du protocole et de la tradition, Charles III s’installe comme chef d’État avec pour lourde tâche de succéder à une monarque ultrapopulaire qui avait montré un sens du devoir à tout épreuve et su préserver la monarchie au fil de ses 70 ans de règne, le plus long de l’histoire du Royaume-Uni.
“Le prince Charles Philip Arthur George est maintenant, par la mort de notre dame souveraine d’heureuse mémoire, devenu notre Charles III… God save the King (Que Dieu garde le Roi)”, a proclamé le Conseil d’accession, réuni au palais Saint-James. L’assemblée a alors répété: “God save the King”.
Charles III a ensuite prêté serment. “Le règne de ma mère a été inégalé dans sa durée, son dévouement et sa dévotion (…) Je suis profondément conscient de ce grand héritage, des devoirs et des lourdes responsabilités de la souveraineté, qui me sont désormais transmis”, a-t-il déclaré.
“En assumant ces responsabilités, je m’efforcerai de suivre l’exemple inspirant qui m’a été donné”, a-t-il poursuivi.
La cérémonie, télévisée pour la première fois, a eu lieu au palais Saint-James en présence de la nouvelle reine consort Camilla, du nouvel héritier du trône William, de la Première ministre Liz Truss et de plusieurs de ses prédécesseurs. La précédente avait eu lieu en 1952, quand Elizabeth II avait été proclamée reine.
Ce Conseil d’accession est une formalité séculaire visant à reconnaître la souveraineté du nouveau roi, même si celui-ci est devenu automatiquement monarque après le décès de la reine.
À l’issue de la cérémonie, trompettes et cors ont retenti et Charles III a été proclamé roi en public sur le balcon du palais Saint-James, devant un parterre de gardes en emblématiques uniformes rouges. Puis des coups de canon ont été tirés dans tout le Royaume-Uni en l’honneur du nouveau souverain.
La proclamation a ensuite été relayée par une demi-douzaine de hérauts en calèche dans Londres.
“Stabilité”
Plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant Saint-James, comme Sarah et Gerard Berdien, deux Londoniens de 53 et 54 ans, venus avec l’espoir de voir leur nouveau roi.
“Je suis triste mais on doit aller de l’avant. Je pense que le roi sera différent (…) La reine a toujours été la reine, toujours la même, pas de drame”, a dit Sarah. “C’est ce qu’on attend de lui (…) On veut de la stabilité”, a renchéri Gerard.
Au Parlement, députés et Lords ont ensuite prêté allégeance au nouveau souverain. Dans l’après-midi, le nouveau roi recevra la Première ministre, les principaux ministres et les chefs de l’opposition.
Charles III accède au trône dans une période difficile, le Royaume-Uni étant confronté à la pire crise économique de ces 40 dernières années, alors que quatre Premiers ministres se sont succédé en six ans.
À 73 ans, il est le monarque britannique le plus âgé au début de son règne.
“C’est le moment que je redoutais”, a concédé le souverain en recevant vendredi la Première ministre Liz Truss pour la première fois.
Ovationné
Charles III est infiniment moins populaire que sa mère, qui avait su maintenir le prestige de la monarchie, ne donnant aucune interview et gardant ses opinions pour elle jusqu’à son décès jeudi dans sa résidence écossaise de Balmoral.
Pas question pour autant de passer le relais à son héritier William, désormais prince de Galles, comme certains l’envisageaient ces dernières années. Dans sa première allocution vendredi soir, il a promis de servir les Britanniques toute sa vie, comme sa “maman chérie” Elizabeth II l’avait fait à son 21e anniversaire.
Des portraits de Charles sont à la une de tous les journaux samedi, qui louent son premier discours. “Je m’efforcerai de servir avec loyauté, respect, amour” : cette citation de Charles barre les couvertures de The Independent, du Guardian, du Financial Times.
Pour le tabloïd The Sun, le discours a apaisé certaines craintes que Charles ne soit pas en mesure de combler le vide laissé par le décès d’Elizabeth II. “Charles, avec son premier discours émouvant, nous a donné toute confiance qu’il remplira ce rôle avec sagesse, compétence et compassion”, lit-on dans son éditorial. “Nous avons parfois craint qu’il ne soit un roi militant, un risque pour l’avenir de notre monarchie. Mais plus maintenant”, ajoute le texte.
Le nouveau roi a été ovationné, à son arrivée à Buckingham vendredi après-midi, à son retour d’Écosse. Accompagné de son épouse Camilla, devenue reine consort, il a serré les mains de dizaines de personnes pressées contre des barrières devant le palais.
Des milliers de personnes ont afflué depuis l’annonce de la disparition d’Elizabeth II pour déposer bouquets de fleurs et mots d’hommage devant les résidences royales, reflétant l’émotion immense au Royaume-Uni et à l’étranger depuis son décès.
Le roi a fait savoir que le deuil royal – qui concerne la famille, le personnel et les représentants de la maison royale – durerait jusqu’à sept jours après les funérailles de la reine. La date, autour du 19 septembre, n’a toujours pas été annoncée mais Charles a déjà décrété un jour férié pour marquer l’occasion.
Le deuil national, décrété par le gouvernement, doit lui durer jusqu’au jour des funérailles. La reine sera inhumée en privé dans la chapelle du château de Windsor. Son cercueil devrait être auparavant transféré dimanche à Edimbourg, où le public aura une première occasion de se recueillir.
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