Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Poutine, stratège de pacotille ?
Et si Poutine était en train de perdre la guerre ? La question n’est plus du tout saugrenue aujourd’hui.
Les experts le remarquent, Poutine a adopté une nouvelle stratégie qui consiste à diriger les frappes militaires contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Ce qu’il veut, c’est faire plier ce pays en faisant greloter de froid sa population. Comme le faisait remarquer Michel Goya, un ancien colonel aujourd’hui retraité, Poutine espère que ce soit le général hiver qui gagne cette guerre. Poutine a tort, car sur place, la détermination des Ukrainiens est sans faille et ils n’accepteront pas de se rendre parce qu’ils ont froid.
En réalité, ce que le monde découvre, c’est que Poutine a commis une immense erreur en envahissant l’Ukraine. Lui qui se plaignait d’être encerclé par l’OTAN, il a redonné une vie à l’OTAN. Je rappelle que Trump ne voulait plus financer cette Alliance et que le président Macron avait osé dire que l’OTAN est en état de mort cérébrale. Grâce à l’erreur magistrale de Poutine, l’OTAN s’est réveillée : les Etats-Unis ont envoyé 100.000 GI’s en Europe, la Suède et la Finlande, jadis deux pays neutres, ont demandé à adhérer à l’OTAN.
Quant à Poutine qui nous vendait du gaz, il doit se mordre les lèvres. Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis qui nous vendent – cher d’ailleurs – leur gaz. C’est ce qu’on appelle un fiasco complet. Sans compter que le monde découvre que l’une des armées supposées être l’une des plus puissantes au monde est une armée de pieds nickelés. A croire, comme le disait un commissaire européen, que les seules armes russes valables ont été exportées ne laissant que les plus mauvaises pour l’armée régulière. Ce qui ne serait pas étonnant vu l’état de corruption de ce pays.
Mais revenons à la vraie question que se posent aujourd’hui les industriels européens. Quand donc va s’arrêter cette guerre ? La réponse à cette question conditionne la reprise économique en Europe. Aujourd’hui, les Ukrainiens sont gonflés à bloc, car ils reprennent une partie du territoire pris par l’armée russe. Certains sont tellement enthousiastes qu’ils espèrent revenir à la situation avant l’annexion de la Crimée. C’est compréhensible, mais quel est le dirigeant russe – et je ne parle donc pas uniquement de Poutine – qui pourrait rester au pouvoir en ayant perdu l’Ukraine, mais aussi la Crimée ? La réponse : aucun. De même, quel est le dirigeant ukrainien qui pourrait se contenter de revenir aux frontières telles qu’elles existaient avant le 24 février 2022, date de l’attaque russe – réponse : aucun.
Pour savoir si nous aurons encore un autre hiver plein d’incertitudes, ce que personne ne souhaite, il faut comme l’écrit Dominique Moisi, un spécialiste en géopolitique, inventer un accord qui donne le sentiment aux Ukrainiens “qu’ils ont gagnés” et aux Russes qu’ils “n’ont pas perdu”. Et c’est malheureusement une forme de compromis impossible à trouver… pour le moment.
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