Pourquoi les soins de santé vont forcément trinquer dans le budget 2026

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Faute d’accord au sein de l’Inami, le gouvernement a la main pour imposer un milliard d’économies. Les mutuelles sont dans le viseur pour les malades de longue durée. Le PS dénonce l’austérité. Mais ces coupes sont inévitables…

Les soins dans santé vont trinquer dans le cadre du budget 2026, en cours de négociation. Forcément. C’est écrit par la majorité Arizona et cela semble inéluctable. Le PS, lui, dénonce de “l’austérité” et parle de deux milliards en moins d’ici 2029.

Qu’en penser?

Pas d’accord à l’Inami

Avant toute chose, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), avait proposer une épure au Comité d’assurance de l’Inami, qui réunit les acteurs du secteur. Il était question d’un effort de 907 millions d’euros, une “charnière” avant de redégager des marges dans la deuxième partie de la législature.

Parmi les dossiers sur la table, le gouvernement proposait un effort partagé entre secteur pharmaceutique (275 millions), médecins et hôpitaux (200 millions), mais aussi patients via une augmentation du ticket modérateur d’un euro.

Les prestataires de soins ont rejeté la proposition, estimant ne pas vouloir être “les banquiers la sécurité sociale”, surtout après le report d’un an de l’augmentation du ticket modérateur.

“20 à 30% plus chers”

Commentaire du Collège intermutualiste national: “Il n’est pas réaliste de voir économiser 907 millions dans le secteur des soins de santé.”

C’est pourtant quasiment inévitable. Alexia Bertrand (Open VLD) parlait sans tabous, au début de cette législature après avoir été en charge du budget: “Selon le FMI, nous sommes 20 à 30% plus cher que la moyenne de l’Union européenne et l’OCDE, à service équivalent. Dans le privé, si une entreprise est 20 à 30% plus chère avec le même produit, il y aurait une réunion de crise. On prend les gens pour des imbéciles!”

Impossible, disait-elle, d’éluder le débat. En tout, notre protection tous risques représente 140 milliards en 2024 – financés par les cotisations sociales et auxquels s’ajoutent les 51 milliards du fédéral. Les pensions représentent 69 milliards, les soins de santé 38 milliards, les malades de longue durée 14 milliards et le chômage six milliards. “Le constat est clair : il faut faire des réformes!”

Contrôler les malades de longue durée

Une étude de l’Inami a, par ailleurs, mis le feu aux poudres politiques, la semaine dernière. Réalisée en 2024, elle pointait du doigt la situation des malades de longue durée.

 “Sur 768 dossiers contrôlés concernant des personnes bénéficiant d’une reconnaissance d’invalidité jusqu’à l’âge de la pension et dont la pathologie n’est pas considérée comme irréversible, seuls 16,7 % ont été confirmés, s’étranglait le MR. Même pas un dossier sur cinq! Par contre, 83 % des gens ne sont pas dans les conditions pour garder cette indemnité jusqu’à leur retraite.”

Les libéraux veulent donc réaliser un milliard d’économies dans ce domaine. Et prendre le relais des mutuelles pour le contrôle, le cas échéant.

“Les mutuelles sont laxistes et elles sont même complices de ce système, disait Davd Clarinval à La Libre. Contrôler convenablement, cela coûte de l’argent. Les mutuelles n’ont pas intérêt à contrôler sérieusement. Et si un faux malade est détecté, ce n’est pas la mutuelle qui réalise l’économie, mais l’État. Les mutuelles ne sont donc pas incitées à agir. Il y a une réelle inefficacité dans le secteur et des abus. Le MR propose donc de retirer le contrôle des malades en invalidité des mains des mutuelles. On veut que ce soit l’Inami qui le fasse. Il n’est pas normal que l’on paie des impôts pour de faux malades.”

Le PS s’étrangle

Dans l’opposition, le PS dénonce une cure d’austérité: “Le gouvernement Arizona veut imposer plus de 2 milliards d’euros d’économies dans les soins de santé d’ici 2029. Rien que pour 2029, près d’un milliard d’euros de coupes sont déjà programmées. Un milliard économisé sur la santé des citoyens, sur le dos des soignants, des hôpitaux et des patients!”

Évoquant l’échec de la concertation au sein de l’Inami, la députée Caroline Désir tonne: “Ce blocage, c’est la conséquence directe de l’entêtement du gouvernement Arizona. On demande l’impossible à nos hôpitaux, à nos soignants et à nos mutualités. Les efforts exigés sont irréalistes, irréalisables et socialement inacceptables.”

La question consiste à savoir… s’il serait réellement possible de faire autrement.

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