Pourquoi le travail est-il plus taxé que l’immobilier ou le capital en Belgique ?

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En Belgique, les revenus ne sont pas tous taxés de la même manière. Si vous travaillez, vous l’avez sans doute remarqué sur votre fiche de paie : une grande partie de ce que vous gagnez part en impôts et en cotisations sociales. C’est normal… mais c’est aussi très déséquilibré par rapport à d’autres types de revenus, bien que des réformes soient en cours.

La Belgique est l’un des pays d’Europe où le travail est le plus taxé.En 2023, les impôts sur les salaires représentaient plus de 40 % du produit intérieur brut (PIB), un record au sein de l’OCDE. En 2024, le « coin fiscal » (tax wedge, en anglais) pour un travailleur célibataire moyen était toujours supérieur à 52 % en Belgique, un chiffre nettement plus élevé que la moyenne de l’OCDE (environ 35 %). Le « coin fiscal » est un indicateur économique qui mesure la différence entre le coût total du travail pour l’employeur et le salaire net reçu par le travailleur, en pourcentage de ce coût total. Autrement dit, c’est la part du coût salarial total qui est prélevée par l’État sous forme d’impôts et de cotisations sociales (tant celles payées par l’employeur que celles payées par le travailleur). clair, les salaires sont fortement ponctionnés, bien plus que les revenus issus du capital ou de l’immobilier, bien que de nouvelles mesures visent à rééquilibrer cette situation.

Des revenus financiers désormais davantage sous surveillance


Contrairement aux idées reçues, les revenus financiers (intérêts, dividendes…) sont souvent bien moins taxés que le travail. Les plus-values réalisées sur la vente d’actions ou d’obligations, par exemple, ne sont traditionnellement pas imposées si elles sont considérées comme faisant partie de la gestion « normale » de son patrimoine privé. En d’autres termes, une personne physique qui investit et revend des actions avec un gain ne payait généralement aucun impôt sur ce bénéfice dans ce cadre.

Les revenus du capital continuent de bénéficier d’une fiscalité forfaitaire relativement avantageuse, comme le précompte mobilier de 30 % appliqué aux dividendes ou aux intérêts. De plus, certaines formules d’épargne, comme les livrets réglementés, bénéficient encore d’un plafond d’exonération d’impôt (1 050 euros par personne pour 2025).

Cependant, le gouvernement fédéral a annoncé une réforme fiscale visant à une taxation plus équitable des revenus du capital. À partir de 2025, une “contribution de solidarité” de 10 % est introduite sur les plus-values réalisées sur certains actifs financiers (comme les actions et les cryptomonnaies), avec une exemption pour les premiers 10 000 euros de plus-value par personne. Ces changements visent à réduire les avantages fiscaux liés au capital.

L’immobilier, un cas à part en pleine mutation

L’immobilier se situe entre les deux. D’un côté, les loyers issus de la location de biens à usage privé ne sont généralement pas imposés sur leur montant réel, mais sur le revenu cadastral indexé — une base souvent bien inférieure à la réalité du marché. Et lorsqu’un particulier revend un bien après l’avoir conservé plus de cinq ou huit ans (selon qu’il s’agisse d’un terrain ou d’un bâtiment), la plus-value échappe en grande partie à l’impôt.

Mais d’un autre côté, l’achat d’un bien immobilier entraîne des frais importants : les droits d’enregistrement. À partir du 1er janvier 2025, ces droits connaissent des évolutions significatives :

  • En Wallonie, les droits d’enregistrement pour l’achat d’une habitation propre et unique passent de 12,5 % à 3 %. Cette réforme s’accompagne de la suppression de certains avantages fiscaux antérieurs, comme le “chèque-habitat”.
  • À Bruxelles, les droits d’enregistrement restent à 12,5 %, mais un abattement substantiel est toujours en vigueur pour l’achat d’une résidence principale.
  • En Flandre, les droits d’enregistrement pour une habitation propre et unique sont réduits à 2 %.

Il faut également ajouter le précompte immobilier, un impôt régional payé chaque année sur base du revenu cadastral indexé. Le coefficient d’indexation du revenu cadastral a été augmenté pour 2025, entraînant une hausse de cet impôt.

Enfin, des changements sont en cours : à partir de 2025, de nombreux avantages fiscaux liés à l’immobilier, y compris la déductibilité de certains intérêts d’emprunt pour les investissements immobiliers (hors résidence principale), sont revus à la baisse ou supprimés. Cette mesure, qui vise à limiter les avantages fiscaux liés à l’achat de biens locatifs, pourrait rendre l’investissement immobilier moins intéressant pour certains.

Un débat récurrent sur l’équité fiscale qui se concrétise

Ce déséquilibre entre les types de revenus a été et reste régulièrement critiqué, notamment pour des raisons d’équité. Pourquoi taxer lourdement le travail, alors que d’autres formes de revenus — souvent détenues par les ménages les plus aisés — y échappaient en grande partie ?

Ces questions sont au cœur des débats sur une réforme fiscale que plusieurs partis appellent de leurs vœux. L’enjeu : rendre la fiscalité plus équilibrée, sans freiner l’investissement ni grever les budgets publics. Les dernières mesures adoptées et celles qui prendront effet en 2025 montrent une volonté politique d’agir sur cette question, même si le débat sur l’ampleur et l’impact de ces changements reste ouvert.

A lire: L’impôt en Belgique, combien, comment, pourquoi ?

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