Oui, la réforme du chômage est une bonne chose, souligne l’Union des classes moyennes (UCM). Mais si l’on ne tient pas compte des besoins réels des entreprises, le modèle risque d’être “intenable” et provoquer une “instabilité”dont les entreprises payeront le prix.
Limitation des allocations de chômage dans le temps, suite et certainement pas fin. L’UCM, qui représente les PME et les classes moyennes, salue la décision prise par le gouvernement De Wever. Mais elle demande que l’on tienne compte des besoins réels du marché de l’emploi.
“Pour les PME, ce signal est a priori positif, écrit sa secrétaire générale, Caroline Cleppert, sur LinkedIn. Mais si cette réforme est mise en place sans tenir compte des besoins des PME, elle risque d’aboutir à une réalité très différente sur le terrain.”
Un “modèle intenable”
A partir de 2026, les allocations de chômage seront limitées dans le temps, avec une mise en place progressive qui pourrait concerner plus de 115.000 personnes dès les premières vagues, rapelle-t-elle. L’objectif affiché est de favoriser l’activation et de stimuler le retour à l’emploi. Il s’agit d’arriver à un taux d’emploi de 80% d’ici à la fin de la législature en 2029, contre 72% actuellement.
“Pour les PME, embaucher du personnel insuffisamment formé et perdre des mois à lui (faire) inculquer les compétences normalement attendues dès le premier jour de travail est un modèle intenable, souligne Caroline Cleppert. Cette réalité est d’autant plus criante pour les métiers en pénurie.”
L’UCM demande donc que les spécificités des PME soient prises en compte, insiste-t-elle. “Celles-ci ont besoin de collaborateurs pleinement opérationnels dès leur entrée en fonction. Il est donc essentiel que les chercheurs d’emploi qui suivent une formation dans un métier en pénurie conservent structurellement leurs allocations de chômage pendant cette période.”
Une activation “durable”
Les entreprises ne cachent pas leurs inquiétudes à l’idée de voir arriver sur le marché du travail des candidats peu motivés, exclus du chômage et peu adaptés à une économie nécessitant agilité, flexibilité et passion.
“Les PME ne manquent pas de postes à pourvoir, souligne la secrétaire générale. Elles manquent de candidats formés, prêts à s’engager dans des fonctions qui exigent technicité, fiabilité, adaptabilité. Or, une réorientation professionnelle prend du temps. Dans de nombreux secteurs en pénurie (construction, soins de santé, numérique), les formations qualifiantes durent entre 6 mois et 2 ans.”
Autant dire que le délai prévu par le gouvernement De Wever ne laisse guère de temps pour une formation efficace. Les Régions et les pouvoirs locaux doivent jouer un rôle crucial.
“Les compléments financiers pour les chercheurs d’emploi qui se forment, mis en œuvre et financés par les Régions depuis quelques années déjà – et pouvant monter jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois-, deviendront centraux dans la stratégie d’activation par la formation, insiste-t-elle. Ce pour autant que les budgets puissent suivre face à cette régionalisation de l’indemnisation.”
Et de préciser: “Le gouvernement a prévu des exceptions pour les formations vers les métiers en pénurie, mais temporairement jusqu’au 31 décembre 2025. Cette fenêtre est trop courte: il faut continuer à soutenir la formation dans les métiers en pénurie après cette date.”
Une “vraie instabilité”
Le risque est clair, selon l’UCM: une fausse sortie du chômage et une vraie instabilité pour les PME.
“Aujourd’hui déjà, 40 % des chefs d’entreprise estiment que les difficultés de recrutement freinent leur croissance, conclut Caroline Cleppert. Demain, si les réformes de l’emploi ne sont pas accompagnées d’une montée en puissance de la formation, ce chiffre grimpera encore, alimentant un cercle vicieux de pénurie et de sous-emploi.”