Polémique Jeholet – PTB sur le voile: sale campagne et blocage annoncé…

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Depuis dimanche midi, le monde politique francophone s’étripe sur un incident provoqué par une attaque qualifiée de “raciste” contre un député PTB. On sème la désunion et on prépare un blocage de longue durée. En oubliant que les enjeux du 9 juin sont hautement préoccupants.

C’est une petite phrase qui tourne en boucle sur tous les sites d’informations, depuis dimanche midi. Assénée par Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre-président francophone, lors d’un débat face au député PTB Nabil Boukili: “Il y a des règles et on les respecte. Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique.”

L’enjeu, pour ceux qui auraient raté la séquence, concerne le port du voile dans la fonction publique. “Le voile ne doit pas être un motif de discrimination”, soulignait le député d’extrême gauche en comparant son interdiction en Belgique… avec l’attitude de l’Iran, rien que ça. Voilà ce qui a fait sortir Jeholet de ses gonds. Comparer la Belgique à l’Iran, il fallait oser!

Sur le fond, l’invective et ce qu’elle a provoqué posent question. Et entraînent une série de considérations importantes, à une semaine du scrutin.

“Racisme” ou “principe fondateur”

La réplique du libéral a fait l’objet d’une polémique s’apparentant à une tempête en cette fin d’une sale campagne. “Le racisme abject du Ministre MR Jeholet est indigne et porte atteinte aux fondements les plus essentiels de nos valeurs démocratiques“, assène Ahmed Laaouej (PS). “C’est du racisme et nous attendons des excuses”, clame Rajae Maouane, coprésidente d’Ecolo.

Le reste est à l’avenant. Pierre-Yves Jeholet a dû se fendre d’un long message pour se justifier. Extrait: “La Belgique est un pays accueillant, chaque citoyen, qu’il soit Belge ou étranger, y est respecté et doit bénéficier d’un respect égal quelles que soient ses convictions personnelles. Dans le même temps, le vivre ensemble repose aussi sur un socle commun de droits et d’obligations. Tel est l’unique sens de mon propos.”

Conclusion: “Toute autre interprétation relève de la mauvaise foi qui n’anime que ceux qui pensent avoir un intérêt politique à ne pas comprendre.”

“A aucun moment Pierre-Yves Jeholet n’a tenu une attaque personnelle ou un propos raciste, appuie Georges-Louis Bouchez, président du MR. En Belgique, la neutralité de l’Etat est un principe fondateur de notre vivre ensemble. Et dans les Pays où cette neutralité n’existe pas, le communautarisme et les tensions dans la société détruisent le tissu social.”

A vrai dire, l’analyse du président libéral n’est pas fausse. Le risque, l’air de rien, est de remettre en cause un principe fondamental de l’Etat en se cachant derrière une polémique.

Débat légitime, venin communautariste et danger PTB

Quatre considérations, au moins.

Un. Le débat sur le fond est important et légitime. Il a d’ailleurs animé la législature, que l’on se souvienne du tollé provoqué par la nomination d’une femme voilée, Ihsane Haouache, à la tête de l’Institut fédéral pour l’égalité hommes-femmes. La neutralité de la fonction publique doit être un élément central de notre démocratie et ce n’est d’ailleurs pas complètement clair dans notre législation. Le MR n’est pas le seul à la penser et le sujet… écartèle le PS, singulièrement à Bruxelles, tandis qu’Ecolo a choisi son camp.

Deux. Lors de cette campagne électorale, la polarisation fait des dégâts considérables et ne sert… que les intérêts extrémistes. Songeons à cette incroyable séquence en Fédération Wallonie-Bruxelles, avec le vote d’une réforme du décret Paysage par le PS et Ecolo, suite à une pression du PTB et avec son soutien parlementaire. En Belgique francophone, la gauche semble oublier que le PTB est un danger pour notre cohésion sociale et pour notre modèle économique

Trois. La fin de campagne est plus sale encore avec des partis fébriles, aux aguets suite aux derniers sondages, qui sautent sur toute occasion possible pour abimer l’autre. Ce fut le cas lors de la réforme du décret Paysage. Ce le fut encore lors de l’audition au Parlement de la ministre wallonne Céline Tellier (Ecolo) au sujet de la polémique des Pfas. Ce l’est encore autour de Good Move à Bruxelles. Et voilà une séquence peu glorieuse, d’autant que, oui, le communautarisme est un venin pour notre société.

Quatre. Coup de fil ce lundi matin d’une observatrice avisée de la politique, dans les milieux économiques : “Je suis très inquiète. J’ai l’impression qu’au soir du 9 juin, la situation du pays sera préoccupante alors que les défis sont majeurs.” Tout est dit.

L’arithmétique sera compliquée, c’est un fait, en raison de la montée des extrêmes, singulièrement en Flandre où la victoire annoncée du Vlaams Belang poussera pour une fracture belge. Mais aussi parce que les positions des uns et des autres risquent de rendre les relations interpersonnelles impossibles.

Tout se met en place pour un blocage de longue durée, qui serait dramatique pour le pays et son économie.

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