Plafond de la dette aux USA: Biden met en garde contre le risque d’une “crise financière historique”
L’administration Biden a mis en garde lundi contre le risque d’une “crise financière historique” si aucun accord n’est trouvé rapidement avec l’opposition républicaine sur le plafond de la dette, ce qui empêcherait les Etats-Unis d’honorer leurs engagements financiers dès la mi-octobre.
Des taux d’intérêts qui flambent brutalement et la Bourse qui plonge, des dizaines de millions de soldats et de retraités sans aucun revenu, mais aussi une nouvelle récession pour les États-Unis et des millions d’emplois détruits: la secrétaire au Trésor Janet Yellen a dépeint une vision apocalyptique dans une Tribune publiée dans le Wall Street Journal lundi.
Le plafond de la dette diffère du “shutdown”, la paralysie des services de l’Etat fédéral, qui peut survenir en fin d’année lorsque le Congrès n’arrive pas à s’entendre sur le budget.
Ne pas relever le plafond de la dette provoquerait, prévient la ministre des finances de Joe Biden, de graves dommages à l’économie américaine et, par ricochet, à l’économie mondiale, qui essaie de se relever de la crise provoquée par le Covid-19.
Le plafond de la dette est le montant de dette à partir duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, et ainsi honorer ses échéances et paiements.
En août 2019, il avait été suspendu grâce à un accord entre l’ex-président Donald Trump et les élus démocrates du Congrès. Mais cette limite est de nouveau en vigueur depuis le 1er août, à 28.400 milliards de dollars.
Dès le 8 septembre, Janet Yellen a alerté que les États-Unis pourraient être à court d’argent “au cours du mois d’octobre”.
Récurrent
C’est pourtant une fausse bataille politique qui se joue entre démocrates et républicains, car si seul le Congrès a la prérogative de relever le plafond de la dette, les démocrates ont les moyens de faire adopter seuls un nouveau plafond.
Le sujet est un marronnier de la vie politique américaine, puisque depuis les années 60, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu à 80 reprises. Au cours des quatre années du mandat de Donald Trump, trois suspensions du plafond de la dette ont été votées par le Congrès.
Mais les républicains refusent cette fois d’approuver un nouveau relèvement pour marquer leur opposition aux gigantesques plans d’investissement que veut faire adopter Joe Biden.
Les démocrates “veulent que nous les aidions à ouvrir la voie à leur programme destructeur d’emplois, ce à quoi nous nous opposons”, avait ainsi déclaré la semaine dernière le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell.
L’administration Biden, de son côté, n’a de cesse de rappeler que le plafond de la dette concerne les dépenses déjà engagées, et non celles qui n’ont pas encore été adoptées.
Opposition des républicains
“Le pays ne doit jamais faire défaut. Le plafond de la dette devra être relevé. Mais il revient à ceux que le peuple américain a élus de le faire”, avait argumenté la semaine dernière Mitch McConnell, au site d’actualité politique Punchbowl News, laissant entendre que les démocrates feraient cavaliers seuls.
Autrement dit, les démocrates sont prêts à voter eux-mêmes ce relèvement, sans attendre les voix des républicains comme ils le souhaitent, mais en utilisant une procédure permettant à la majorité de faire passer ses projets de loi avec les seules voix démocrates – ce qui est par exemple envisagé pour le plan de dépenses sociales de Joe Biden de 3.500 milliards de dollars.
“Tarder davantage” à relever la capacité d’endettement des Etats-Unis “n’est pas tolérable”, ajoute Mme Yellen. “Nous sortons tout juste de la crise. Gardons-nous de replonger dans une situation tout à fait évitable”, conclut-elle.
Les États-Unis n’ont jamais fait défaut, mais en 2011, sous l’administration Obama, l’impasse politique au Congrès avait conduit l’agence de notation Standard and Poor’s à retirer la note “AAA” à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés. Cet épisode avait “conduit l’Amérique au bord de la crise”, a rappelé Janet Yellen dans son éditorial.
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