Paul Magnette stigmatise les patrons et exaspère l’UCM

Paul Magnette . © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du PS suit bien une ligne visant à couper l’herbe sous le pied du PTB et du MR durant cette campagne, pour rester le premier. Au point de faire sortir du bois un monde patronal pourtant réservé politiquement. Il faut recontextualiser son propos. Bouchez demande des excuses.

C’est assez rare que pour être souligné. Dans un message rageur publié sur X (ex-Twitter), l’Union des classes moyennes (UCM) s’en prend vertement à Paul Magnette, président du PS, accusé de s’en prendre délibérément aux patrons et de les stigmatiser.

Le point de départ n’est autre qu’un message relayé sur les réseaux sociaux par le numéro un socialiste: “Si les gens souffrent dans leur travail, ce n’est pas à cause des chômeurs ou des étrangers, mais bien à cause de leurs patrons et des facteurs financiers. Il ne faut pas se tromper d’adversaire.”

Ce visuel provient d’une interview accordée par Paul Magnette au sujet de son récent livre “L’Autre moitié du monde”, dans lequel il évoque longuement le travail à notre époque. Visant à insister sur le travail en tant que valeur de gauche, il s’en prend vivement à la droite.

UCM: “Stigmatiser TOUS les patrons…”

Le message vise à dénoncer les clichés trop souvent véhiculés à l’encontre d’étrangers “volant” l’emploi des Belges ou de chômeurs refusant de chercher un emploi, qu’il convient de sanctionner. Sauf que, ce faisant, Paul Magnette reçoit un retour de bâton.

L’UCM s’indigne: “Stigmatiser TOUS les patrons, comme le fait Paul Magnette, drôle de façon de concevoir la concertation et le dialogue social de bonne foi définis dans le programme du PS (page 81). Nos entrepreneurs méritent mieux…”

Le PS continue de copier le PTB, constate Mathieu Bihet, député fédéral et délégué général du MR. Nouvel exemple : la haine du patron.”

Georges-Louis Bouchez, président du MR, estime que le président du PS devrait présenter ses excuses: “Ces gens font des procès en populisme et en extrémisme à longueur de journée et se vautrent dans l’alimentation la plus détestable de la haine. Mais la haine du patron, dans l’espace médiatique belge francophone, on peut… Quel scandale. Remplacez le mot patron par celui de n’importe quelle minorité et imaginez les réactions. Le PS et son président devraient présenter des excuses.”

Une charge qui vise la droite

D’autres commentaires soulignent l’importance de recontextualiser cette phrase, issue d’un entretien accordé à un média en ligne français.

Dans cette interview, Paul Magnette souligne: “Aujourd’hui, j’entends beaucoup de gens de droite qui donnent des leçons, notamment sur la valeur du travail alors qu’en réalité, ils connaissent peu le monde du travail. Il y a une étude de la Dares qui montrait récemment qu’en France aussi bien qu’en Belgique, seule la moitié des travailleurs se disent heureux et satisfaits de leur emploi. L’autre moitié du monde souffre soit de l’absence de travail, soit de conditions de travail difficiles, soit de la précarité de sa rémunération et de son statut.”

Paul Magnette s’en prend vivement à la droite, citant notamment l’ancien président Nicolas Sarkozy, et c’est en cela qu’il ponctue: Si on ne relaie pas la souffrance que le travail génère, la colère des gens qui subissent peut être déviée vers autre chose : des discours contestataires, populistes, etc. C’est notre devoir de rappeler que si les gens souffrent dans leur travail, ce n’est pas à cause des chômeurs ou des étrangers, mais bien à cause de leurs patrons et des facteurs financiers. Il ne faut pas se tromper d’adversaire.

Rester le premier, mais…

En cette campagne électorale, les effets de manche sont nombreux et les positionnements doivent être de plus en plus tranchés, communication moderne oblige. Le PS, ne cesse de répéter Paul Magnette, entend rester la premier parti en Wallonie et à Bruxelles. Pour rester premier, il s’agit d’écarter les menaces réelles, selon les sondages, du MR et du PTB.

Lors de notre débat des présidents francophones, le président socialiste n’avait cessé de s’en prendre à Trends-Tendances et Canal Z accusés d’être des médias “de droite” à la solde du grand capital. La caricature sert un propos plus large, évidemment.

Cela dit, candidat Premier ministre déclaré, Paul Magnette perd du crédit en Flandre. Bart De Wever, candidat au poste lui aussi, a jugé qu’il n’était “pas apte” à la fonction. “En Flandre, on se pose des questions sur Paul Magnette, commentait récemment Rik Van Cauwelaert, ancien rédacteur en chef de Knack et chroniqueur très suivi. On l’écoute poliment, mais on n’en pense pas moins”

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