“Notre politique économique est trop défensive”
Le soutien à l’économie est-il une tâche essentielle du gouvernement ? Ou bien le gouvernement se met-il actuellement en travers du chemin des entrepreneurs ? La politique économique est souvent utile, mais il arrive aussi que le gouvernement y fasse obstacle : les 35 milliards d’euros injectés dans la politique économique ne sont pas toujours dépensés efficacement. Explication.
Les autorités belges sont quelque peu “pingres” lorsqu’il est question de “politique économique”. En 2020, l’ensemble des gouvernements a dépensé 35 milliards d’euros en rabais fiscaux, subventions et investissements qui devraient aider l’économie, l’emploi et les infrastructures. Cela représente 8 % du PIB, soit plus de 2 % du PIB de plus que la moyenne des pays voisins. La question se pose immédiatement de savoir si nous pourrions obtenir les mêmes résultats, voire de meilleurs résultats, avec moins de ressources. Alors qu’au hit-parade économique du Forum économique mondial, la Belgique a glissé à la 22e place, tandis que les Pays-Bas se classent au quatrième rang des pays les plus compétitifs.
“Notre politique est souvent trop défensive et vise à absorber les chocs. Nous luttons contre les problèmes liés aux subventions et aux réglementations. Cette politique est contre-productive, car plus les règles et les subventions sont nombreuses, plus la politique devient inefficace, contradictoire et sujette aux abus. Et nous n’avons toujours pas compris que cette politique n’est pas durable”, déclare le professeur Leo Sleuwaegen (KU Leuven).
“Le débat sur les tâches essentielles est ancien et difficile à mener”, déclare Joep Konings, professeur d’économie. “Le budget du secteur public qui se positionne entre 50 et 55 % du PIB. Vous pouvez difficilement soulever cette question. Depuis la crise du coronavirus, le gouvernement est devenu plus présent dans l’économie. Avec une bonne utilisation des ressources, ce dernier peut jouer un rôle positif, mais cela demande beaucoup de travail. Je suis moins pessimiste à ce sujet qu’il y a dix ou quinze ans. Il est également positif que de plus en plus de décisions politiques se fondent sur ce qui fonctionne dans la pratique.
1. Simplifier la fiscalité
Une grande partie des dépenses de politique économique est consacrée aux subventions salariales, sous la forme d’une réduction de la charge fiscale, souvent lourde, pesant sur le travail des groupes cibles : chercheurs, travailleurs de nuit et en équipe, personnes moins instruites. Le gouvernement rend donc de la main droite ce qu’il a d’abord pris de la main gauche. Ainsi, il investit 1,5 % de son PIB dans la correction de sa propre politique, ce que les pays voisins ne font pas. “Cette politique de compensation n’est pas bonne. Il est préférable de revoir les taxes sur le travail que d’ajouter régulièrement de nouvelles couches de subventions et d’exemptions. En pratique, seul un nombre limité d’exceptions peut être justifié”, analyse la Banque nationale.
“Le danger d’une politique de groupes cibles est qu’elle devienne trop complexe et qu’elle manque justement sa cible”, déclare Joep Konings. “Les réductions d’impôts envers certains profils sont certainement justifiables. C’est là que les effets sur l’emploi sont les plus importants. Il a également été démontré que la réduction de la charge fiscale pour les chercheurs a des effets positifs majeurs sur l’ensemble de l’économie et la société.”
Le système des titres-services est l’une des plus importantes subventions visant à faire travailler des personnes moins qualifiées, à éviter le travail au noir au profit d’un emploi déclaré et à améliorer l’équilibre travail et vie familiale. Cela coûte à la Flandre 1,3 milliard d’euros par an, ce qui suscite parfois des critiques selon lesquelles cela serait trop cher. “Pourtant, il est assez rentable, car le système ne menace pas les emplois réguliers. Il a également été démontré que les personnes âgées vivent plus longtemps chez elles lorsqu’elles peuvent faire appel à une aide à domicile via les titres-services. Cela permet d’économiser sur les soins”, explique Koen Algoed, le secrétaire général du département des finances et du budget.
2. Plus de budget pour l’innovation vers les jeunes entreprises
La Belgique est un champion de l’innovation. Selon la Commission européenne, la Belgique a rejoint le groupe des pays scandinaves leaders de l’innovation. Notre pays consacre plus de 3 % de son PIB à la recherche et au développement (R&D), grâce notamment à d’importants efforts gouvernementaux. Par exemple, le gouvernement fédéral accorde des remises sur l’impôt des sociétés, tandis que la Flandre distribue des subventions. Beaucoup d’argent est consacré à la recherche fondamentale. Ce budget a doublé depuis 2000 pour atteindre 500 euros par habitant et par an.
Mais les résultats ne suivent pas. L’un des goulets d’étranglement est que l’innovation et les gains de productivité de celle-ci sont limités à un cercle d’entreprises superstars. “Les entreprises en retard technologique investissent peu dans la recherche et le développement. Au mieux, ils parviennent à ne pas augmenter leur handicap. Le défi consiste donc à encourager davantage d’entreprises à innover”, déclare la Banque nationale dans son dernier rapport annuel.
“Nous ne valorisons pas suffisamment nos innovations sur les marchés mondiaux”, estime Leo Sleuwaegen. “Nous n’avons pratiquement pas de multinationales capables de traduire cette innovation en commercialisation mondiale. La recherche est ici souvent effectuée par des filiales, employées par la société mère étrangère. Nous devons nous concentrer beaucoup plus sur nos entreprises à croissance rapide, qui peuvent faire le saut sur les marchés mondiaux.”
Le soutien fiscal du gouvernement fédéral à l’innovation va principalement aux grandes entreprises, souvent des multinationales, tandis que les subventions vont plutôt aux petites entreprises. “Ce soutien ne manque pas sa cible. Les subventions supplémentaires accordées aux grandes entreprises, qui bénéficient déjà d’une aide fédérale, ont peu de valeur ajoutée. Mais il faut regarder la situation dans son ensemble. La présence d’un réservoir de capital humain ancre les multinationales ici”, déclare Joep Konings.
“Le rendement des investissements publics dans la R&D doit s’améliorer. L’aide devrait également être davantage orientée vers les jeunes entreprises innovantes. Par exemple, l’introduction d’une aide maximale par entreprise pourrait être envisagée, afin que les petites entreprises innovantes obtiennent une plus grande part du gâteau. Le soutien fiscal fédéral pourrait être remplacé par un soutien régional sous forme de subventions, qui atteindrait plus rapidement ces jeunes entreprises”, indique l’OCDE.
3. Investir davantage dans les infrastructures
Pendant des décennies, le gouvernement a trop peu investi en Belgique. Aucun pays ayant des dépenses publiques aussi élevées n’investit aussi peu que la Belgique dans ses infrastructures publiques. Il en résulte une détérioration chronique de celles-ci. Les investissements annuels de 2,5 % du PIB ne suffisent pas à maintenir la réserve d’investissement public à niveau. Cet investissement s’est effondré, passant de 50 % du PIB en 1995 à seulement 40 % aujourd’hui. Par rapport à la moyenne européenne, la Belgique a accumulé un retard d’investissement de 70 milliards d’euros.
On commence à se rendre compte que la Belgique se tire une balle dans le pied, car les investissements publics sont généralement largement amortis par l’augmentation de la productivité et du PIB. Les investissements dans les infrastructures de transport, de l’énergie et des télécommunications sont particulièrement utiles car ils permettent de renforcer la concurrence et de réaliser des économies d’échelle. “La pierre angulaire de l’investissement public est de savoir s’il aide les entreprises à réaliser leurs projets. En général, l’investissement public est un stimulant important pour les entreprises investissent à leur tour”, déclare Joep Konings.
Vooral het structurele fileprobleem schreeuwt om oplossingen. Het jaagt de bedrijven op kosten, belemmert een goede arbeidsallocatie, en schrikt buitenlandse investeerders af, aldus de OESO. De overheden spenderen veel aan transport, via de NMBS en De Lijn. België spendeert met 2,9 procent van het bbp meer dan de buurlanden (gemiddeld 2%) aan publiek transport. Maar het geeft relatief meer uit aan personeelskosten, wat wijst op een minder efficiënte uitbating. Een andere verklaring is het dichte netwerk van openbaar vervoer in ons land, afgestemd op een uitgewaaierde ruimtelijke ordening. De buurlanden kunnen goedkoper hun compacte stadscentra met elkaar verbinden.
De overheden hebben de ambitie de overheidsinvesteringen op te trekken tot 4 procent van het bbp tegen 2030, geholpen door het geld uit het Europese herstelfonds. Een van de speerpunten is de financiering van de klimaattransitie, die de volgende jaren nog grotere investeringen zal vergen. Om de kostprijs te beperken, wordt van de overheid vooral een efficiënt, stabiel en voorspelbaar regelgevend kader gevraagd, wat op dit ogenblik ver te zoeken is.
Le problème structurel des embouteillages, en particulier, réclame des solutions. Selon l’OCDE, elle entraîne une hausse des coûts pour les entreprises, empêche une bonne répartition de la main-d’oeuvre et fait fuir les investisseurs étrangers. Les pouvoirs publics dépensent beaucoup pour les transports, via la SNCB et De Lijn. La Belgique, avec 2,9% du PIB, dépense plus que ses pays voisins (2% en moyenne) pour les transports publics. Mais elle dépense relativement plus en frais de personnel, ce qui indique un fonctionnement moins efficace. Une autre explication est le réseau dense de transports publics dans notre pays, qui est adapté à un aménagement du territoire tentaculaire. Les pays voisins peuvent relier leurs centres urbains compacts à moindre coût.
L’ambition des gouvernements est de porter l’investissement public à 4 % du PIB d’ici à 2030, avec l’aide de l’argent du Fonds européen de relance économique. L’un des fers de lance est le financement de la transition climatique, qui nécessitera des investissements encore plus importants dans les années à venir. Afin de limiter les coûts, le gouvernement est principalement tenu de fournir un cadre réglementaire efficace, stable et prévisible, qui fait actuellement défaut.
4. Cuisiner ne coûte pas toujours plus cher
Le gouvernement ne doit pas jeter l’argent par les fenêtres. Il peut s’attaquer à la faible croissance de la productivité par des réformes intelligentes qui ne coûtent pas un euro et promettent un rendement important à long terme. “Une simplification de l’administration et des procédures parfois lourdes est parfois une bien meilleure chose pour l’économie que la construction d’une nouvelle autoroute”, déclare Joep Konings. “Une meilleure politique d’octroi de licences, la résolution du problème des embouteillages et la formation pour lutter contre la pénurie de main-d’oeuvre sont plus importantes que l’octroi de subventions”, déclare Koen Algoed.
Dans un récent rapport, l’OCDE a formulé des recommandations concernant la faible croissance de la productivité en Belgique. Nous en payons le prix fort en termes de prospérité. La Belgique se rendrait un grand service en adoptant des politiques économiques plus intelligentes qui stimulent la productivité. L’OCDE a fait le premier pas en formulant les recommandations suivantes :
– Rendre les marchés plus compétitifs. Des secteurs tels que le commerce de détail et les services aux entreprises (notaires, architectes ou comptables) sont trop étroitement réglementés. Les barrières belges d’entrée dans le secteur des services sont parmi les plus élevées de l’OCDE. Alors que rien n’est aussi bon pour la productivité qu’une saine concurrence.
– Encourager la prise de risque. L’esprit d’entreprise et la prise de risque ne sont pas dans notre nature. Les possibilités de financement des jeunes entreprises à croissance rapide laissent parfois à désirer. L’OCDE recommande de réduire les avantages fiscaux accordés aux actifs sûrs, tels que l’épargne et l’assurance-vie. Il préconise également un meilleur filet de sécurité sociale pour les entrepreneurs.
– Réforme de la législation sur les faillites. En Belgique, elle est l’une des moins favorables à l’accroissement de la productivité, car les entrepreneurs qui échouent supportent des coûts personnels élevés. La prévention des faillites est insuffisante et les obstacles à la restructuration sont trop élevés.
– Retirer plus rapidement le capital humain des entreprises les plus faibles. L’OCDE recommande de faciliter les restructurations afin que les travailleurs puissent plus facilement passer dans des entreprises à croissance rapide. En particulier, les procédures de licenciement collectif sont trop complexes. L’éducation et la formation permanente sont essentielles pour faire face à la pénurie sur le marché du travail, mais la Belgique obtient de mauvais résultats à cet égard. Par exemple, seuls 20 % des personnes ayant un niveau d’éducation inférieur ont participé à une formation au cours de l’année écoulée. Seuls trois pays de l’Union européenne font pire. En ce qui concerne les cours et formations pour les travailleurs hautement qualifiés, la Belgique ne dépasse pas la moyenne européenne.
– Donner aux entreprises et aux travailleurs plus de liberté pour négocier les salaires. Les entreprises devraient avoir plus de liberté pour adapter les salaires à la productivité de l’entreprise. Au niveau macroéconomique, les négociations salariales ont plutôt bien protégé la compétitivité ces dernières années, mais les salaires ne sont pas assez flexibles pour suivre la productivité ou soutenir les perspectives de carrière des travailleurs. La rémunération en fonction de l’ancienneté est également régulièrement critiquée par l’OCDE.
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