MR, PS et Engagés s’accordent sur le sort des primes Renolution et un report pour la prochaine phase de la LEZ
Les négociateurs francophones bruxellois, Ahmed Laaouej (PS), Christophe de Beukelaer (les Engagés) et David Leisterh (MR) se sont accordés sur deux dossiers jugés urgents, à savoir le sort des primes Renolution et l’entrée en vigueur de la prochaine phase de la zone de basses émissions (LEZ), a annoncé le formateur, David Leisterh.
Selon David Leisterh, les négociateurs francophones souhaitent que toutes les demandes de primes pour les travaux dont la facture de solde est acquittée d’ici au 31 décembre prochain puissent faire l’objet de dossiers éligibles aux mêmes conditions qu’avant la suspension, introduits et traités dans le courant de l’année 2025. C’est conforme à la réglementation en vigueur qui prévoit que le dossier peut être introduit dans les douze mois de la réalisation des travaux.
“Le futur gouvernement précisera les modalités de cette évolution le plus rapidement possible et de telle manière que les Bruxellois(es) soient aujourd’hui encouragés à entamer et à poursuivre leurs travaux de rénovation sereinement”, a-t-il précisé, dans un communiqué commun des négociateurs francophones bruxellois.
Vendredi, Elke Van den Brandt, cheffe de file des Verts néerlandophones, a insisté pour que tous les Bruxellois qui ont droit à une prime à la rénovation Renolution la perçoivent de manière effective. Le versement de cette prime a été mis en suspens car la part du budget 2024 qui y est consacrée est épuisée.
Zone LEZ : demande de report
En ce qui concerne le renforcement de la zone basse émission en Région bruxelloise, les trois partis francophones impliqués dans les négociations déposeront à l’occasion de la prochaine rentrée parlementaire, une proposition d’ordonnance visant à reporter de deux ans l’application de la prochaine phase. Celle-ci devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2027.
Objectif, soutenir la population bruxelloise dans la transition vers une meilleure qualité de l’air, qui a commencé à s’améliorer sensiblement, “avec une attention particulière pour les plus fragiles (PMR, personnes âgées) et les travailleurs qui utilisent leur véhicule comme outil de travail (prestataires de soins à domicile, entrepreneurs, etc.)”.
Selon les négociateurs francophones, de nombreux ménages ou entrepreneurs rencontrent des difficultés financières à assurer le rythme préétabli de cette transition. Il convient dès lors d’accompagner la mise en oeuvre des prochaines phases en en adaptant le rythme.
S’adapter à un rythme réaliste
“Le 1er janvier 2025, c’est demain. Nous voulons envoyer un signal fort et démontrer que les institutions fonctionnent et peuvent répondre aux attentes urgentes des Bruxelloises et des Bruxellois. Pour les personnes concernées qui disposent d’un véhicule EURO 5 et qui n’avaient pas les moyens de pouvoir le renouveler, nous leur permettons de l’utiliser pendant deux ans supplémentaires et ainsi de s’adapter à la prochaine phase à un rythme réaliste. Nous maintenons la forte ambition de la LEZ pour la santé des Bruxellois(es) mais avec une approche pragmatique qui permet d’inclure tout le monde. Nous mettrons le contrôle transparent et l’objectif de la qualité de l’air au cœur de notre politique environnementale afin d’en poursuivre l’amélioration” ont indiqué les trois file du MR, du PS et des Engagés.
La santé des Bruxellois au second plan
Le report de l’entrée en vigueur des prochaines mesures liées à la zone de basse émission à Bruxelles annoncé par Engagés, MR et PS, est un signal déplorable adressé aux familles, aux parents et aux enfants qui vivent à Bruxelles, quelques jours à peine après la rentrée scolaire, a dénoncé dimanche soir Ecolo. Pour les Verts, c’est un “non-sens en matière de santé”.
“En Belgique, la pollution de l’air est à l’origine d’environ 9.000 décès prématurés par an. En 2018, le gouvernement bruxellois de l’époque (PS-Engagés) avait établi un calendrier de mise en place d’une Zone de Basse émission pour réduire l’accès de la ville aux véhicules trop polluants, définitivement adopté par le gouvernement sortant, et renforcé, grâce à Ecolo… Aujourd’hui, …nous apprenons que le PS, le MR et Les Engagés (ex-cdh) vont porter ensemble un texte pour détricoter le calendrier de la Zone de Basse Émission. Cette manœuvre politicienne vient ruiner les efforts des Bruxellois·es pour préserver la santé de leurs enfants et de leurs ainé·es mais également les publics plus précarisés, et s’opposer aux objectifs climatiques européens qui visent la neutralité carbone à l’horizon 2050”, a réagi Ecolo dimanche soir, par voie de communiqué.
Risque de négociations tendues avec Groen
Pour les Verts francophones, le MR “sacrifie” ainsi “toute possibilité de négociation bruxelloise avec le parti bruxellois vainqueur des élections côté néerlandophone, Groen, par calcul électoral de court terme, pour se rendre populaire auprès d’une partie de la population en vue des élections communales…”.
Aux yeux d’Ecolo, les Engagés bruxellois “à la remorque du MR” mangent pour leur part deux fois leur parole: “la promesse devant les électeurs pendant la campagne du 9 juin dernier de faire de la santé publique une priorité; et les engagements de leur propre ministre bruxelloise de l’environnement, Céline Frémault, à l’origine de l’installation de la zone de basse émission à Bruxelles en 2018”.
“Former un gouvernement ou lancer leur campagne communale: le PS et le MR ont choisi, Les Engagés aussi, au détriment de la santé des Bruxellois.es qui méritent de respirer un air de qualité, et en particulier les enfants”, a commenté la co-présidente d’Ecolo, Marie Lecocq.
Depuis le début du mois de juillet, des discussions approfondies sont en cours entre le Mouvement Réformateur, le Parti socialiste et les Engagés pour tenter de former une nouvelle majorité à la Région bruxelloise. Depuis le 1er août, ces trois partis sont entrés formellement en négociation.
Ce n’est pas encore le cas du côté néerlandophone. La formatrice Groen, Elke Van Den Brandt a jusqu’il y a peu tenté de convaincre Vooruit, l’Open Vld et le CD&V de s’accorder pour constituer une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone. Mais ce dernier ne se montre pas enclin à entrer dans la danse.