Pieter Timmermans
Mr President, walk your talk!
Une rupture avec le style de son prédécesseur. C’est le moins que l’on puisse dire après presque 5 mois de présidence de Biden. Mais rompre avec le style ne signifie pas nécessairement rompre avec la politique étrangère américaine. Et c’est exactement ce dont notre pays a besoin si nous voulons relever correctement une série de défis difficiles et donner un nouveau souffle à la coopération transatlantique. La visite que le Président américain effectue ces jours-ci sur le continent européen doit donc enfin marquer un nouveau départ dans la relation entre la Belgique et l’UE, et les USA.
Le monde des entreprises belges salue le changement radical de ton et d’approche insufflé par l’Administration Biden. Plus que jamais, l’Europe et les USA doivent être des partenaires loyaux et unis face aux multiples défis auxquels nos démocraties et nos modèles économiques sont confrontés. Ceci qu’il s’agisse de la relance économique post-COVID (y compris en matière de fiscalité des entreprises et du digital), de la lutte contre les changements climatiques, de l’anticipation de nouvelles crises systémiques (y compris en matière de cybercriminalité), ou de l’indispensable relance de l’OMC. Sans oublier les multiples tensions géopolitiques et enjeux technologiques, notamment liés à l’essor de la Chine. Ces enjeux nécessitent une coopération transatlantique étroite.
Plus de 1000 entreprises
Sur le plan bilatéral, on ne soulignera jamais assez combien la relation transatlantique est importante pour nos entreprises. Les USA restent de loin la première source d’investissement étranger en Belgique. Depuis le Brexit, les USA sont notre 4ème principal partenaire commercial au monde, après nos voisins français, allemands et néerlandais. Et plus de 1000 entreprises belges sont actives sur le sol américain, synonymes là aussi d’emploi et d’innovation.
Or nos entreprises ont été impactées négativement, directement ou indirectement, par les tensions commerciales exacerbées sous l’ère Trump. Songeons aux taxes US sur les importations d’acier (25 %) et d’aluminium (10 %) européen, ou aux répercussions de la bataille juridique et des surtaxes mutuelles dans la saga des subsides publics à Airbus et à Boeing. Ces irritants commerciaux doivent absolument être solutionnés, et les discussions commerciales portant sur les tarifs sur les biens industriels devraient être relancées dans la foulée.
J’observe par conséquent les premiers signaux encourageants en la matière, ou du moins de la volonté affichée de normaliser la situation, au travers notamment du “EU-US Trade and Technology Council”. Le moratoire convenu de commun accord en mars dernier dans le différend Airbus/Boeing renforce davantage les conditions d’une détente commerciale et permet une reprise plus sereine des négociations
Restons vigilants
Cela dit, nous restons vigilants à la prise en compte et à la défense de nos intérêts légitimes. Nous évaluerons la situation sur base de résultats concrets puisque, pour rappel, les tarifs US sur l’acier et l’aluminium sont toujours d’application pour une raison non fondée de sécurité nationale De plus, la nouvelle Administration Biden a encore durci les obligations en matière de “Buy American”, ce qui rendra encore plus compliqué la participation de nos entreprises aux marchés publics US (alors même que les marchés publics sont largement plus ouverts eu Europe). De plus, l’UE et les USA n’ont toujours pas trouvé d’accord sur les garanties en matière de transfert de données personnelles.
J’espère donc qu’à l’occasion de cette première tournée américaine en Europe (sommet G7, sommet OTAN et rencontres avec les autorités belges et européennes), des signaux clairs seront envoyés par le Président Biden au sujet de son partenaire européen historique et accompagnés rapidement de décision concrètes. Ceci, partant du socle commun de valeurs et d’intérêts, tant en ce qui concerne la normalisation et l’approfondissement de la relation économique transatlantique, qu’en matière de coopération internationale tous azimuts.
Pieter Timmermans, Administrateur délégué de la FEB
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