MR: l’alliance objective Bouchez – Ducarme
L’actuel président et son ancien rival sont désormais des alliés, alors que le mandat du Montois arrive à son terme en novembre. Le clan Michel face à ses responsabilités.
Le mandat présidentiel de Georges-Louis Bouchez, au MR, arrive à son terme fin novembre. Des élections auront-elles lieu ou le Montois sera-t-il reconduit jusqu’après le scrutin législatif, régional et européen du 9 juin 2024? Le sujet fait débat, témoigne Le Soir, mais Bouchez a rempli l’agenda comme si de rien n’était, laissant entendre qu’une prolongation allait de soi. Or, certains mécontentements ont vu le jour en interne au sujet de la façon clivante dont le part est dirigé.
Selon nos informations, un élément important joue dans ce thriller qui risque d’occuper le devant de l’actualité politique ces prochaines semaines: une alliance objective unit désormais Georges-Louis Bouchez et celui qui l’avait défié à la présidence, en novembre 2019, Denis Ducarme.
Pas question pour ce dernier, qui avait tout de même recueilli près de 40% des voix, de provoquer un nouveau match au sommet. Au contraire, installé à Charleroi pour y défier Paul Magnette lors des prochaines élections communales, Denis Ducarme s’inscrit dans la nouvelle ligne de “droite populaire”, notamment en matière de sécurité. Et le rapprochement, dans les mots du moins, du MR avec la N-VA n’est pas pour lui déplaire.
Le clan Michel face à ses responsabilités
Un autre élément joue dans la trame qui s’écrit au sein du parti libéral. Denis Ducarme était un relais fidèle de Charles Michel, quand il était Premier ministre, en tant que chef de groupe à la Chambre entre 2014 et 2017, époque où il est devenu ministre fédéral des Classes moyennes et des Indépendants. Il avait peu goûté le fait d’avoir été supplanté à ce poste par David Clarinval, actuel vice-Premier MR, et vécu d’une amère façon sa non-nomination au gouvernement wallon (en raison des quotas hommes-femmes), à l’automne 2020. Mais de l’eau a coulé sur les ponts et le désormais Carolo ne souhaite plus être le rebelle de service.
Si Georges-Louis Bouchez a été nommé président, c’est bien parce que les Michel, qui pèsent encore fortement sur le parti, l’ont adoubé en ce sens. Le Montois était en quelque sorte leur “créature”, mais elle s’est bien émancipée depuis. Les positions tranchées du président ne posent pas forcément de problème en soi – c’est un libéralisme de combat -, mais sa difficulté de communiquer avec les autres présidents de parti francophones embarrasse les pontes du parti, qui craignent de le payer en 2024. En clair: leur fonction ministérielle risque d’être balayée si le PS choisit de se passer du MR, à tout le moins du côté francophone.
Aux yeux de l’ancien rival Ducarme, le problème créé par les Michel doit être résolu… par les Michel. Plus question pour lui de se mouiller en jouant les kamikazes.
Wilmès ou le chaos
Trois éléments interviennent, en outre, dans le raisonnement qui risque de mener à une reconduction de Georges-Louis Bouchez.
Premièrement, les sondages ne sont pas trop mauvais pour le MR, surtout à Bruxelles, même si on est loin des 30% envisagés par le Montois. Mais la stratégie clivante pourrait payer.
Deuxièmement, il est difficile de changer de capitaine alors que la campagne électorale, dans les faits, va commencer en cette rentrée politique. Tous les autres partis sont en ordre de marche, ce serait préjudiciable pour le MR de générer du chaos en interne.
Troisièmement, la seule alternative incontournable se nomme Sophie Wilmès, mais l’ancienne Première ministre a mis sa carrière entre parenthèses pour rester au chevet de son mari malade, ce qui reste d’actualité. Un autre nom est cité, celui de Pierre-Yves Jeholet, actuel ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais il ne s’est pas encore positionné en ce sens.
La conclusion du thriller politique de l’automne est-elle déjà connue?
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