Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Marine Le Pen, la fin du mois et la fin du monde
Les regards des politiques et des économistes sont aujourd’hui tournés sur le second tour de l’élection présidentielle française. Le résultat ne concerne pas uniquement les citoyens français, mais l’ensemble des citoyens européens.
Si Marine Le Pen devait gagner ce second tour, ce serait une déflagration économique en Europe et Dieu sait si nous n’en avons vraiment pas besoin. Est-il besoin d’en égrener les raisons ? Après une pandémie de deux ans et même pas terminée, une guerre aux portes de l’Europe, vouloir s’ajouter une crise politique et financière de grande ampleur, ce n’est pas vraiment le moment.
Pourtant, l’inquiétude est grande, car les sondages en faveur de Macron peuvent se tromper. D’autant que les dernières élections en France se sont moins faites en faveur d’un candidat que contre le candidat sortant. Pensez à Nicolas Sarkozy ou à François Hollande et vous comprendrez que le peuple français élit un monarque tous les 5 ans pour mieux le décapiter ensuite. La tentation du “dégagisme” est donc toujours très vive en France, surtout en cette période d’inquiétudes croissantes. Raison pour laquelle, Emmanuel Macron a modifié son programme pour se rapprocher des aspirations des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, mais également des électeurs de Thierry Jadot, le candidat écologiste.
A ce propos, alors que tout le monde s’accorde à dire que le réchauffement climatique, c’est le sujet par excellence… Au final, le candidat écologiste a récolté un taux d’adhésion inférieur au taux d’inflation en France ! C’est justement cette inflation qui a tué le candidat vert et a porté en revanche une Marine Le Pen. Ou plutôt le thème du pouvoir d’achat. Chez elle, il figurait en deuxième place (devant l’immigration et la sécurité) dans son programme de 10 pages tandis que chez Macron, l’expression ne figure pas dans son programme de 13 pages.
Bien entendu, les partisans d’Emmanuel Macron diront que le Président sortant n’avait pas besoin de citer le pouvoir d’achat, car il a pris plusieurs mesures en ce sens :
- prime inflation de 100 euros,
- blocage du tarif de l’électricité,
- coup de pouce à l’indemnité kilométrique,
- ou encore la ristourne carburant de 18 centimes par litre…
Tout cela est vrai, mais ce que découvre le président actuel – et j’imagine aussi nos politiques en Belgique – c’est que l’électeur ne s’intéresse pas au passé. Non, pour lui ou elle, ces mesures, c’est déjà de l’acquis. L’électeur ne pense pas au passé, mais a peur de l’avenir, car il sait que ces mesures sparadrap sont par définition provisoires. Et les chiffres égrenés par les économistes, les politiques et les médias aux citoyens pour les calmer n’ont aucun effet, car ce qui compte pour le citoyen, c’est son ressenti, et pas les chiffres macroéconomiques. Pour le citoyen, l’inflation n’est pas de 8%, mais de 20% selon son propre panier de la ménagère et pas celui traficoté des instituts de statistiques officiels. En fait, les conseillers de Marine Le Pen se sont souvenus de la campagne victorieuse de Bill Clinton en 1992 face à George Bush. A l’époque, Bill Clinton avait concentré sa campagne sur l’économie alors que Bush tirait fierté de son bilan en matière de politique étrangère. Lorsque Bill Clinton a gagné, cela a provoqué l’étonnement des journalistes. En guise de réponse, James Carville, le conseiller de Bill Clinton leur a répondu : “It’s the economy, stupid”. Marine Le Pen est en train de nous refaire le même coup, mais le slogan sera plutôt : It’s le pouvoir d’achat, stupid.
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