Majorité alternative avec le PTB: les mensonges dénoncés de Paul Magnette
Le président du PS défend sa modification de la réforme de l’enseignement supérieur. Mais avec des arguments qui donnent cours à une vérité alternative, dénoncent MR et PTB.
Ambiance au sein de la majorité en Fédération Wallonie-Bruxelles, suite. Paul Magnette, président du PS, défend, dans les médias, le vote en commission d’une modification de la réforme de l’enseignement supérieur, avec Ecolo et le PTB. Mais il prend des libertés assez étonnantes avec la vérité.
C’est d’ailleurs ce que dénoncent MR et PTB. “Les mensonges et les contre vérités de Paul Magnette ces dernières heures sont indignes d’un président de parti“, s’exclame Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. “Paul Magnette continue à propager des fake news”, estime aussi Germain Mugemangango, porte-parole francophone du PTB.
“Le PS avait besoin du PTB”
Sur la forme, Paul Magnette prétendait mercredi soir sur RTL et ce jeudi matin sur la RTBF que le PS n’avait pas besoin du PTB pour voter sa réforme. Comme pour se défendre, après le tollé provoqué par cette majorité alternative. Texto: “Avec Ecolo, nous avions le poids suffisant pour voter le texte. Nous n’avions pas besoin du PTB pour trouver une solution. J’ai des divergences majeures avec le PTB. Ils sont extrêmement conciliants avec la Chine, la Russie; ces pays qui attaquent nos hôpitaux et manipulent la démocratie. C’est un véritable problème dont il faut parler.”
“Paul Magnette, le la désinformation, on en parle?, soulignait en retour Amandine Pavet, députée wallonne PTB. Je peux vous assurer pour avoir été au cœur des débats du décret ‘Paysage’ hier qu’il fallait bien le vote du PTB pour faire passer le texte du PS et d’Ecolo. Et c’est positif pour les étudiants.”
Germain Mugemangango appuie: “Si le PTB avait voté contre le texte PS et Écolo en commission et si le PTB vote contre en plénière, le texte PS et Écolo ne passe pas. Donc bien sûr que le vote PTB est déterminant dans ce dossier.”
Et alors que Paul Magnette affirme que l’on n’entend guère son parti sur le sujet, le porte-parole du PTB ironise: “A ce stade, il y a un problème de surdité. Il faut consulter.”
Le MR et l’obscurité
“C’est le MR qui avait plongé des milliers d’étudiants dans l’obscurité”, commentait également Paul Magnette.
Denis Divivier, conseiller MR au parlement wallon, s’étrangle: “Le PS a dit oui aux trois lectures en Gouvernement. Le PS a dit oui en commission et en plénière au Parlement de la FWB. C’est donc 5 fois que le PS a dit oui à la réforme Glatigny. Et il accuse le MR d’obscurité en ignorant les demandes du terrain ? Le culot.” Précision importante: Paul Magnette évoquait bien la réforme de la réforme, sur laquelle le PS et Ecolo ont travaillé, critiquée sur le fond (on en reparle). Pas le vote initial.
Le président du PS attaque de façon plus large: “On a évité une crise, il y en aurait eu une si on n’avait pas trouvé de solution. Le MR a tout fait pour bloquer. Au fédéral également, le MR a bloqué la réforme fiscale. Dans le Hainaut, le MR a bloqué la création de la faculté de médecine. Au bout d’un moment, nous avons dû y aller. Le Gouvernement de la Communauté Française doit continuer de travailler. Il faut continuer à rénover les bâtiments pour offrir des meilleures conditions d’enseignement et de travail pour les élèves et enseignants.”
L’élément de langage sur les blocages du MR rallie socialistes et écologistes durant cette campagne. Petit rappel utile: sur la réforme fiscale, le MR a callé car cela ne s’accompagnait pas d’une réforme sur la marché du travail et d’une baisse des dépenses, en plus de refuser la hausse de taxation des ‘riches’.
“Affaires courantes”
“On n’a pas retiré la prise ni fait tomber le gouvernement, on a rallumé la lumière“, souligne Paul Magnette, en affirmant que son parti a permis avec Ecolo de “trouver une solution”. “Cette campagne va être longue… rien que le première phrase contient deux contre-vérités”, soupire Dorian de Meeus, rédacteur en chef de La Libre.
Tout d’abord, sur la forme, en votant une modification de réforme avec le soutien d’un parti d’opposition (et pas n’importe lequel), Paul Magnette ne doit tout de même pas s’étonner de voir le ministre-président MR, Pierre-Yves Jeholet, affirmer que son gouvernement est désormais en “affaires courantes”. “On prend acte du fait que PS et Ecolo ont débranché la prise de ce gouvernement, ils ont décidé de le faire tomber”, souligne Georges-Louis Bouchez, président du MR.
Pascal Delwit, politologue à l’ULB, soulignait combien ce genre d’attitude peut miner la crédibilité d’un partenaire de gouvernement: “En agissant de la sorte, ils perdent du crédit en tant que partenaires de majorité. A quelques semaines des élections, c’est difficile de comprendre une telle attitude.”
Sur le fond, une réponse contestée
“Les étudiants étaient plongés dans l’obscurité et ne savaient pas ce qu’ils allaient devenir, clame Paul Magnette Les étudiants donnent le meilleur d’eux-mêmes et évoluaient dans un flou. Il fallait apporter une réponse. Il était prévu une évaluation du décret Glatigny il y a 3 ans. Nous avons demandé 17 fois les chiffres, sans réponse. Les recteurs nous ont dit que des milliers d’étudiants étaient concernés.”
Mais les recteurs en question contestent et regrettent la réforme. “Nous avions demandé que le politique prenne en considération des cas et des cohortes particulières, reconnaît Anne-Sophie Nyssen, rectrice de l’ULiège. cette demande est partiellement rencontrée. Mais jamais nous n’avons sollicité le retour à une réussite à 45 crédits pour tous les étudiants inscrits sous le décret de 2022. Or, c’est effectivement ce que proposent PS et Ecolo, en cela c’est un vrai retour en arrière. C’est la mesure la plus gênante. A quelques semaines des examens, d’un point de vue pédagogique, pas sûr que ce soit un signal bénéfique pour les étudiants ou un signal intéressant pour les enseignants.”
“Mesdames et messieurs les parlementaires, vous vous targuez d’avoir ‘sauvé’ des étudiants. Mais de quoi, au juste?”, s’exclame notamment Christine Dupont, doyenne de la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain.
Enfin, Fabien Culot, chef de cabinet de Pierre-Yves-Jeholet, s’exclame: “L’enseignement supérieur bradé par quelques députés PS et Ecolo inconscients et déloyaux, s’alliant avec le PTB pour détricoter une réforme qui rappelle qu’il n’y a jamais de réussite sans travail. Quel message, quelle honte.
Vu de Flandre, voilà ce que cela donne.” Et de relayer un post de Wouter Duyck, professeur de psychologie cognitive à l’UGent, constatant, chiffres à l’appui, que le taux d’obtention du diplôme est parmi les plus bas en Wallonie, “que ce soit à temps ou en retard”.
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