Lorsque Didier Reynders voulait appliquer une idée taïwanaise pour lutter contre la fraude à la TVA

© Frédéric Sierakowski
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

L’ex-commissaire européen Didier Reynders est aujourd’hui visé par une enquête pour des soupçons de blanchiment d’argent par le biais d’achats de jeux de hasard. Ironie du sort: en 2009, il avait eu cette idée fiscale qui aurait pu entrer en collision directe avec les activités de la Loterie nationale.

C’est une tradition bien ancrée dans Trends-Tendances. Depuis une quinzaine d’années, notre magazine organise des ‘‘rencontres inattendues’’ entre des personnalités du monde politique ou économique et d’autres figures illustres de la sphère culturelle ou sportive. Didier Reynders l’a récemment expérimenté avec le médecin légiste Philippe Boxho devenu auteur à succès, mais il y a 15 ans, l’ex-commissaire européen s’était déjà plié à cet exercice saugrenu avec le dessinateur et humoriste Philippe Geluck.

Un échange savoureux au cours duquel Didier Reynders avait évoqué une idée fiscale directement inspirée de certains pays asiatiques pour lutter contre la fraude à la TVA, mais qui entrait en collision directe avec les activités de la Loterie nationale.

Petit retour dans le passé, en décembre 2009, lorsque président du MR de l’époque était aussi ministre des Finances…

  • PHILIPPE GELUCK. Au fond, vous n’avez jamais pensé à jouer le budget de l’Etat à la roulette?
  • DIDIER REYNDERS. Et d’espérer gagner?
  • P.G. Mais attention, ne misez pas tout sur un seul numéro!
  • D.R. Non, mais on a déjà pensé sérieusement à des systèmes qui existent vraiment dans certains pays asiatiques. Par exemple, à Taïwan, les numéros qui se trouvent sur les souches TVA sont aussi des numéros de billets de loterie. Et cela incite donc les gens à demander réellement leur souche TVA. Ça fonctionne merveilleusement bien et cela s’est d’ailleurs répandu dans d’autres pays asiatiques.
  • P.G. C’est génial! Et pourquoi cela ne pourrait-il pas se faire en Belgique?
  • D.R. Chez nous, cela ne serait pas exclu. Il faudrait simplement que cela ne soit pas trop ‘‘cannibale’’ par rapport à l’activité de la Loterie nationale. Mais cela marcherait parce qu’en Belgique, les gens sont tellement joueurs et, entre parenthèses, tellement fraudeurs aussi, qu’il y aurait une tentation de demander davantage la souche TVA pour jouer.
  • TRENDS-TENDANCES. A quel niveau se situe le blocage?
  • D.R. D’abord, c’est totalement décalé. Donc, les mentalités…
  • P.G. Des politiques?
  • D.R. Oui, des politiques. Je l’ai évoqué plusieurs fois au Parlement et, généralement, ça fait sourire.
  • P.G. Pourtant, le grand public pourrait être séduit, non?
  • D.R. Mais je compte bien y revenir et je n’exclus pas de tenter l’expérience dans le courant de l’année 2010. Le tout est de se demander quel est le gain pour l’Etat et comment le redistribuer? Mais c’est quelque chose qui marche.

Une idée audacieuse qui, en 2024, n’a toujours pas vu le jour en Belgique…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content