Londres durcit encore le ton sur l’Irlande du Nord
Le gouvernement britannique va déclarer lundi que “le seuil est atteint” qui lui permet de suspendre unilatéralement les dispositions douanières post-Brexit spécifiques à l’Irlande du Nord, au coeur d’un vif différend avec l’Union européenne.
Dans un discours qu’il doit prononcer lundi à la conférence du Parti conservateur à Manchester (nord-ouest de l’Angleterre), le secrétaire d’Etat en charge du dossier, David Frost, “lancera un avertissement à l’UE au sujet du protocole nord-irlandais”, selon un communiqué de la formation au pouvoir.
Il préviendra “que le protocole sape désormais l’accord de paix du Vendredi saint et que le seuil est atteint pour le recours à l’article 16”, a-t-on ajouté de même source.
Le gouvernement britannique, qui souhaite renégocier en profondeur le protocole malgré le refus de l’UE, a déjà menacé à plusieurs reprises de déclencher cet article 16, qui permet de passer outre certaines dispositions de l’accord en cas de “graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales”.
Pour éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, et ainsi préserver la paix, le protocole nord-irlandais âprement négocié dans le cadre du Brexit crée de fait une frontière douanière entre la province britannique, qui bénéficie toujours du marché unique européen, et l’île de Grande-Bretagne.
Mais ce texte, à l’origine de vives tensions en Irlande du Nord, est conspué par les unionistes, attachés au maintien de la province au sein du Royaume-Uni. Ils l’accusent de perturber les approvisionnements du territoire et de créer une frontière en mer d’Irlande entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord.
Le protocole est effectif depuis le 1er janvier, quand le Royaume-Uni a quitté le marché unique et l’union douanière européens après une période de transition post-Brexit.
En septembre, Londres avait annoncé qu’il prévoyait d’étendre indéfiniment une période de grâce sur les contrôles des biens arrivés en Irlande du Nord en provenance de Grande-Bretagne, qui avait été convenue pour quelques mois afin de permettre à Londres et Bruxelles de trouver une solution aux problèmes générés par l’accord.
Selon le communiqué, “David Frost préviendra aussi lundi que +chipoter aux entournures+ ne réglera pas les problèmes fondamentaux du protocole”, appelant l’UE à se montrer plus “ambitieuse” dans son approche.