“L’industrie belge de la défense et de la sécurité devrait doubler et pourrait créer 8000 emplois”


Une analyse de la fédération technologique Agoria met en avant le boom que pourrait provoqer la hausse des dépenses militaires pour notre pays en terme de chiffre d’affaires et d’emploi. Une série de conditions doivent toutefois être remplies pour en profiter pleinement.
Les pays européens se mettent en ordre de bataille face à la menace russe. Les uns après les autres, ils annoncent des hausses substantielles de leur budget militaire, à 2% du PIB ou largement au-dessus.
Pour la Belgique, et singulièrement la Wallonie, c’est une bonne nouvelle.
Doubler de taille, si…
Si l’industrie belge de la défense suit la tendance de croissance attendue au niveau mondial, elle pourrait doubler de taille dans les huit prochaines années, a calculé le service d’étude d’Agoria: “Nous aurons ainsi notre propre industrie de la défense, proche et plus forte, qui non seulement assure la stabilité et la sécurité qui sont à la base de toute notre société et de notre économie, mais crée également des emplois et de la valeur ajoutée pour notre pays et nous ancre sur la scène internationale, souligne Pascal Acket, Business Group Leader et expert en défense chez Agoria – BSDI (Belgian Security & Defence Industry).. L’ambition devrait être de croître encore plus vite que la moyenne internationale”.
Pour que l’industrie belge de la défense puisse réaliser cette ambition, quelques défis doivent être relevés, selon Pascal Acket. À commencer par l’image du secteur: “Les gens voient encore trop peu l’industrie de la défense comme des entreprises qui fabriquent des produits essentiels pour notre sécurité. C’est aussi le cas dans le monde financier: les banques ne sont toujours pas ouvertes à l’octroi de prêts aux entreprises de défense, malgré l’évolution de la situation géopolitique. Pourtant, elles en ont cruellement besoin pour les investissements importants qu’elles doivent réaliser aujourd’hui pour se développer et faire face à la concurrence internationale. En outre, il est urgent de mettre en place un cadre d’exportation et de transit plus fluide et juridiquement sûr, qui est aujourd’hui souvent beaucoup plus strict que dans d’autres pays européens.”
Tout doit se mettre en ordre de marche, rapidement.
Un “écosystème belge”
Il s’agit de créer un “écosystème belge”: “Nous devons construire un écosystème de défense belge sur la base de ce que nous avons déjà aujourd’hui, où les grandes entreprises de défense ‘classiques’ et les nombreuses petites entreprises technologiques se complètent et se renforcent mutuellement. C’est ainsi que nous pourrons revendiquer notre place au niveau international », déclare Pascal Acket.
Aujourd’hui, précise Agoria, le nombre d’emplois est réparti de manière égale entre la Flandre et la Wallonie, avec 44 % chacune. Bruxelles fournit les 12% restants. “En ce qui concerne le nombre d’entreprises, un peu plus d’un tiers (36%) se trouve en Wallonie et plus de la moitié (53%) en Flandre. Les entreprises wallonnes de défense sont donc en moyenne beaucoup plus grandes que les entreprises flamandes.”
L’expert d’Agoria insiste aussi sur le “double usage” potentiel de cette croissance: “Une grande partie de la technologie de sécurité a une application ‘civile’, quotidienne, en plus d’une application militaire. C’est ce que nous appelons le “double usage’. Dans le passé, les innovations militaires nous ont déjà apporté l’ordinateur, l’internet, le GPS, les fours à micro-ondes et le ruban adhésif, par exemple. Une industrie de la défense en pleine croissance peut continuer à développer des innovations qui changeront notre monde dans les décennies à veni.”
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