L’Europe se prépare difficilement à bloquer le prix du gaz
Beaucoup d’animation ces derniers jours sur le front européen. La semaine dernière, un conseil réunissant les ministres européens de l’Energie a, difficilement, décidé de quelques grands principes mis sur la table par la Commission européenne.
Pour essayer de régler un débat européen cacophonique et inefficient, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait déposé cinq propositions sur la table. Il s’agissait de limiter les revenus des centrales électriques à faibles émissions de carbone, de plafonner le prix du gaz, d’imposer aux entreprises pétrolières et gazières une contribution de solidarité, d’aider les opérateurs aux prises avec la hausse des appels de marges et la flambée des prix à soutenir le choc financier, et réduire la consommation d’électricité aux heures les plus chargées, à l’image de la réduction de la consommation de gaz décidée voici quelques semaines. Le Conseil Energie, qui réunissait les ministres de l’Energie des 27 Etats membres, les a passées en revue ce vendredi 9 septembre. Quelques décisions de principe ont été prises. Mais des désaccords sont apparus. Et aucune mesure pratique n’est sortie de la réunion. Il faudra attendre la fin du mois pour y voir plus clair.
Quel plafond?
Premier principe, une majorité de pays semble s’être ralliée au plafonnement du prix du gaz. Mais les 27 ne sont pas d’accord sur l’étendue de la mesure: touchera-elle uniquement le gaz russe (en sachant que Vladimir Poutine a annoncé la fermeture du robinet, cette mesure devrait donc être plutôt symbolique à terme) ou devrait-elle s’étendre à l’ensemble des prix proposés par tous les opérateurs, quelle que soit leur origine? C’est cette dernière option qui est portée notamment par notre ministre de l’Energie Tinne Van Der Straeten.
Les 27 Etats membres sont aussi d‘accord de plafonner les revenus des producteurs d’électricité décarbonée (nucléaire, solaire, hydraulique, éolien). Mais ils sont en revanche dispersés sur la manière d’y parvenir: par exemple, va-t-on fixer un prix (la Commission propose 200 euros le MWh) ou va-t-on fixer une limite par pays, tenant compte du “mix énergétique”? Cette dernière option est notamment soutenue par la France. Pas d’unanimité non plus sur la manière de parvenir à réduire la consommation d’électricité aux heures de pointe. La Commission voudrait un pourcentage (moins 5% de consommation lors de ces moments “chauds”) et surtout que ces mesures soient contraignantes. Mais un certain nombre de pays freinent des deux pieds.
Une contribution de crise
Et puis, il y a la question des surprofits. Il y a un accord de principe sur une contribution des entreprises. Mais va-t-on ponctionner tous les producteurs ou fournisseurs d’énergie, ou les seuls producteurs de charbon, de gaz et de pétrole? Difficile dans les faits d’imposer une contribution de solidarité aux producteurs d’hydrocarbures dont les activités ne sont pas en Europe. Il y a en revanche un accord sur le principe d’aider les fournisseurs d’énergie étranglés financièrement. Là aussi, il y a un accord de principe qui devrait permettre à ces groupes en difficulté de bénéficier d’une garantie d’Etat sur leurs lignes de crédit.
Un nouveau Conseil européen des ministres de l’Energie sera organisé avant la fin septembre. La présidence tchèque se veut optimiste: “Nous savons maintenant exactement quelle direction nous devons prendre”, a déclaré le ministre tchèque de l’Energie Jozef Sikela. Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir.
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