“L’Europe paie le gaz naturel inutilement trop cher”
Thijs Van de Graaf, expert en énergie à l’UGent, affirme que dans le nord-ouest de l’Europe le marché du gaz naturel est confronté à des goulets d’étranglement dans les infrastructures, ce qui fausse le jeu de l’offre et la demande.
La crise énergétique figure, une nouvelle fois, tout en haut des sujets à l’ordre du jour du sommet européen de ce jeudi et vendredi. Sur la table on retrouve ainsi, l’idée de lier les contrats européens de gaz naturel à un nouvel indice de prix. Aujourd’hui, ces contrats sont indexés sur base des prix en application sur le marché du gaz du Nord-Ouest de l’Europe, via la plateforme néerlandaise TTF. Or, cet indice est actuellement le plus cher du marché mondial. “L’Europe paie donc le gaz naturel inutilement trop cher “, déclare Thijs Van de Graaf, expert en énergie à l’Université de Gand.
Pourquoi l’indice TTF est-il le plus cher ?
Thijs Van de Graaf : Le marché du gaz naturel dans le nord-ouest de l’Europe souffre de goulets d’étranglement au niveau des infrastructures. La demande d’acheminer du gaz vers l’ouest est plus grande que les capacités disponibles pour le faire, ce qui fait grimper les prix du gaz naturel dans cette région. En Espagne, l’indice de référence pour les contrats de gaz naturel est inférieur de 20 à 30 %.
Pouvez-vous intégrer les contrats existants dans un nouvel indice des prix ?
Cela sera difficile. Les approvisionnements européens en gaz naturel sont basés sur des contrats à long terme avec une indexation des prix convenue à l’avance. Il est donc indispensable de négocier une solution. Cela pourrait encore être possible avec la Norvège, mais avec d’autres fournisseurs, ce sera plus difficile. En outre, une adaptation de l’indice des prix n’apportera aucun soulagement pour cet hiver, car ce genre de changement prend facilement trois mois.
Les prix du gaz naturel ont connu une sensible baisse ces dernières semaines. Le pire est-il passé ?
Les niveaux de prix à la fin du mois d’août étaient absurdement élevés. C’est la première fois que l’Europe exige des États membres qu’ils reconstituent leurs stocks à hauteur de 80 %. Aujourd’hui, les stocks sont bien remplis, le mois d’octobre est relativement doux et les craintes de récession pèsent également sur les prix du gaz naturel. Mais cela ne signifie pas que nous sommes définitivement hors de la zone de danger. Avec un hiver rigoureux, les prix pourraient repartir à nouveau fortement à la hausse”.
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